Canaries – La Gomera – Jour 1 – un quart sud-est

Hiver 2015. Le Sri Lanka. Hiver 2016, la tentation de repartir, en Inde cette fois et pour un tour du Rajasthan et du Gujarat en trois semaines. Trop de fatigue à la suite d’une nouvelle année plutôt intense, trop de préparatifs et pas assez de temps. La décision de partir dans une destination plus « facile », nature, pas trop éloignée mais garante d’une météo favorable est prise. Les candidats ne se bousculent pas au portillon, avec un tel cahier des charges et une volonté de limiter un peu le budget après le roadtrip américain.

Les Canaries, nous en avions parlé à plusieurs reprises, à la fois curieux, convaincus mais pas trop, volontaires quand à la découverte mais pas non plus, comment dire, enthousiasmés outre-mesure ! Le guide acheté et lu de bout en bout, je dois avouer que mon enthousiasme est nettement plus franc même si je reste prudent. Le choix est fait : 15 jours, 3 îles. La Gomera, La Palma, Tenerife.

Je commence donc par cette première. Le ferry arrive de nuit. Impossible de se rendre vraiment compte de la physionomie de l’île. Impossible aussi pendant le premier trajet en voiture, entre San Sebastian de la Gomera et Hermigua de voir quoique ce soit, tout juste perçoit-on le fait que ça monte et que ça descend fort, le tout en tournicotant !

Le lendemain matin, je me réveille à Hermigua et découvre une vallée fantastique, cernée de pentes abruptes grimpant vers les cimes du parc du Garajonay. Je m’engage sur la route menant au parc, justement, un tout petit ruban d’asphalte s’accrochant aux pentes verdoyantes et luxuriantes de l’île. Je n’ai pas fait vingt kilomètres sur la Gomera que je l’aime déjà.

La route rejoint ensuite l’un des axes majeurs de l’île, la GM-2. En bifurquant à droite, on s’enfonce dans la partie humide du parc englobant le sommet de l’île. Il règne ici, dans les seulement 10% accessible à l’Homme du parc, une ambiance de début du monde. Ces forêts subtropicales d’altitude dont je vous reparlerai plus tard sont un héritage unique au monde, classé à l’Unesco et les quelques miradors idéalement placé sur les cimes alentours offrent des paysages sublimes par une température extérieure de 7 à 8°c… dix de moins que dans les vallées de bord de mer !

Je ne m’attarde pas aujourd’hui dans le parc, j’aurai d’autres occasions d’y revenir. Je prends la direction du sud. Arrivé à l’Ermita de Nuestra Senora del Paso, force m’est de constater que la végétation s’est raréfiée, plus basse, plus rase, mettant à nu les reliefs torturés de la Gomera. Pour vous représenter l’île, voyez un rond en vue de dessus, un triangle presque parfait en vue de côté et tranchez ce beau gâteau de quelques gigantesques barrancos, ces vallées creusées par l’érosion des roches volcaniques.

L’île de la Gomera est sillonnée de chemins de randonnée tous mieux balisés les uns que les autres. On n’est pas encore tout à fait au niveau de la Palma et de ses 1800 km de pistes mais on peut le dire : la Gomera est un paradis pour le randonneur. Alors autant commencer à randonner, facilement pour ce premier jour, en direction de l’un des seuls dragonniers de l’île. S’ils sont en effet légion ailleurs dans les Canaries, ils sont bien rares à la Gomera.

Une fois remontés les flancs du barranco, il est alors possible de continuer la balade jusqu’au village de Alajero, un petit coin de tranquillité posé sur un promontoire de la côte sud. Je suis pour ma part allé jusqu’au village en voiture pour faire l’ascension d’un autre petit promontoire, celui de l’Ermita San Isidor. Une petite chapelle, quelques arbres et une vue à 360° à couper le souffle ! Au nord, le Garajonay et Alajero. En décalé à l’ouest, la fameuse Fortaleza et son plateau ainsi que la petite île de El Hierro. A l’est ? Tenerife et le Teide. Au sud enfin, la prise de conscience de la violence du paysage et des dénivelées de cette île. L’océan Atlantique semble pourtant si proche mais les pentes qui y mènent et les étendues qui m’en séparent sont bien là !

Rejoignons-le, l’océan, tiens. Playa de Santiago. Un petit front de mer, des embruns qui battent les murs et donnent un goût salé aux agrumes que l’on grignote après ces bouts de randonnée, de belles roches et l’impression de voir une station balnéaire miniature, mignonne. C’est la seconde plus grande de l’île… c’est dire si la Gomera est une île un peu secrète, à part de sa gigantesque voisine Tenerife.

Je remonte ensuite la GM-3, le troisième et dernier « grand » axe de l’île. Les paysages sont toujours aussi sauvages et splendides, dénudés, alors que l’on rejoint la GM-2 pour redescendre ensuite vers San Sebastian. Les routes de la Gomera sont par ailleurs à elles seules un motif de visite ! Certains constructeurs feraient bien d’y organiser quelques essais !

La dernière étape du jour se nomme Punta Llana. Il s’agit d’une petite balade bien aménagée menant à une petite église de pèlerinage faisant face à Tenerife, posée sur sa langue de lave et bravant les flots. La nature volcanique de la Gomera, bien qu’elle soit calme depuis deux millions d’année, est ici indubitable.

Couleurs, formes, reflets, tout est là pour rappeler au visiteur qu’il arpente un ancien volcan, ce qui n’était pas forcément notable sur le reste de l’île, érodé et recouvert de végétation. Au loin, Tenerife est là-aussi avec son gigantesque Teide se parant des lumières du couchant. Une balade à faire à cette heure tardive, c’est certain.

Voici donc une première journée plutôt variée pour un aperçu des différentes facettes de la Gomera ! Roches volcaniques, montagnes et paysages arides du sud, forêts et vallées embrumées au nord, il y en avait pour tous les goûts, avec une pointe de sel sur les plages du sud. De quoi envisager les quatre journées suivantes avec un grand sourire sur les lèvres.

La carte de cette journée de roadtrip à la Gomera :

Comment arriver à la Gomera ?

Les ferries des deux compagnies Fred Olsen et Naviera Armas desservent très régulièrement l’île de la Gomera depuis le port voisin de Los Cristianos à Tenerife. La liaison file ensuite vers la Palma. Comptez 50 minutes depuis la grande voisine et un peu plus de 1h40 depuis la Palma. Facile, pratique, pourquoi prendre l’avion ?

Où dormir à la Gomera ?

J’ai fait le choix de dormir à Hermigua et je ne le regrette pas. La vallée est à la fois active et paisible, située idéalement à distances assez égales de la capitale San Sebastian, des villages un peu reculés du nord de l’île et du parc du Garajonay. Bon, de toute façon, à la Gomera, on est à une heure d’à peu près n’importe quel point de l’île. Si c’était à refaire en tout cas, je retournerais à Hermigua.

Où louer une voiture à la Gomera ?

Au port, pardi ! Je suis passé par bsp-auto, comme quasiment toujours et la voiture était fournie par Cicar, le loueur local. Service adorable, bons horaires, voiture nickel et surtout assurée tous risques sans franchise (ce, sans supplément). C’est la solution idéale au sortir du ferry et avant de repartir. En revanche : pensez à réserver à l’avance !