Quatrième voyage. Troisième à Tenerife et cette fois-ci, je vais lui consacrer un peu plus de temps puisqu’à chaque fois, l’île m’a plutôt servi de plateforme logistique ou d’escale de un ou deux jours en début ou fin de voyage…
Aussi, mon premier voyage sur place était également le premier aux Canaries et j’avais donc passé plus de temps à en faire le tour, à visiter, qu’à vraiment randonner et aller chercher les parcours les plus ardus ! Sept jours sur place, voilà qui devrait suffire car ce voyage est censé être le dernier dans l’archipel ; je commence à en avoir pas mal fait le tour !
Ce premier matin-là, fin décembre 2019, il fait un peu gris sur les hauteurs de la Orotava, où je loge. Quand tout est gris en bas, à Tenerife, c’est en général un peu mieux en haut, autour du Teide et de sa remarquable caldera sanctuarisée en parc national.
Le parcours est facile à choisir : j’ai très envie de grimper au sommet du Guajara, un sommet panoramique idéalement situé en face du Teide, assez facilement accessible depuis le centre de la caldera. Toutes les conditions semblent réunies pour une mise en jambes de début de séjour sportif.
Depuis le parador de las Canadas del Teide, le chemin de randonnée s’approche doucement du Guajara à la silhouette si singulière. Les nuages sont bien moins présents que sur la côte nord de l’île mais le ciel reste tout de même voilà. La température est douce et une fois les premières centaines de mètres parcourus, le coupe-vent est retiré et je continue la randonnée en t-shirt. Les Canaries en décembre, valeur sûre…
Le chemin croise une des larges pistes sillonnant la zone pour partir à l’assaut de la Degollada de Ucanca, un col bien visible depuis le plancher des mouflons. Cela monte doucement, sûrement, de façon constante, en dévoilant peu à peu de beaux paysages sur toute la zone volcanique entourant l’immense sommet du Teide.
Le col atteint, on dépasse la crête principale de la caldera à un peu plus de 2300m d’altitude pour bifurquer à gauche et partir à l’ascension du sommet du Guajara, désormais plus si lointain. Le ciel se couvre encore un peu car on s’approche gentiment des 2718 mètres de la cime ! Le coupe-vent va bientôt être de nouveau nécessaire, surtout que le vent a décidé de se lever au passage.
Le sommet arrive, rapidement. La randonnée n’est pas si longue, pas si dure que ça non plus puisque le sentier est parfaitement tracé et entretenu. On déroule donc sans trop forcer les 650 mètres de dénivelée positive ! Le déjeuner est rapidement avalé, à l’abri d’un cairn et en ayant sous les yeux la caldera dans sa quasi-intégralité. Le Guajara est définitivement le sommet offrant la plus belle vue sur le Teide et ses alentours.
Je redescends du côté Est, vers la Degollada de Guajara. D’autres jolies vues apparaissent sur la côte sud ou encore sur les quelques barrancos creusés par l’érosion. La descente est assez abrupte et rapide, rejoignant le fond de la caldera et le chemin carrossable croisé auparavant.
On l’emprunte d’ailleurs vers la gauche pour retourner au parador, en contournant consciencieusement le Guajara et une belle zone rocheuse nommée Canada del Capricho. Les roches sont massives, impressionnantes. Quelques grimpeurs y déambulent, à la recherche de traces à gravir.
La fin de la randonnée est vite arrivée, après un peu plus de 4 heures de marche. La journée est loin d’être achevée et un petit café achève de me réchauffer à peu près, sur la terrasse du bar/restaurant du parador. Plutôt que de redescendre aussi tôt vers la côte et sachant qu’il est déjà trop tard pour envisager une balade jusqu’à l’océan et une piscine naturelle, je me dis qu’il pourrait être intéressant d’aller voir un autre petit sommet de la caldera.
Direction donc le petit parking de la Montana Blanca, d’où on peut également faire l’ascension du Teide ! Un beau sentier bien large monte en pente douce à travers un paysage rougeoyant, martien au possible. Quelques roches parsèment les alentours, la végétation est pour ainsi dire inexistante et il y a même quelques plaques de neige pas si vieille que ça.
La lumière baisse doucement et la température avec. Je suis à la recherche des « Huevos del Teide », de grosses roches rondes expulsées par le Teide et ayant roulé ou atterri sur ses flancs. Je pense les avoir trouvées à un moment, les trouve un peu décevantes et continue mon ascension vers la Montana Blanca…
Il y a en effet bien quelques boulets ici ou là mais rien de plus. En fait, il faut monter encore pour enfin tomber dans un vrai champ d’oeufs du Teide, à travers lesquels le sentier serpente ; tandis que la Fortaleza prend le soleil au soleil et que le nord-est de l’île disparaît dans un début de pénombre nuageuse.
Le sommet de la Montana Blanca est atteint à la faveur d’une ultime bifurcation où l’on quitte le sentier qui se met à grimper très sèchement sur les flancs du Teide. Le soleil refait son apparition, bienvenue alors que la température a encore chuté à quasiment 2748 mètres d’altitude ! La lumière est superbe sur la caldera et sur les falaises qui la ceinturent, tandis que le Teide à contrejour est majestueux. Aucun regret donc d’avoir prolongé la journée, même si cela nous amène à un peu plus de 1000m de D+ pour une première « mise en jambes »… ! (et qu’on fera la descente en trottinant… histoire de ne pas finir dans le noir !)