Les Canaries. Un an après une découverte hautement satisfaisante de Tenerife, La Gomera et La Palma (le récapitulatif), j’ai décidé d’y retourner pendant les deux dernières semaines de décembre pour poursuivre l’exploration de l’archipel avec de nouvelles îles : Fuerteventura, Gran Canaria et pour les premiers et derniers jours du séjour, Lanzarote.
Me voici à Punta Mujeres le lendemain de mon arrivée. Le réservoir de l’auto ainsi que le frigo sont pleins, la météo est un rien maussade mais il fait bon et le vent souffle raisonnablement. Que faire ? Randonner, bien sûr ! Direction la crête nord de l’île, peuplée de quelques volcans, d’œuvres du génie local Cesar Manrique (on lui doit par ailleurs le fait qu’il n’y ait pas d’immeubles dépassant trois étages sur Lanzarote !) et de paysages incroyables.
La première étape de la journée se nomme « Yé ». Cela a le mérite d’être court ! Le menu village se love sur les collines désertiques en surplomb du malpais faisant la jonction entre Punta Mujeres et le bout du monde Orzola. Le volcan de la Corona, ou Monte Corona, domine les environs de toute sa masse tellurique. Voici un point de randonnée idéal (tracé n°5 du Rother de Lanzarote).
Le chemin grimpe à travers les plantations et les murets qui les ceinturent plus ou moins. L’agriculture de Lanzarote a pris des formes vraiment incroyables, environnement particulièrement hostile oblige. La vigne, l’aloe vera ou encore les figuiers bénéficient de la protection des murs construits patiemment par les habitants de l’île et ils le leur rendent bien.
Les flancs du volcan ne sont guère abrupts mais la sécheresse environnante et le vent, malgré les pluies du jour précédent, rendent l’ascension un rien plus physique. On atteint toutefois sans difficulté le bord du cratère, magnifique et moussu, avant de filer plus haut sur la gauche du cône pour bénéficier de vues superbes sur la côte est de l’île.
La redescente se fait au travers de nouvelles plantations, tandis que le ciel semble vouloir se débarrasser d’une partie de ses nuages. Il est plus que temps, après s’être paumé entre les murets, d’aller faire un tour du côté du Mirador del Rio, l’un des ouvrages de Cesar Manrique.
L’artiste, amoureux éperdu de son île, a tout fait pour la mettre en valeur, la préserver, la mettre sur le chemin d’un développement réellement durable. C’est réussi puisque l’île est classée par l’Unesco à ce titre et l’héritage de Manrique s’observe partout, dans ses œuvres bien sûr mais aussi dans le mode de vie des îliens.
Le Mirador del Rio, bâti en 1973, est l’un de ses témoignages. Il s’agit d’un très bel endroit, mêlant restaurant aux verrières ouvertes sur l’horizon et l’île de la Graciosa, petite boutique et bien sûr esplanades empierrées permettant d’observer le paysage offert par les falaises de Famara. Oh, bien sûr, vous pouvez observer quasiment le même panorama gratuitement à quelques dizaines de mètres mais cela vaut le coup d’admirer cette œuvre si admirablement masquée et intégrée dans le paysage !
La randonnée du matin nous a bien creusé l’estomac et je file faire une pause à Haria, la ville aux dix mille palmiers. Le centre ville est mignon à souhait, lové entre les montagnes, au bout d’une route qui sillonne entre les volcans, au sommet des falaises. Quelques bars, une jolie place centrale, de quoi se restaurer aussi, c’est mignon, vraiment.
Je reviens ensuite à Yé et au mirador del Rio pour prendre la petite route des falaises. Un petit chemin s’en écarte peu avant de rejoindre la route principale. C’est le parking de Las Rositas, point de départ d’une nouvelle randonnée (n°6 du Rother). Direction cette fois-ci le pied des falaises de Famara et les anciennes salines visibles depuis le mirador !
Cela descend sec, un gros 380 mètres descendu très et remonté tout aussi sec dans l’autre sens. Depuis le sentier qui sinue en lacets, on aperçoit au loin le parc de Timanfaya et ses innombrables volcans. L’île de la Graciosa se rapproche aussi un peu. Le paysage est brut, il n’y a pour ainsi dire personne dans la zone, si ce ne sont deux ou trois couples de randonneurs au loin, très loin.
Les salines sont là, enfin. Le chemin du retour longe une immense plage où des demi-cercles ont été bâtis pour abriter les amateurs de bronzette. Il ne fait pas assez chaud pour envisager une baignade aujourd’hui et le vent, s’il a eu le mérite de chasser les nuages, souffle assez fort pour rendre les courants et les vagues traîtres. Remontée. C’était un très beau parcours dans un environnement rude, singulier aussi avec ces immenses falaises qui vous dominent et des cônes volcaniques un peu partout à l’horizon.
La journée, si elle est bien avancée, n’est pas terminée pour autant ! Direction Guinate, un petit village situé non loin de là pour une nouvelle boucle (la n°7 du Rother). Un sentier s’enfonce dans la vallée pour rejoindre les falaises immenses du Risco de Famara ! Un mirador se niche dans la roche, point d’observation incroyable sur le sud de l’île.
Le sentier repart ensuite le long des falaises, en leur sommet, offrant encore des vues somptueuses sur le littoral, l’île de la Graciosa mais aussi sur le Monte Corona et ses petits frères dominant Guinate. La petite balade, durant un peu plus d’une heure, vaut vraiment le coup, surtout à cette heure assez tardive de la journée, achevée au mirador de Guinate.
Quelle première journée ! Sans toucher au fameux parc des volcans de Timanfaya ni aux œuvres les plus connues de Cesar Manrique, Lanzarote tient toutes ses promesses avec des paysages d’une rudesse bouleversante, façonnés tant bien que mal par l’Homme pour certains, subis pour la majorité. Le terrain de jeu pour la randonnée est aride et bien différent de ce que j’ai connu sur les autres Canaries mais il a un charme certain.
Où dormir à Lanzarote ?
J’ai choisi pour mes deux premiers jours sur l’île de dormir plutôt au nord, à Punta Mujeres, dans un AirBnb honnête et peu cher, malheureusement plus dispo sur le site. Les tarifs sur Lanzarote ont tendance à exploser copieusement et j’ai apprécié le village de Punta Mujeres et ses quelques adresses ainsi que la proximité de Arrieta avec son petit centre commercial bien achalandé en produits locaux et deux belles piscines naturelles, une par village. Bref : je dormirais de nouveau dans le coin, sûrement à Arrieta.
Où louer une voiture sur Lanzarote ?
Tous les grands loueurs mondiaux ont pignon sur rue à Lanzarote mais je ne saurais trop vous conseiller d’utiliser les services du loueur local, aux tarifs intéressants et aux véhicules assurés « tous risques » ! Il s’agit bien sûr de CICAR, que j’ai utilisé sur Lanzarote, Fuerteventura et Lanzarote au retour. Malheureusement, pour Gran Canaria, il n’y avait plus de disponibilité.