Canaries – La Gomera – Jour 4 – randonnée à Taguluche et Arure

Pour ce quatrième jour à La Gomera, j’avais très envie d’aller faire un tour dans le nord-ouest de l’île, un peu à l’écart des zones que j’avais déjà pu visiter lors de mon premier séjour. Surtout, j’y étais passé vraiment en coup de vent, sans y randonner. J’ai donc fait mon choix dans le Rother, sélectionnant une variante de la randonnée n°39. Etait-ce une bonne idée ? Pas vraiment.

Cela avait pourtant bien commencé le matin avec un détour par El Cercado pour faire le plein de la voiture et avoir une belle vue bien dégagée sur la Fortaleza et alentours. Ensuite, j’ai pris la route de Epina, sinueuse à souhait, avant de filer sur un autre ruban d’asphalte encore plus sinueux et génial pour le conducteur, sur les belles hauteurs de Taguluche…

Le point de départ de la randonnée est le petite ermitage San Salvador, un peu à l’écart du centre du village. La vue depuis les terrasses aménagées sur le village de Taguluche et sur les monts Tejeleche est de toute beauté. Je m’en arrache un peu à regret pour tenter de trouver le point de départ du sentier, quelques dizaines de mètres plus loin sur la route, en revenant vers le village.

C’est loin d’être évident mais quelques cairns sont visibles depuis la route. Une fois monté sur le talus haut de quelques mètres, la sente est nettement plus évidente et revient vers l’ermita et puis bifurque à droite vers le Roque de Mona, massif et déchiqueté. On s’éloigne de Taguluche pour s’approcher des monts Tejeleche ; eux aussi sacrément désertiques et sauvages.

Le chemin est par endroits effondrés, à d’autres à peine visible car lavé par les intempéries et tempêtes venant de l’ouest et battant le barranco de Guaranel avec force. Aussi, le terrain est très friable, rendant le sentier plutôt glissant. Bref, pas vraiment des conditions de randonnée aisées mais le paysage aride et brutal aux alentours rend la chose somme toute agréable !

Arrive une grande crevasse dans le barranco, Taguluche est désormais largement hors de vue et on est seuls. Pas un randonneur en vue, pas une voiture qui passe loin là-bas, au dessus de nous. Le sentier disparaît. Traverser la crevasse ou tenter de la contourner ? J’ai choisi la seconde option et c’était une erreur !

Je le découvrirai bien plus tard mais il fallait en fait prendre pas mal de risques pour descendre un peu plus bas dans le barranco, pour passer ensuite sur son flanc gauche et remonter doucement vers la route. Pour ma part, j’ai remonté en crête comme je le pouvais, visant un des virages en épingle de la route lointaine et la crête faisant la jonction avec le roque de Mona. Une ascension un peu périlleuse car glissante à souhait ; de quoi regretter d’avoir emprunter ce parcours tout sauf bien tracé.

J’emprunte la route pour rejoindre un point de bifurcation indiqué sur le Rother. A hauteur d’une autre épingle à cheveu, me voici de nouveau sur le bon chemin, avec le GR 132 qui passe par là. Remonter le chemin à partir de là vers la crête des monts Tejeleche ? J’avoue être un peu refroidi et je fais l’impasse sur ce bout de la rando pour tout de suite partir à l’assaut du GR 132.

Celui-ci est bien tracé (c’est un GR après tout !) et monte rapidement sur les flancs des montagnes entourant le village d’Arure. Le paysage s’élargit, surplombant franchement le roque de Mona et la route qui serpente sur les flancs environnants. C’est superbe. Pourquoi ne pas être venu là tout de suite ?

C’est encore plus vrai ensuite, quand le sentier, arrivé à une hauteur stabilisée, se transforme en un incroyable balcon ! Il suit alors les courbes des falaises, passant sous de gigantesques orgues volcaniques aux couleurs éclatantes, évitant ici et là quelques palmiers bien accrochés aux roches.

On aimerait que la balade dure des heures comme cela, mais malheureusement, après quelques virages, on débouche assez rapidement au point d’arrivée de la journée, le grand mirador d’Arure, avec en contrebas tout le cirque de Taguluche ; le village semble si loin désormais !

Après la pause déjeuner sur le beau mirador où en saison, un bar permet de boire un verre en regardant le soleil se coucher, je rebrousse rapidement chemin pour bifurquer à gauche sur un sentier qui descend assez brutalement vers Taguluche.

La descente fait quelque chose comme 2 kilomètres et c’est un véritable mur que l’on descend ! Les bâtons ne sont pas un luxe ici, avec quelques enchaînements de pseudo-escaliers représentant environ quinze mètres de dénivelée. Ne pas tomber ici…

Les hauteurs du village apparaissent enfin, avec leurs palmiers, quelques jolies plantations, des agaves en veux-tu en voilà et ainsi de suite ! L’eau ne coule pas à foison ici mais elle rythme la vie des plantations et le temps n’est pas ici mesuré en… temps, mais en doses d’eau quotidiennes. Surprenant système, dont on découvre le fonctionnement en revenant au parking.

Bon, le début de randonnée était chaotique, clairement ; sauvage, beau, mais pas forcément très agréable. Heureusement, la section du GR 132 a largement rattrapé la relative déception. En fait, je pense qu’il faut plutôt envisager un autre parcours. Montée en douceur entre Taguluche et le GR 132 (retour de la rando 39 du Rother), parcours du GR 132 jusque Arure (parcours 40) et descente telle que je l’ai faite (descente de la 38). C’est en tout cas mon conseil pour en prendre plein les yeux !

La carte de cette randonnée autour de Taguluche :