Canaries – Tenerife – Jour 6 – le grand tour de Faro de Anaga

La météo ne s’annonce pas idéale pour ces tous derniers jours de ce (théoriquement) tout dernier voyage dans l’archipel des Canaries. Ce premier jour, la tentation est grande de ne pas faire grand chose mais c’est aussi à priori la plus belle des journées à venir. Je me fais un peu violence et je prends la route de l’Anaga car je compte bien en reprendre une belle dose avant de partir !

Direction Chamorga, au bout du bout de la route qui traverse la péninsule du nord-est de Tenerife. La forêt de l’Anaga est toujours aussi dense et la route, après El Bailadero est tortueuse comme par permis, exactement comme dans mes souvenirs. Ce n’est pas forcément un plaisir d’y rouler car la plupart des touristes qui y circulent ont peur et roulent à peine à 30 km/h.

Il faut donc prendre son mal en patience, doubler quand on le peut (c’est à dire quasiment jamais) ou espérer que les gens se rangent sur le côté de temps à autre, comme les américains savent si bien le faire (c’est à dire quasiment jamais en Europe…), mais l’essentiel c’est bien d’arriver dans ce petit bout du monde qu’est Chamorga.

La randonnée commence par une belle montée qui était la descente de ma petite randonnée déjà réalisée dans le coin. Ce beau bout de sentier grimpe à travers la forêt typique de l’Anaga jusqu’à un embranchement que j’avais rejoint pour ma part par la droite. Pour la randonnée, c’est normalement tout droit en descente mais un petit bout de grimpe supplémentaire, à gauche, mène au Cabezo Del Tejo ; le plus beau mirador de l’Anaga…

De retour à l’embranchement, j’entame une belle descente vers le hameau d’El Draguillo, d’ores et déjà visible au ras des flots. La descente est très agréable, tantôt ombragée ou ensoleillée, donnant sur la côte nord et l’océan d’un bleu éclatant. La température est douce, on est plutôt pas mal à descendre à cette heure chaude de la journée (j’ai attaqué un peu avant midi… quand je vous dis que j’ai eu du mal à sortir du lit !).

Je croise un petit embranchement que je connais déjà, continuant ma descente sur un chemin déjà arpenté à la montée auparavant, sur une randonnée entre Benijo et El Draguillo justement. Les dragonniers que j’avais adorés à l’époque sont toujours là, tout comme quelques fermes dispersées le long du chemin qui s’élève au dessus du village. Est-ce qu’on est bien là ? Oui. L’Anaga, je vous le dis, quelle merveille…

Arrivé au village, je bifurque cette fois-ci à droite, en direction de la pointe nord-est de l’île et de l’Anaga ; encore plus le bout du monde pour ce grand tour du Faro de Anaga. Un pont flambant neuf franchit le petit barranco d’El Draguillo avant de monter doucement mais sûrement en surplomb des flots.

Quelques panneaux indiquent que le sentier peut être dangereux et cela vient confirmer les informations du Rother (n°63) qui annonçait un marquage effacé pour éviter qu’il y ait trop de monde. Ces informations doivent un peu dater car le service d’entretien des parcs de Tenerife a remis en état le sentier.

Alors certes, il y a deux zones qui méritent un peu d’attention et de concentration car traversant de belles zones d’éboulis dans lesquelles je ne me serais peut être pas aventuré si le sentier n’avait pas été stabilisé et retracé. Mais ça passe largement pour qui ne souffre pas de vertige.

Le sentier continue, offrant des vues toutes plus superbes les unes que les autres, avec en fond le Roque de Anaga et le grand Roque de Dentro, dominés côté île par le Roque de Adermo. Un petit village prend le soleil sur un plateau surplombant les flots.

Il est quasiment abandonné et se nomme Las Palmas. C’est un petit paradis perdu. Pas de route, un accès bateau complexe, juste des sentiers. Il y a là, le long du chemin, une ancienne ferme qui ne demande qu’à être retapée en auberge / permaculture / je ne sais pas quoi pour attendre la fin du monde…

Une petite chapelle attenante, des dragonniers dans une grande cour carrée exposée au sud, l’océan au nord, un vieux four, un pilon énorme et des abreuvoirs / réservoirs creusés dans la roche, l’architecture canariote traditionnelle à l’intérieur avec une cuisine qui me fait rêver. Où est-ce qu’on signe ?

J’avoue avoir eu beaucoup de mal à m’arracher à ce lieu et à ses quelques maisons éparses, certaines étant encore vraisemblablement habitées, partiellement tout du moins. Je dois pourtant continuer car la randonnée est encore longue !

Le sentier continue à surplomber les flots, montant et descendant par moments, de façon assez égale. Pas très fatiguant donc mais de quoi malgré tout prendre un peu de dénivelée car le parcours en compte 1100 en D+, il faut bien les consommer à un moment ou à un autre.

Il dépasse les deux roques plantés au ras de la côte avant de passer franchement à l’ombre du Roque de Adermo. Quelques chèvres se baladent ici et là tandis que l’on découvre un ancien moulin planté au sommet d’un rocher, sa partie basse étant quant à elle adaptée en enclos pour les bêtes. Un beau témoin du passé pas si lointain.

Le sentier continue, encore et encore, montant petit à petit jusqu’à la hauteur du Faro de Anaga dont on aperçoit le lampion. Il ne semble pas si loin, à vol d’oiseau, mais le sentier ondule franchement, suivant tous les plis et replis des falaises escarpées de cette face nord de l’Anaga.

L’ombre est désormais omniprésente, d’autant plus que les nuages de début de journée ont décidé de quitter la côte sud pour remonter un peu vers nous. Pas de quoi totalement masquer le soleil assurément, mais de quoi rafraîchir un peu l’atmosphère, d’autant plus que le vent du nord se lève un peu.

J’arrive enfin au phare et me blottît à l’abri d’un rocher bienvenu pour manger ma pitance du jour, tourné vers l’horizon au nord et le phare dans le dos. Le village de Roque Bermejo apparaît, avec ses quelques terrasses et maisons lovées dans une petite crique protégée par une roche salvatrice.

Il faut descendre jusque là et faire un détour pour vraiment en profiter. La tentation de remonter dès à présent est un peu forte mais la curiosité est plus grande et je fais donc cet aller/retour vers le village sa roche rougeoyante éponyme.

Bien m’en a pris car le village est croquignolet, avec sa petite chapelle colorée qui prend les derniers rayons du soleil, tout comme la crique doucement battue par les flots. En tempête en revanche, ça doit être quelque chose, dans le coin !

Je m’arrête un peu en amont de la crique du Roque Bermejo, sur une petite crête qui la surplombe et offre une belle vue tant sur la roche rouge que sur le village et les immenses falaises qui le dominent. Le soleil perce un peu, baignant les lieux dans une lumière assez irréelle.

Il reste désormais à remonter les 475 mètres de dénivelée vers Chamorga. Cela n’a l’air de rien comme ça mais en fin de journée, les remontées sont toujours plus dures, surtout après deux semaines de voyage ! Le sentier est fort heureusement très agréable, remontant le long d’un barranco très photogénique malgré l’absence de lumière.

Quelques fermes abandonnées, des palmiers, quelques piscines et cascades asséchées, une ligne électrique pour indiquer la direction et m’empêcher de faire trop de photos et me voilà du coup assez rapidement à Chamorga ! L’envie d’un petit verre de fin de journée se fait sentir mais Chamorga est complètement à l’ombre. Bof.

Je jette par chance mon dévolu sur le Montes de Anaga Hostel, un peu plus loin sur la route, à deux pas de El Bailadero. Le lieu est adorable, la vue tout à fait imprenable et la bière est bonne. On y séjournerait presque, là, tout de suite, sans réfléchir. Une prochaine fois ? Qui sait.

Une chose de sûre : c’est sûrement la plus belle randonnée de l’Anaga. Et de Tenerife par la même occasion.

La carte de cette randonnée parfaite dans l’Anaga :

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