Lors de la précédente randonnée aquatique au Bassin Bleu, j’avais tenté sans succès d’accéder à la Cascade Parabole. Trop d’eau, pas de sac étanche, pas les bonnes chaussures, le reflex en danger à chaque bassin, c’était tout sauf agréable ! Cette fois-ci, je suis équipé comme il faut : chaussons aquatiques, sac étanche, maillot de bain, c’est parti !
Ce matin-là, depuis le parking du Bassin Bleu, la Soufrière se laisse parfaitement voir. Ce volcan est un troll, en fait… Bon, belle couverture nuageuse sur le massif en général et le lever du soleil était bouché, je le sais parce que je me suis régulièrement réveillé la nuit pour regarder la live cam montrant le sommet du volcan… (oui, je suis un peu timbré mais je me disais que s’il y avait une opportunité, je fonçais)
Je vous épargnerai les photos de la première partie du sentier aquatique, avec la belle remontée dans le lit de la rivière du Galion en passant d’une rive à l’autre, d’un éboulis à l’autre, avec quelques passages dans la végétation même s’il est globalement possible de rester dans l’eau tout du long si on est bien équipé et qu’il n’y a pas trop de débit.
Après le passage de corde vu la semaine précédente, on retrouve quelques zones de gros éboulis et le sentier remonte alors rapidement dans la forêt humide, avec des fosses de boue où les pieds s’enfoncent gaiment jusqu’à mi-mollet, autant d’occasion de produire des bruits amusants et/ou répugnants ou bien d’y laisser un chausson. A force de jouer… on perd !
Il ne faut pas rater à un moment une espèce d’effondrement sur la partie gauche du chemin. Une corde pend ici discrètement, donnant la direction à suivre vers la Cascade Parabole, un petit écart par rapport au sentier officiel. La descente est très raide et glissante, il faut absolument s’aider des racines et bien caler les pieds pour descendre mais on rejoint alors un balcon juste au dessus de la rivière.
Ici, deux options, soit passer dans la forêt pour rejoindre la cascade directement, soit rejoindre le lit de la rivière pour se rincer les pieds et se faire un petit bout d’escalade pour rejoindre la cascade ! Option 2 pour ce qui nous concerne mais sachez que ce n’est pas « évident » et qu’il ne faut pas glisser, sous peine de s’en mettre une grosse, comme on dit. Mais c’est ludique… et ça va bien avec la jolie Cascade Parabole !
Après cette belle balade et le retour aquatique jusqu’au parking, une petite pause s’imposait à l’appartement de Petit-Bourg avant le rendez-vous pris pour la fin de journée dans une distillerie, celle du domaine Longueteau. Pourquoi Longueteau ? Pourquoi pas. J’aurais pu visiter Montebello pas bien loin, Bielle à Marie-Galante ou encore Bologne, à Basse-Terre et même Reimonenq. Ou Damoiseau, mais bon, c’est une très grande exploitation qui cube beaucoup. Je crois que je voulais une espèce d’entre deux, un cubage pas trop grand, quelque chose de familial. Et pas trop loin de la maison.
La Distillerie Longueteau s’est donc imposée comme le choix respectant la quasi intégralité de ces critères, même si je suis également revenu avec de délicieux produits de Bielle et Montebello dans mes valises ! Faut-il visiter une distillerie en Guadeloupe ? Alors oui. Et non. Oui, parce que le rhum agricole est spécifique car spécialisé et dédié exclusivement à la production de rhum, ce qui fait son exclusivité et vous apprendrez forcément plein de choses sur sa fabrication. Non, parce qu’il faut aussi choisir sa période et que décembre est une période de creux, la canne étant en pleine pousse et pas encore suffisamment riche en sucre pour être traitée (c’est mieux en février / mars pour ça !).
Autrement dit, la visite est un peu frustrante car la plantation est à l’arrêt. Mais elle est aussi intéressante car elle vous permettra d’apprendre les différences entre les couleurs et types de cannes à sucre, les tonnages manipulés par telle ou telle distillerie, son travail en parcelles ou non, sa manière de traiter la canne, de la récolter ou d’en réutiliser les débris après extraction, les différences qu’il y a encore rhums blancs, rhums colorés, rhums vieux, la difficulté à maîtriser le vieillissement, la difficulté qu’il y a à sortir du « rhum blanc pour se péter la tête » et le « bordel » au niveau des appellations en partie héritées du cognac qui biaisent la vraie valeur de certains produits.
Tout un univers assez complexe et mal fichu dont les guides de la Distillerie Longueteau ne font pas mystère, mettant bien sûr leurs propres produits en valeur mais sans jamais dénigrer le travail des autres distilleries de l’île. Caractère, terroir et appétences de tout un chacun pour l’autre, j’ai apprécié ce respect qui transparaissait dans le discours, tout comme l’essentiel de la visite et ce que j’y ai appris pour ces raisons. Si c’était à refaire ? Je crois que je tenterais Montebello.
Déjà parce que leur 10 ans me ramène régulièrement sur l’île quand je le déguste… et sûrement Bielle aussi, parce que Marie-Galante et parce que leur rhum blanc, tout comme celui de Longueteau (le 55°), est délicieux (avec modération, toujours). Mais j’ai beaucoup aimé la Distillerie Longueteau et leurs punchs m’ont aussi pas mal accompagné sur ce voyage. Bref, dégustez avec modération, vous vous rendrez très vite compte que chaque rhum agricole a son caractère et son goût, vous vous ferez votre propre goût !
En tout cas : visitez au moins une distillerie si vous allez en Guadeloupe, si possible à la bonne période pour profiter de l’exubérance de l’activité. Si possible également, donnez votre argent aux plus petites structures, tout simplement. Ce sont elles qui en ont le plus besoin, surtout quand le tourisme se tarit et qu’elles ne bénéficient par des circuits de distribution nationaux, en sus de ceux de l’île. Même si c’est un peu le bordel, ça en fait aussi le charme.