Encore un SUV. Il paraît que je file un mauvais coton mais il faut bien dire qu’ils pullulent, ces pépères qui ont fait la nique aux monospaces et aux vénérables 4×4, combinant paraît-il le meilleur des deux pour envahir le monde automobile. La marque au lion cède dont bien logiquement à la mode en choisissant de totalement réinventer son Peugeot 3008, le mitonnant à la sauce surélevée, au gabarit quelque peu agrandi et en profitant de l’occasion pour persister et signer sur certains points de design et de conception.
Alors oui, j’avais un peu hâte de l’essayer, le petit nouveau, détestant par ailleurs cordialement l’ancienne génération et bien content de la voir partir dans les oubliettes de l’automobile à succès qu’on ne comprend toujours pas, presque dix ans après. J’ai choisi de faire les choses en grand, ne comptant pas vraiment tester toutes les déclinaisons possibles dans les mois à venir : c’est le Peugeot 3008 GT que j’essaie, joliment configuré et raisonnablement doté en options.
En clair : que vaut la carte Peugeot 3008 dans un secteur concurrentiel au possible et s’agit-il là d’un SUV de plus ?
Extérieurement, le moins que l’on puisse dire est qu’il a de l’allure ! J’ai une nette préférence pour les teintes tranchant avec tout le travail stylistique qui a été fait sur la poule. J’en ai croisé quelques versions très sombres, voire noires et c’est certes toujours bien équilibré mais je trouve dommage de masquer le bandeau arrière en noir laqué. Puisque oui, je trouve que le meilleur profil de cette auto, c’est le 3/4 arrière.
La vitre de custode à la forme torturée, l’ensemble de triangles passant du noir laqué au chrome ou encore le bandeau noir et les griffes du Lion remontant sur l’aile sont autant de réussites à mes yeux. Le pare-chocs est quant à lui plus convenu, intégrant ce qu’il faut de chrome, de plastiques noirs sobres mais pas moches. La lunette arrière est dotée d’un essuie-glace mais on ne va pas se mentir, je ne sais pas à quoi il sert tant la vitre est peu haute et offre une visibilité discutable vers l’arrière.
La ligne générale est donc réussie, dynamique, tranchant avec les rondeurs habituelles de la concurrence et rappelant sans vraiment chercher à le cacher l’excellent Range Rover Evoque. Les SUV ne sont pas ma came mais je dois dire que j’aime assez l’arrière-train de celui-là ! Sans honte aucune, preuve que oui, je change un peu quand même.
Les flancs sont comme vous pouvez le voir travaillés, creusés ou bombés par endroit, reprenant là les principes déjà vus, éprouvés et appréciés sur 208 et 308. Les roues bi-ton sont réussies et chaussées en ContiSportContact, de quoi quelque peu annoncer la couleur pour la suite. On retrouve encore et encore du chrome, au dessus des protections de bas de caisse, sur les rétroviseurs et surtout ensuite sur le capot, avec ce trait qui remonte des feux et file jusqu’au bout de la voiture. Pas mal mais un peu chargé, tout ça.
C’est là où je bloque un peu. La face avant. La version GT (valable aussi pour GT Line) amène un bouclier assez différent des versions plus standard. Les feux principaux passent au full LED et se dotent d’une espèce de griffe censée rappelée l’animal de la marque. La calandre est creusée, avec toujours cet effet de profondeur découvert si je ne m’abuse sur 208. En dessous, les prises d’air remontent en croc et entourent une zone centrale tendue.
L’ensemble est très incisif mais aussi très chargé je trouve. Surtout, le capot est haut, très haut, massivement haut. Du moins en donne-t-il l’impression. Il ressort de cette face avant, sous certains angles, une sensation de sur-design, de trop-fait, de trop. Trop de traits, trop de tentatives de rendre le trait sportif et agressif. C’est dans l’ensemble bien fait mais il y a quelque chose qui me dérange. Est-ce le volume du Peugeot 3008 et l’aimerai-je plus sur le facelift estival de la 308 ?
C’est à voir mais ma peur aujourd’hui par rapport à ce style résolument contemporain et distinctif, c’est qu’il vieillisse mal et reproduise l’erreur faite fut un temps par la marque entre 206 et 207, 307 et 308, cette espèce de caricature d’un coup de crayon initialement génial et déformé par les itérations successives. Donc voilà : Peugeot n’est-il pas allé un tout petit peu trop loin ? Je me pose la question, l’avenir me dira si j’avais tout à fait tort ou pas.
Du côté de l’habitacle, on va faire simple : c’est un sans fautes ou c’est tout comme. Si la Peugeot 208 était déjà une réussite et la 308 une vraie montée en gamme, le Peugeot 3008 GT enfonce nettement le clou en refondant son concept de i-Cockpit, en affinant encore certains de ses principes, en faisant marche arrière sur quelques critiques et en livrant de manière générale un habitacle joliment conçu, assemblé.
Quand on rentre dans la voiture en passant au dessus du lion projeté au sol, la qualité perçue est indubitable. Les portières sont magnifiques, toutes en lignes tendues, bien couvertes de cuir, d’aluminium et de beaux panneaux de bois. La planche de bord est massive, d’un beau plastique. Les sièges sont du déjà-vu de qualité, le volant est bien gainé de cuir pleine fleur perforé et toujours tout petit.
Surtout, la console centrale prend de l’espace, tournée vers le conducteur, intégrant un levier de vitesse au design singulier (et réussi à mes yeux), les touches de commande de l’écran qui font leur grand retour dans un format aviation plutôt futuriste et enfin justement la tablette, bien ajustée. L’espace à bord reste néanmoins important et on se sent à la fois dans un cocon et à la fois dans un bel espace. Seul bémol, l’absence de toit panoramique (c’est une option disponible ceci dit) qui aurait vraiment donné une sensation d’espace important.
Le seul point critique en terme d’assemblage reste la jonction entre la boîte à gants, le jonc de chrome qui la surplombe et les autres éléments au niveau du genou gauche du passager. Mais au global, quelle performance de Peugeot qui vraiment, persiste et signe dans sa volonté d’aller casser du Volkswagen ou du BMW. Audi et Mercedes sont en revanche encore loin, mais coûtent nettement plus cher puisque le Peugeot 3008 GT est facturé à partir de 42 k€.
Les sièges sont dotés d’une fonction massage très complète et agréable et sont évidemment chauffants (options à 1300 et 200). On retrouve aussi un sélecteur d’ambiance sur la petite touche tout à fait à gauche du clavier de piano central mais attention, cela va aussi déclencher une fonction à mon sens superflue et même gênante : le parfum d’ambiance. Au début, je le sentais peu, je n’arrivais d’ailleurs pas trop à savoir d’où ça venait et j’avais à dire vrai oublié le dossier de presse du lancement du véhicule.
Et puis à un moment, pshit. Mais quelle horreur. Je déteste les parfums de synthèse. Ceux-là ne sont pas atroce en soi, je les trouve même assez équilibrés mais diantre, non, je ne veux pas que ma voiture se mette à sentir le cuir, la montagne ou que sais-je. L’air est assez pollué autour de nous pour qu’on essaie en plus de rajouter une couche d’odeurs factices et de produits aérosols dans l’habitacle. Bref : c’est un gros non et c’est même carrément atroce pour quiconque serait plus sensible que moi à ces parfums de synthèse.
Je parle très rapidement de l’arrière, plutôt copieux en place, tout comme le coffre motorisé et doté de capteurs de présence plutôt réactifs pour déclencher au pied l’ouverture et la fermeture. Seul point à améliorer, la commande de climatisation au centre des passagers, en plastique bien moche qui dénote par rapport au reste du compartiment arrière.
Le dernier gros point de nouveauté qu’introduit le nouveau Peugeot 3008 GT dans l’univers de la marque, c’est donc le i-Cockpit en version 2, couplé au système infotainment revu et corrigé en terme d’interface. Le grand écran numérique placé derrière le volant s’anime gaiment au démarrage et se dote de plusieurs affichages bien pensés, dont l’un nommé Personnel, totalement paramétrable. Le mode Navigation est également intéressant et que l’on choisisse le thème bleu ou cuivre, c’est très globalement un plaisir d’utiliser et de voir ce nouveau système. Alors oui, le Virtual Cockpit de Audi reste la référence mais Peugeot vient de faire un pas de géant avec ce nouvel affichage et c’est une réussite indéniable.
Du côté de l’écran central, la commande se fait soit totalement à l’écran soit via les boutons centraux qui sont en quelque sorte des touches d’accès rapide à tel ou tel menu. On est de ce point de vue pas vraiment surpris et la plupart des fonctions se trouvent aisément même si la présence de réglages à plusieurs endroits peut s’avérer parfois un peu perturbante. On note en tout cas l’arrivée d’une caméra 360° (en option à 600€, la version vue de dessus de la partie arrière étant elle de série), de la détection de signalisation, d’un ACC plutôt bien fichu avec un STT qui fonctionne bien, du WiFi à bord, de Apple CarPlay. Bref : c’est là-aussi un système abouti, ne souffrant que de bien peu de défauts et doté d’une interface pile à l’équilibre entre la sobriété absolue d’un Volvo et la volonté de faire « joli ».
Vous m’aurez compris : le Peugeot 3008 GT est tout simplement une réussite et un nouveau bond en avant pour la marque. Quand on voit l’ancien 3008, l’ancienne 308, la 207, tout cela était il n’y a pas si longtemps et ce chemin parcouru est plaisant à voir tant la qualité perçue, le plaisir d’être à bord et la sensation de confort et de cocon de qualité sont réels dans cette auto.
Si certains choix me semblent encore discutables, comme l’adjonction du parfum, le retour des touches pour l’écran ou encore l’absence d’un afficheur tête haute (même si le i-Cockpit se veut une réponse à cela avec son écran assez haut et le petit volant plutôt bas), le reste des choix de dessin, de fonctions mais aussi quelques petites attentions visant à améliorer l’expérience du conducteur montrent vraiment que Peugeot évolue dans une très bonne direction. Quand je vois tout cela, j’ai vraiment hâte de voir la nouvelle 508 !
La conduite n’a pas non plus été oubliée dans ce Peugeot 3008, la marque ayant tout de même un certain passif et une réputation d’excellence pour ce qui est de la liaison au sol. Le choix de pneumatiques à flancs assez bas et typés sport (il s’agit donc de ContiSportContact 5) est d’ailleurs assez révélateur de la volonté de dynamisme de cette version GT.
La marque fait toutefois un drôle de choix en proposant sur cette version un couple moteur/boîte plutôt aux antipodes de ce que l’on pourrait attendre : le plus gros bloc diesel maison et la nouvelle génération de boîte automatique (avec palettes au volant). Au menu donc, 180 chevaux disponibles à 3750 tr/min, 400 Nm disponibles à 2000 tr/min, une boîte 6 et le tout sur le train avant.
L’isolation phonique laisse un peu à désirer mais il fallait bien contenir le poids de l’auto. Avec 1465 kg à vide, le Peugeot 3008 GT n’est pas si lourd que ça pour son gabarit et s’en tire donc plutôt bien à l’accélération, en relances et en conduite dynamique « sans forcer ». La caisse prend un peu de roulis mais de manière très contenue, avec des transferts de charges naturels et perceptibles.
On se retrouve ainsi à jouer sur l’onctuosité du moteur, qui sait se faire alors plutôt discret, une fois en température. Les 400 Nm sont bien là et la plage d’utilisation 2000-4000 est parfaite, bien servie par une boîte qui, ma foi, n’a plus vraiment à rougir. Si les BMP étaient une atrocité sans nom et tendent heureusement à disparaître, l’EAT6 dans sa troisième génération est vraiment acceptable, comparable à certaines unités ZF.
Je ne vais pas chercher à être trop complaisant : cette boîte ne tiendra pas la comparaison face à une double embrayage, technologie que le Groupe PSA a toujours autant de mal à déployer après les errements du pseudo rachat avorté avec GM. Alors on fait contre mauvaise fortune bon cœur et cette EAT6 est là pour ça. Très douce à la descente des rapports, elle butte un peu parfois à la montée, avec des temps de passage qui pourraient être meilleurs.
N’allez pas croire qu’on se retrouve à dodeliner de la tête dans l’auto comme avec une CVT ou une BMP, c’est nettement mieux mais il y a certaines charges sur la pédale d’accélérateur qui semblent la perturber. Pédale douce ou pleine charge, là, pas de problème, elle gère bien. C’est plutôt le 2/3 qu’elle n’aime pas trop. Étonnant, un petit coup de cartographie d’agrément à revoir peut-être mais dans l’ensemble, c’est une excellente unité, très douce et bien fichue.
Le petit bouton Sport situé au centre de l’habitacle modifie justement la cartographie de la boîte et la réponse de l’accélérateur. C’est plus réactif, plus vif, avec une sonorité factice pulsée dans l’habitacle plutôt convaincante et rappelant d’ailleurs un peu l’Audi SQ7. Le grondement reste un peu plus contenu, tout de même, c’est un 4 cylindres, pas un V8 ! Accessoirement, il masque bien la sonorité du moteur qui se montre vraiment trop sonore à pleine charge. Le seul vrai souci avec ce mode, c’est qu’à pleine charge, la boîte tire jusqu’au rupteur avant d’engager le rapport supérieur.
Or, vous l’avez lu, le couple maxi est disponible à 2000 et la puissance à 3750. Autrement dit, passé 4000, il ne se passe strictement plus rien. Il faut donc sortir de la gestion automatique pour utiliser les palettes, qui génèrent d’ailleurs des passages sans à-coups, en comparaison avec l’automatisation. Étonnant même si cela génère au final un peu plus d’engagement du conducteur. Dommage par contre que lesdites palettes soient un peu épaisses et pas vraiment gracieuses.
Il y a autre chose que ce mode Sport plutôt réussi change : la dureté de l’assistance. La direction, en mode normal, est un poil trop douce et floue en son point milieu à mon goût. Rien de dramatique en soi mais par rapport à ce que j’aime chez Peugeot – à savoir un petit côté incisif dans le train avant – c’est en retrait en terme de sensations. L’assistance est en revanche plutôt bien calée mais voilà, le point milieu, peut mieux faire.
En mode Sport en revanche, c’est tout bonnement parfait. Bonne consistance, bon toucher de route, point milieu réduite et toujours ce petit volant qui semble d’autant plus petit que d’ordinaire dans ce grand véhicule ! Qu’est-ce que ça va être sur R8 / 508… Bon, rien pour me déplaire donc de ce côté mais un regret finalement, l’absence de mode « Personnalisable » comme cela peut exister chez la concurrence.
Parlons maintenant un peu de l’amortissement. Peugeot a fait le choix, une fois de plus et par manque de technologie existante dans sa banque d’organes maison, de ne pas utiliser de suspension active. A l’avant, on retrouve donc des combinés déjà vu ailleurs (le train avant est une version modifiée de celui de 308 et C4 Picasso) tandis qu’à l’arrière, on retrouve une traverse rigide déformable avec une raideur un peu augmentée.
Toute la magie de Peugeot se retrouve dans ces éléments puisque l’équilibre entre le confort et le dynamisme est toujours là, avec un bon niveau de filtrage des imperfections de la route mais une raideur tout aussi perceptible dans le sinueux et sur le bosselé à bon rythme. Le Peugeot 3008 GT ne rechigne pas à se placer sur ses appuis et même si sa nature surélevée limite un peu les vélléités du conducteur, il fait montre d’une sacrée capacité à aller vite en courbes.
Le freinage est quant à lui consistant et bien équilibré. Pas vraiment besoin de parler d’endurance puisqu’on n’est pas non plus sur une sportive. Le toucher est rassurant, avec une course pédale contenue sans être trop sensible. C’est donc parfait utilisable au quotidien tout en étant assez réactif et consistant quand on veut augmenter ou retarder les freinages.
Bref : à défaut d’être sportif, ce Peugeot 3008 GT est bien un « GT ». Cela va vite, plutôt vite même mais le confort reste toujours bien présent et l’ensemble de technologies disponibles au sein de l’habitacle réussi invitent au voyage dynamique au long cours. De plus, la consommation reste assez maîtrisée avec une moyenne à 7.3 l/100 sur mes presque 600 km d’essai.
Après une 308 GT qui ne m’avait pas tout à fait convaincue, la faute à un train avant peinant un peu à passer le couple une fois les roues braquées, le Peugeot 3008 GT me réconcilie nettement avec ces gammes intermédiaires qualifiées de dynamiques et à l’esprit sportif. La marque réussit bien ici son exercice d’équilibrisme, proposant un SUV au design singulier et réussi, doté de série à ce niveau de finition d’une foule d’équipements quasiment au meilleur niveau de ce qui se fait et offrant un comportement dynamique résolument efficace sans trop sacrifier le confort.
Je n’ai pas forcément essayé beaucoup de SUV car comme je le disais, ce ne sont pas vraiment mes véhicules de prédilection. J’ai tendance à les essayer pour d’autres raisons que leur nature. Ainsi, j’ai essayé le Volvo XC90 parce que s’il symbolisait le renouveau de la marque avec la plateforme SPA, j’ai essayé l’Ausi SQ5 et SQ7 pour leurs moteurs et pour voir ce que la marque savait faire, j’ai aussi mis mon séant dans quelques autres autos de ce style « pour voir ». Pour le Peugeot 3008, c’était un intérêt personnel pour son design et pour voir ce que Peugeot avait encore concocté de mieux à l’intérieur, mâtiné d’un intérêt professionnel parce que cette voiture a pas mal occupé mes journées ces trois dernières années !
Le moins que l’on puisse dire est que je ne suis pas déçu, loin de là. Le Peugeot 3008 GT, super 3008 par définition, est aux yeux de beaucoup la nouvelle référence du segment, mariant avec succès caractère des lignes, qualité de fabrication, technologies bien choisies et dynamisme certain.
Oh, il n’est bien sûr pas exempt de défauts ici et là et on peut assurément regretter l’absence d’un moteur essence et de la très bonne BVM6 mais au global, quelle réussite ! La concurrence, Tiguan et Ateca en première ligne mais aussi premium comme X1 ou Q3, peut trembler car Peugeot confirme sa bonne santé et sa montée en gamme.