Essai – Citroën C5 Aircross

Pour la troisième année de suite, après la petite C3 dernière née de la plateforme BVH1 et le Berlingo bénéficiant de la dernière EMP2, Citroën m’a confié une de ses autos pour une belle semaine au mois d’août afin que je puisse joindre l’utile à l’agréable. L’objet de l’essai : le Citroën C5 Aircross.

Qui dit Aircross dit SUV, en tout cas plus de hauteur sur pattes et un petit côté baroudeur en sus. Le Peugeot 3008 (et le 5008) se vendant par palettes de trente et le DS 7 Crossback étant visible un peu partout dans les rues lui aussi, il n’était pas logique, ni raisonnable, de laisser Citroën sans un fer de lance surélevé.

Le marché a semble-t-il répondu présent puisque j’ai en tête quelque chose comme 50.000 véhicules écoulés depuis la commercialisation, soit il y a un peu plus de six mois. C’est bien, voire très bien, sur un marché tout à fait saturé et dominé de la tête et des épaules par le frangin sochalien.

Restait maintenant à savoir pourquoi ce succès… au delà du fait de répondre à une demande marché bien réelle !

A l’extérieur, on retrouve bien logiquement des proportions similaires à celles de ses confrères de plateforme, mais Citroën, au même titre que les marques du groupe PSA, a bien compris la leçon des dernières décennies et offre à ses acquéreurs une identité qui lui est propre.

On retrouve ainsi la face avant, assez massive, avec les différents blocs optiques déjà vus sur le reste des nouveaux produits de la marque. Le résultat n’est vraiment pas mal du tout de mon point de vue mais reste largement plus clivant que celui d’un 3008. Le double chevron rend bien, trônant à la lisière d’un capot que les designers ont eu le bon goût de creuser légèrement.

Le plastique noir du bas de bumper intègre le radar du régulateur tandis que de larges prises d’air grises sont dessinées pour tenter de rendre moins massif cet ensemble. Le Citroën C5 Aircross en impose, il est plutôt du genre statutaire à dire vrai, plutôt que racé ou vaguement coupé.

Il bénéficie tout de même d’un petit côté baroudeur avec ses flancs et arches de roues bien protégées, même si je regrette pour ma part toujours la migration illogique des airbumps en bas de portière. Même combat à l’arrière avec la signature lumineuse spécifique à la marque et une carrosserie travaillée juste ce qu’il faut pour qu’elle ne ressemble pas trop aux frangins.

Si je fais le bilan de mon ressenti concernant le C5 Aircross, je dois avouer qu’il me plaît, dans cette couleur rouge. J’en ai croisé un beau paquet sur les routes des Alpes – ça va avec les 50.000 – et les plus clairs étaient définitivement les plus beaux. Son principal mérite : ne pas essayer de se faire passer pour ce qu’il n’est pas… un coupé, une voiture dynamique, sportive ou que sais-je encore.

C’est un SUV, avec une gueule particulière. On va aimer ou détester, il n’est en tout cas pas là pour soigner l’ego de celui qui aurait décidé d’avoir des mômes et veut avoir une voiture qui ait « de la gueule », quitte à n’avoir aucune praticité. Mais ce n’est pas non plus une boîte de conserve sans âme, genre Kadjar, Tiguan ou Qashqai.

Un peu statutaire, un peu baroudeur, une sorte d’entre deux à l’extérieur, donc. Mais quid de l’intérieur ? Ma foi c’est pareil. On retrouve une base EMP2, avec des matériaux un peu moins flatteurs que chez Peugeot (ou DS ? pas essayé…), mais une vraie bonne qualité d’assemblage et un style bien à part du côté des portières, du volant ou encore de la planche de bord.

Le Citroën C5 Aircross se démarque toutefois avec une approche orientée vis à bord et confort, introduisant des sièges bien spécifiques au modèle. C’est en effet la carte que joue ce nouveau modèle, offrant un matelassage au look intriguant à ses assises colorées. Une mousse spécifique sur 15 mm et en dessous, une mousse à haute densité. (oh, à l’arrière aussi, sur trois vraies places)

Les sièges sont larges et accueillants, tout en maintenant convenablement le dos et sans autoriser trop de glissements en latéral. Mon ressenti après 2270 km à bord ? Confort imbattable, pas un bout de fatigue dorsale, après des journées d’autoroute, d’autres de roulages sinueux et même de pistes ! Le C5 Aircross prend soin du dos de ses occupants, sur le long cours ou après une grosse journée de randonnée.

Le reste de l’offre à bord est convaincant, avec le système infotainment EMP2 en version « low spec », mais compatible CarPlay et Android Auto. Les commandes tombent bien sous la main, tout comme la molette de sélection de modes, dont j’ai apprécié les modes Sable et Boue sur les pistes alpines parfois largement cabossées et surtout bien glissantes. Les modes sont joliment calibrés, pour une auto qui reste une 4×2 et non un vrai 4×4.

Du côté des aides, j’avoue en revanche avoir systématiquement désactivé la détection de franchissement de lignes, vraiment intrusive ; tandis que le régulateur adaptatif avec maintien sur la voie est plutôt correct au vu du prix demandé pour l’auto. Ce n’est pas le meilleur du lot, mais il manque quelques milliers (voire plus) d’euros à la facture pour lui en demander plus.

Enfin, mention bien, voire très bien, pour l’écran de 12 pouces qui sert de compteurs, avec ses affichages dédiés Citroën bien fichus, qui affichent ce qu’il faut de données importantes sans trop en faire. Dernier point et on passe côté conduite mais sachez enfin que le code est dans la partie haute du classement, avec 580L au minimum et jusque 1630L une fois les sièges rabattus. Zéro problème de stockage courses / sacs de voyages / sacs de rando / divers et variés sur dix jours.

Côté conduite, j’ai donc opté pour cet essai pour la version haut de gamme, en attendant la très prochaine version PHEV. J’ai donc retrouvé le 1.6L PureTech de 180 ch couplé à l’agréable boîte EAT8. Comme sur la Peugeot 508 SW, j’ai trouvé cet ensemble performant mais un poil « juste » sur certaines relances ou accélérations.

D’aucuns me diront que je suis très certainement déformé par les pompes à feu que j’essaie une bonne partie de l’année et c’est sûrement vrai. Il n’empêche que ce bloc ne manque pas d’énergie et assure largement la mise en vitesse et les relances sur les montées du col du Lautaret et dans les vallées paumées des Ecrins.

Mais… il lui manque un peu de couple pour donner la sensation de ne pas souffrir dans certaines phases. La boîte n’y est pour rien dans tous les cas, se montrant plutôt irréprochable en mode standard et ne rechignant pas à descendre les rapports dans le cas de descentes sur frein moteur. Sa cartographie, couplée à celle du moteur, en modes autres que « Normal » fut également un motif de satisfaction.

En somme, le bloc EP6 dans cette déclinaison 180 ch semble atteindre ses limites, quand il est pleinement satisfaisant en version 225 ch sur la 508 GT. Faudrait-il plutôt regarder du côté du 3 pattes 1.2L 130ch… certes moins puissant mais doté de presque autant de couple, ce afin de faire tomber la conso, établie à 8.0 L/100 sur mon essai ? Peut-être ?

Si l’ensemble moteur-boîte donne donc plutôt satisfaction mais génère aussi quelques interrogations, comme sur la 508 SW (le PHEV sera peut-être la réponse idéale, soit dit en passant !), l’équilibre et les compromis réalisés du côté du châssis donnent quant à eux pleine satisfaction.

Comme je le disais, Citroën a fait le choix du confort pour son C5 Aircross en adoptant des suspensions à butée hydrauliques et des ressorts spécifiques en lieu et place des butées mécaniques et de ressorts autres sur un 3008. Le comportement est donc différent, même si l’on sent bien sur certains appuis et virages abordés à belle allure que le C5 Aircross est né du même moule : l’excellente EMP2.

En revanche, son niveau de confort et de filtration de la route est tout à fait ahurissant pour qui ne bénéficie pas d’une suspension pilotée ! Les butées hydrauliques et les ressorts génèrent un très léger effet tapis volant qui ne rendra personne malade mais soigne assurément les séants, y compris ceux des passagers arrière.

C’est là à mon sens le vrai grand parti pris et la réussite du Citroën C5 Aircross : soigner ses passagers, leur offrir une belle habitabilité (le grand toit vitré aide pas mal aussi), un grand coffre, trois vraies places à l’arrière et leur permettre de rouler dans un silence très appréciable pour une auto ne pesant pas deux tonnes et sans user et abuser de technologies.

La prise de roulis et les cabrages et plongées restent toutefois contenues, alors qu’on aurait presque pu s’attendre à un gros chamallow. Il n’en est rien et si l’on compose avec la direction pas vraiment informative, il y a même un peu de plaisir à prendre au volant du Citroën C5 Aircross tant la base châssis est bonne.

Je me souviens de mes échanges avec Citroën : « encore un SUV, pas trop ma came », « pas sûr, on verra »… et une certaine assurance de l’autre côté. Ils avaient raison. La marque aux chevrons continue sa mue, avec succès, se plaçant toujours au plus près de son client pour lui rendre la vie douce.

Le Citroën C5 Aircross arrive bien tard sur le segment C des SUVs et pourtant, en ayant choisi la bonne place du côté de la vie à bord et du confort et en étant assez agressif sur les prix grâce aux économies d’échelle de EMP2 et à une finition logiquement moins bonne, il se taille une part de lionceau qui ne demande qu’à grandir.

Gageons que la version PHEV, passée à 225ch, viendra combler ceux qui comme moi trouvent ce bloc 180ch un peu léger côté couple… De mon côté, je me prends à rêver d’un Berlingo PHEV car oui, je reste éperdument conquis par ce véhicule réellement pratique et habitable, qui n’a vraiment pas grand chose à envier à son grand frère !

Et oui, le fait d’en croiser de plus en plus me ravit. C’est un peu le mot de la fin, en résonance avec mon « encore un SUV » qui reste somme toute bien ancré dans en moi, même si le niveau de confort atteint sur le C5 Aircross a vraiment de quoi vous faire craquer pour lui si vous n’avez pas un budget illimité.