Nouvelle journée et nouveau port ! Celui de Candelaria, je le connais déjà puisque c’est un des coins très connus de l’île de La Palma et donc un haut lieu touristique que j’avais visité lors de ma première venue sur l’île. J’avais d’ailleurs bien noté qu’on pouvait y descendre à pieds depuis Tijarafe mais je me disais à l’époque que les aller/retour vers les ports, ce n’était pas très intéressant en termes de randonnée…
On évolue avec le temps, à priori. Si je préfère toujours monter puis descendre plutôt que l’inverse, j’apprécie aussi terriblement ces belles descentes vers l’océan et je me suis donc dit que ce petit port méritait sa randonnée, avec un passage par un autre coin bien moins connu : le hameau et la crique d’El Jurado !
Avant de vous parler de ça, je commence ma randonnée à Tijarafe et m’engage sur les hauteurs de la ville pour découvrir un petit sentier de crête longeant le barranco, avec son petit chemin de croix, ses jolis pins et son antique chapelle. C’est mignon comme tout et le détour ne coûte pas très cher en dénivelée, avant d’entamer justement la descente dans le barranco.
Il est encore bien tôt quand j’entame ma randonnée, aussi le barranco de Tijarafe est plongé dans l’ombre. Il y fait une fraîcheur appréciable même si la luminosité faible et le ciel d’un bleu éclatant rendent les photographies clairement difficiles à prendre ! Après un premier tronçon, le sentier remonte légèrement pour franchir un escarpement rocheux.
On découvre de l’autre côté, sur un sentier balcon, l’immense barranco d’El Jurado ! Immense est un bien faible mot tant cette entaille dans la roche impressionne, avec ses quelques maisons posées en hauteur, donnant sur ce qui ressemble à un abysse. Le sentier ne descend pas dans le barranco, les pentes étant bien trop raides, tenant plus de la falaise que de la pente, d’ailleurs.
Je retrouve un bon sentier après une nouvelle petite zone peuplée de maisons et champs puis, des exploitations agricoles de bananes. Le sentier est alors au ras de la falaise et le regard se tourne souvent vers lui et en arrière, pour découvrir Tijarafe et la forêt de pins qui couronne la caldera de Taburiente. Alors que j’écris ces lignes et revois mes photos, je pense à l’incendie terrible qui a ravagé 4500 ha de pinède entre Puntagorda et Tijarafe il y a deux semaines à peine. Je ne sais pas à quoi ressemble le paysage aujourd’hui mais j’ai mal rien que d’y penser.
La descente commence vers le fond du barranco d’El Jurado. Elle est rapide, difficile, abrupte, faisant de multiples petits lacets pour absorber la pente. Je longe une immense falaise qui se jette dans les flots, c’est magnifique et ça s’embellit encore quand le hameau apparaît. El Jurado n’est pas qu’un petit port de plaisance récent, c’est un ancien hameau qui a toujours été habité et on y trouve d’ailleurs un puits, toujours en fonctionnement.
Le passé guanche et palmero se mêle donc au présent et si El Jurado n’a plus son statut de port d’échange important pour les populations locales, c’est un endroit charmant à souhait, gardé par un canard pas commode qui aimerait bien venir picorer dans ma gamelle. L’océan est plutôt calme mais je suis encore une fois seul au monde et je ne me laisse pas totalement tenter par une baignade. Je trempe les gambettes au pied de l’échelle mais pour la baignade, ce sera pour une prochaine fois !
Il faut dire qu’il reste encore un beau bout de randonnée avec d’abord une remontée tout aussi abrupte que la descente, sur l’autre versant du barranco d’El Jurado. Cette belle grimpette débouche sur la route menant au poris de Candelaria. Un petit éperon rocheux appelle à un rapide détour pour profiter de vues dégagées et magnifiques tant sur la côte d’El Jurado que sur les premières constructions de Candelaria.
Je recommence à descendre vers le poris, qui est en réalité totalement caché dans une gigantesque anfractuosité de la falaise. Ce petit port qui a tout d’un port pirate abrite de nombreuses habitations qui vivent essentiellement l’été. En plein hiver, il y a malgré tout un peu de monde en train de se baigner, ainsi qu’une petite embarcation. La (re)découverte de ce lieu est un moment magique, c’est si beau, si remarquable, cet endroit !
Je peine un peu à m’en arracher mais j’ai une belle montée qui m’attend. Le sentier démarre à la sortie du port pour monter directement au dessus de la bouche de la caverne. Le petit bateau s’en échappe au même moment, donnant encore une idée de la taille de l’endroit. Le reste de la montée, au soleil, est superbe. Le sentier est bien dessiné, parfois aménagé, c’est l’ancienne liaison muletière avec le village de Tijarafe, que je retrouve, perché sur son éperon. Définitivement, cela valait le coup de faire cette randonnée et de profiter de ces deux lieux autrement qu’en voiture.