Essai – Citroën Berlingo

Après l’essai bien sympathique de la C3 l’an passé, j’avais en tête pour cet été quelque chose de différent. Les Alpes en Alpine. Cela aurait eu de la gueule, non ? Sauf que trop long (dix jours), période de fermeture du parc presse en sus et du coup, j’ai repensé à Citroën. On avait parlé Berlingo un peu plus tôt dans l’année et… les planètes se sont alignées : le nouveau Citroën Berlingo était arrivé et disponible pour un nouvel essai / roadtrip dans les contrées montagnardes du sud-est de la France.

S’il y a une marque qui est pour moi synonyme de vacances et de bonne route, c’est Citroën. Le nouveau positionnement de la marque est raccord avec cette image que j’ai déjà en tête. Des voitures à vivre, pensées pour le plus grand nombre, ingénieuses, pratiques, avec une once d’originalité et un brin d’exubérance aussi. Discours marketing ? Un peu, oui. Mais c’est qu’il est pertinent, le discours en question, quand on regarde la jolie gamme que la marque se concocte depuis l’arrivée du Cactus désormais rebadgé C4 (avec la mort de l’éponyme en corollaire).

Il est aussi bien pertinent quand on regarde la nouvelle publicité accompagnant le Citroën Berlingo. « On n’a pas inventé la famille, mais la voiture qui va avec. » … difficile de dire « non » puisque la marque a tout simplement inventé le ludospace. Cette automobile, à la croisée des chemins de l’utilitaire et du véhicule particulier, a toujours eu une drôle d’image. Tantôt familiale, tantôt campagnarde et brinquebalante, toujours pratique. C’était la première génération, adorée et très présente dans le paysage automobile dès qu’on s’éloigne des villes.

La seconde génération a enfoncé le clou mais s’est faite bouffer par la naissance fulgurante des SUV… Il était donc plus que temps de rallumer le flambeau du véhicule pratique au travers d’une nouvelle génération au goût du jour, séduisante et moderne, basée cette fois-ci sur la plateforme EMP2, mâtinée de l’ancien train arrière revu et corrigé pour toujours autant de facilité de chargement mais plus de confort. Le meilleur des mondes ? Voyons voir.

Extérieurement, le profil de camionnette ne peut être nié ou masqué. Le Citroën Berlingo nouveau crû s’assume autant que les anciens, avec un gabarit qui semble nettement plus imposant, dans l’air du temps ! La patte stylistique moderne de Citroën est bien là, différenciant l’auto par rapport à son cousin Peugeot Rifter et au nouveau marié Opel Combo. On retrouve donc la double ligne de chevrons très haut sur la face avant, avec le regard à deux étages et le joli surligné blanc du pare chocs qui tranche avec la couleur Aqua Green (que j’aime beaucoup).

L’avant semble tout de même franchement « ressortir » du reste de l’auto, lui faisant comme une sorte de bec. C’est en réalité un mal partagé sur la plateforme EMP2 pour les grands modèles. Observez DS 7, 3008, les ludospaces, 5008 et vous retrouverez cette même signature, ici beaucoup moins masquée et intégrée dans les lignes de l’auto, la partie arrière étant tout à fait monolithique et au format boîte à chaussures. Toujours est-il que ce Berlingo attire les regards, surtout dans les Alpes où j’ai croisé un nombre incroyable de ses prédécesseurs, sans oublier les possesseurs de Kangoo au regard pantois !

Au moins ne cherche-t-il pas à masquer sa nature « pratique » dans des lignes coupées qui nuisent radicalement à la praticité et à la versatilité ! C’est tout à son honneur et c’est peut-être son plus grand mérite par rapport à tous ces SUV dont on nous gave et qui n’ont en immense majorité rien de Sport et jamais grand chose de Utility. Des véhicules à assise haute, oui. C’est tout.

Les flancs et l’arrière de l’auto, comme je le disais, trahissent la fonction. L’habitabilité et la praticité priment avant tout et cela se voit. L’arrière est coupé à la serpe et les flancs sont travaillés juste ce qu’il faut avec les habituels airbumps et surtout les deux énormes portes coulissantes offrant un accès démesuré à bord. Les rails de coulissement sont fort logiquement bien visibles mais ce qui est surtout amusant, c’est la remontée de vitre / carrosserie à l’avant et son pendant à l’arrière, dynamisant un peu la ligne versus des vitres  qui auraient été bêtement rectangulaires ou carrées.

A l’arrière, l’immense hayon impressionne. Je n’arrive pas à savoir si je le préfère comme il est (ouverture de bas en haut) ou si j’aurais préféré une ouverture de type portière, avec un seul battant. Le hayon pèse tout de même son poids et si les vérins font bien leur travail à neuf, qu’en sera-t-il plus tard ? On note enfin que le vitrage supérieur peut s’ouvrir séparément du hayon afin d’offrir un accès rapide à la plage arrière et au génial petit coffre de toit (j’aime tellement ce petit coffre de toit) (je vous ai dit que je l’aimais ? y compris ses petites portes côté habitacle ? bref : je l’aime)

Ah tiens, puisque je parle capacité de chargement, sachez que c’est tout simplement monstrueux une fois que l’on rabat en quelques secondes (super ressorts) les trois sièges arrière. Jugez plutôt… Par rapport au slogan de la marque, je n’ai personnellement toujours pas envie d’avoir d’enfants mais mettre un matelas dans ce Citroën Berlingo ou y embarquer vélos, matériel d’escalade et autres pour un énorme roadtrip me paraît complètement faisable, voire désirable. Plus que dans un vieux van qui fait cool/écolo mais qui consomme 2L d’huile aux 1000 km (sans parler du mazout ou de l’essence, le tout sans aucun filtre moderne).

La transition est toute trouvée pour parler de l’intérieur. Là encore, on retrouve la nouvelle marque de fabrique Citroën, avec de jolis sièges en tissu, une finition lumineuse et plutôt colorée et une qualité perçue et de fabrication positionnée à un niveau raisonnable, à savoir entre le sérieux de l’assemblage, les petites touches type bagagerie et le plastique pas super flatteur non plus. Il en ressort un sentiment de praticité assumé et bien pensé, avec ce qu’il faut de confiance quant à la tenue de la chose sur la durée.

Au registre des bonnes idées, on trouve les deux porte gobelets sur les rebords de la planche de bord, pouvant également accueillir un smarphone de taille raisonnable (iPhone 6S compatible). Il y a également l’affichage tête haute, clairement désuet par rapport à la concurrence allemande mais bien pratique malgré tout. Il y a un petit rangement compatible Qi derrière le pommeau de vitesse, un derrière l’écran et encore un autre juste au dessus de la boîte à gants. Aussi et surtout, il y a des rangements copieux dans les portières et autant au dessus des têtes, avec le superbe toit vitré et sa gouttière lumineuse.

Cette dernière n’est pas forcément ultra pratique en terme de dépose / récupération des objets mais elle en impose et permet de mettre un sacré paquet de bazar en sécurité, en sus d’un effet visuel « wahou » assez indéniable. Les sièges de ma version Shine très bien équipée étaient par ailleurs chauffants et l’auto embarquait également le système Grip Control que je n’ai absolument pas eu l’utilité malgré un bon 50 km de pistes !

On notera enfin la petite prise 220V bien placée aux pieds du passager mais aussi l’énorme vide entre les deux sièges passagers. Le nouveau Citroën Berlingo peut embarquer soit un frein à main manuel, soit un frein électrique identique à celui du reste de la gamme EMP2. Bilan : un énorme espace… pratique pour y caler un sac, pas du tout pratique pour d’autres objets et qui aurait donc mérité un autre arrangement / agencement. Cela me fait penser à Tesla sur les premières Model S avec cet énorme trou inutile qu’ils ont finalement comblé par la suite.

Derniers points sympathiques : le petit rétroviseur supplémentaire pour scruter les places arrières, mais aussi un système d’info-divertissement complet et au goût du jour ! Le Citroën Berlingo n’est pas / plus un vilain petit canard : il bénéficie des toutes dernières technologiques du groupe PSA et n’a donc décidément rien à envier à ses cousins SUVs. Mais que diantre leur reste-t-il comme dirait un copain officiant chez Caradisiac ?

D’un point de vue habitabilité et praticité, la messe est tout à fait dite pour ce qui me concerne. Quand je vois la luminosité, le confort, le nombre de rangements, l’espace au niveau de la tête pour tous les passagers, la technologie embarquée, le volume de chargement ou que sais-je encore, je ne vois vraiment pas pourquoi les gens achètent des SUV, ou bien ils n’ont pas vraiment l’intention de les utiliser comme tels.

Ils veulent juste un truc gros, si possible avec quand même une ligne racée parce qu’ils sont frustrés de ne pouvoir s’acheter une voiture sportive. Je ne vois que ça, vraiment. C’est un peu comme s’ils n’assumaient pas (leur famille). Citroën n’a pas inventé la famille mais oui, clairement, le Citroën Berlingo est la voiture qui va avec. Pire encore, sans me donner avoir envie d’avoir des enfants – je me répète, elle m’a donné le sentiment d’avoir beaucoup à offrir au quotidien, sans rien sacrifier à la modernité et à la conduite.

Car oui, la magie EMP2 opère. Le Citroën Berlingo hérite des bienfaits de la plateforme maison en offrant à celui ou celle tenant le volant un train avant de premier niveau et une direction bien calibrée. Le rythme abordé sur les petites routes des Écrins est tout à fait surprenant ! La voiture déroule les courbes, se permettant de coller au train d’autos censées être plus dynamiques. Je me suis même permis quelques attaques, pour voir… et ça accroche, sur ses appuis, sainement. Il est bien loin, le temps de la saucisse utilitaire qui se désunissait au premier virage ! Limite on aimerait avoir des sièges avec plus de maintien…

La suspension aide aussi beaucoup pour ça, avec un bon équilibre – comme toujours chez PSA ? – entre le verrouillage de la caisse et la nécessaire limitation du roulis et l’amortissement. Le confort de roulage est donc réel et les virages ne sont une plaie en terme de roulis, ce sans suspension pilotée. Sur autoroute, le filtrage est également bon, avec tout de même des bruits d’air et de roulement bien présents. L’auto ne pèse pas si lourd que ça et reste assez carrée, cela s’entend forcément mais cela reste largement vivable.

Côté moteur et boîte, c’est du connu et du sérieux, avec la boîte 6 maison qui, si elle n’est pas parfaite en terme de guidages et verrouillages, est tout à fait au niveau pour cette auto. De même, le moteur EB2DT – le fameux trois pattes délivrant 110 ch – est bien suffisant sur le Berlingo pour une utilisation quotidienne et montagnarde. Il n’y a guère que dans les grandes côtes autoroutières qu’on le sent parfois un peu à la peine sur les relances.

L’ensemble s’en tire bien d’un point de vue consommation avec une moyenne relevée à 7.6 l/100 sur mes 2250 km d’essai ! Sachant que j’ai fait pas loin de 1100 km de petites routes alpines, c’est vraiment bien. En fait, je me dis que la future version à 130 ch essence sera sûrement plus « confortable », à voir si cela reste raisonnable en consommation. M’est avis que la réponse sera « oui » mais pour celles et ceux qui hésitent : le 110 ch est parfait dans la majeure partie des situations tant que l’on exige aucune sportivité de la chose.

Famille, amis ou loisirs. Praticité. Volume de chargement. Technologies au goût du jour. Montée en gamme. Moteurs modernes. Capacité à bouffer de la piste sans broncher mais aussi à faire 600 km confortablement. Le Citroën Berlingo a tout pour enterrer définitivement les petits monospaces mais aussi pour s’opposer frontalement et fermement à la débauche de SUV lookés mais tout sauf pratiques. Il est à la croisée des chemins, idéalement positionné, ne demandant pas de sacrifices liés à sa nature d’utilitaire.

Que lui manque-t-il ? Rien. Un look peut-être. Qui va vouloir assumer ce look de petit utilitaire ? Moi. Je n’en ai pas l’utilité à Paris, on ne va pas se mentir. Mais si j’habitais ailleurs que j’avais les moyens d’avoir deux autos, clairement mon choix se porterait sur lui plutôt que sur une berline, tellement plus que sûr un SUV en tout cas ! Son voisin de garage pour varier les balades ? Un MX-5 2019 en version 184 ch.

Deux voitures, deux usages. La simplicité et la praticité comme dénominateur commun. Le loisir comme plaisir pour le premier, le plaisir comme loisir pour la seconde. Les SUV, CUV, SUC, whatever, ont oublié leur première raison d’être. Le nouveau Citroën Berlingo est là pour rappeler que l’automobile peut et doit être à la fois pratique, ludique, bien fichue et moderne. Un Berlingo, ce n’est pas « statutaire », me dira-t-on ? Statutaire de quoi ? D’une brouette à conduire, lourde, qui consomme comme un veau non sevré, moins pratique et moins habitable pour vous et vos enfants ?

Le Citroën Berlingo a été pour moi un grand bol d’air frais automobile, en compagnie de nombreuses sportives, venant renforcer ma conviction de continuer à quasi-boycotter les SUV sur le blog pour cette année et pour celles à venir. Je lui souhaite un franc succès, vraiment. Il le mérite.