Canaries – La Palma – Jour 5 – Tijarafe et Roque de Los Muchachos

Dernier jour sur l’île de La Palma, il reste encore tant à faire, à voir. Je ne veux toutefois pas rater deux endroits radicalement différents et pourtant bien représentatifs de ce bout d’île en forme de cœur : l’océan dans toute sa brutalité et des falaises qui montent de la manière la plus abrupte possible jusqu’au sommet de l’île, sur les crêtes sommitales de la caldera de Taburiente, à Roque de Los Muchachos.

Le premier est un petit port, niché au pied de Tijarafe. Ce petit village, situé au nord-ouest de l’île, est situé à plusieurs centaines de mètres au-dessus de la mer. Une petite route quitte l’axe centrale qui fait le tour de l’île et s’engage vers la mer. La descente est d’abord progressive mais abrupte avant qu’enfin, les dernières bananeraies dépassées, elle ne consente à lézarder d’épingle en épingle jusqu’à un parking isolé.

La route est raide, impressionnante, il faut assurément cravacher un peu l’auto et surtout garder sa ligne. J’ai vu tellement de touristes rouler au milieu de la route dans les Canaries que je comprends les réticences des guides à conseiller telle ou telle destination. Le prois de Candelaria, ce petit port de Tijarafe, fait partie de ces endroits où je ne conseillerai pas aux conducteurs moyennement à l’aise ou à côté de leurs baskets pour ce qui est de tenir une trajectoire d’aller. Néanmoins, si vous êtes à l’aise, la route se prend sans souci et avec n’importe quelle voiture moderne de location.

Le petit chemin qui descend à flanc de falaise laisse entrevoir quelques maisons troglodytes et d’autres, nichées sur la falaise. Il faut tout de même attendre un dernier virage pour qu’enfin, le prois, ce petit port niché dans une grotte, se révèle pour de bon ! Et quel endroit ! L’émotion ressentie en découvrant ce lieu, après cette descente riche en sensations automobiles, est intense et bien réelle.

Il n’y a pas un chat. Les habitants de Tijarafe viennent ici le weekend, en famille et entre amis. Certains pêchent encore, d’autres ne font que savourer le soleil qui s’engouffre à partir d’une certaine heure et jusqu’au coucher du soleil dans la cavité dominée par des falaises hautes de plusieurs centaines de mètres. Il y a même une petite chapelle au ras de l’eau, pour les offrandes. De l’autre côté, une sorte de piscine naturelle où il doit faire bon faire trempette quand le soleil donne.

La suite, c’est une remontée sans vraiment souffrir depuis le port et ensuite en voiture jusqu’en haut, là-aussi sans souffrir ! J’avais pour rouler une petite Polo avec le trois cylindres essence de pas beaucoup de chevaux et donc : ça passe sans problème. A Tenerife, j’ai eu une petite VW Up, là-aussi sans problème. Bref : n’écoutez pas les loueurs qui vous proposent de vous upgrader, les petites voitures ont certes de plus petits moteurs mais elles pèsent aussi beaucoup moins lourd. Faites un petit coup de maths et vous aurez compris. De plus, une petite voiture, sur routes étroites, c’est tellement mieux !

Encore faut-il penser à faire le plein la semaine car aux Canaries, nombre de stations sont fermées le dimanche, surtout un dimanche 1er janvier… Bref, j’ai du aller jusque Barlovento pour faire le plein pour ensuite faire demi-tour afin de rejoindre la route qui grimpe depuis les environs de Las Tricias vers le sommet de l’île de la Palma : le Roque de Los Muchachos.

La route, rondement menée une nouvelle fois sur la côte nord, grimpe ensuite de lacets en lacets et sans jamais discontinuer, sur les flancs ouest de la caldera de Taburiente. Après plusieurs kilomètres, de drôles de globes se laissent entrevoir sur les hauteurs. Le ciel de la Palma est l’un des plus purs au monde et les télescopes (dont le plus grand au monde, rien que ça) pullulent sur les hauteurs. Drôle de paysage, restreint en terme de luminosité la nuit (pleins phares interdits !) et carrément interdit d’accès sur certaines zones pour préserver la belle noirceur de la nuit de la Palma.

La véritable attraction, toutefois, pour celui qui se balade ici de jour, c’est bien le Roque de Los Muchachos, ce drôle de promontoire au pied duquel on peut se garer, à quelques 2400 mètres d’altitude. La zone est protégée de l’érosion humaine et de menus sentiers permettent d’accéder à deux promontoires vertigineux donnant sur la caldera de Taburiente.

Il y a évidemment de très belles randonnées dans le coin mais malheureusement, avec le retard pris sur cette ridicule histoire de plein d’essence, ce sera pour une autre fois ! Point de balade un brin longuette au Roque de Los Muchachos ni de jolie randonnée au Pico de las Nieves afin d’y admirer une vue démente sur le chaudron et d’y découvrir quelques pétroglyphes, les plus hauts de l’île : il faudra se contenter de la vue sommitale. C’est déjà pas mal.

Redescente. La route suite la crête de la caldera de bout en bout. Plusieurs miradors offrent des parkings pour des parcours de randonnée vertigineux et autant de points de vue auxquels il est difficile de résister. D’un côté, les flancs de lave presque brute des sommets, au loin le lac artificiel de Barlovento (oh, tiens, une station essence, là-bas !) et les pins qui semblent apparaître ou disparaître autour d’une altitude bien précise. Fascinantes vues et paysages sur cette route qui mérite absolument qu’on la parcoure.

Autre point d’intérêt dans la descente, avant de rejoindre Santa Cruz et le ferry qui nous remmène à Tenerife ? L’ermitage de Nuestra Senora de Las Nieves. Une belle église, de belles boiseries, un petit bar sympathique qui sent le feu de bois et de beaux sols en galets. C’est mignon, ça mérite une petite escale rapide avant de descendre encore plus près de l’océan.

La voiture rendue à l’aéroport de la Palma, je suis bien obligé en ce dimanche 1er Janvier de prendre un taxi pour le centre de Santa Cruz de la Palma. Une quinzaine d’euro un peu bêtement dépensés mais comme je le disais dans mon premier article, je m’y suis pris un peu tardivement pour louer mon véhicule et il n’y avait tout simplement plus de stock de location au port.

Bref : me voici à Santa Cruz pour quelques heures et il serait dommage de ne pas profiter de ce moment pour arpenter les quelques jolies rues de la ville, agréables et joliment pavées, avec une délicate place d’Espagne et des balcons de toute beauté sur le front de mer. C’est court et c’est assez vivant à partir d’une certaine heure. Santa Cruz a quelques charmes qui méritent le détour à défaut d’y séjourner, ce que je ne saurais trop conseiller après avoir vu les véritables beautés de l’île.

Le séjour à la Palma est terminé. Une dernière nuit à la Pension La Cubana et je me retrouve dans le ferry de 6h du matin à destination du port de Los Christianos, sur Tenerife. Je le redis, encore et encore : j’aurais adoré séjourner encore un peu plus longtemps sur cette île variée, séduisante, accueillante et vertigineuse qu’est La Palma. Si la Gomera s’est révélée être une belle découverte, paisible et si l’on verra que Tenerife n’est pas que l’usine à touristes que l’on suppose, la Palma quant à elle fut la vraie belle surprise de ce voyage, la plus complète et la plus sincère.

La carte de cette journée de roadtrip sur la Palma :