Après avoir lu des commentaires dithyrambiques la concernant, j’attendais à titre personnel beaucoup cet essai de la nouvelle Renault Megane GT. Cette attente est née de plusieurs facteurs, d’abord le fait qu’il s’agit d’un renouvellement complet d’une voiture déjà réussie auparavant, ensuite le fait que cette « GT » apporte son lot de nouveautés techniques et enfin et surtout le fait qu’elle préfigure clairement le futur d’une voiture que j’adore : l’ancienne Renault Megane RS. Cette nouvelle Megane GT est donc importante à plusieurs titres et elle ne porte pas pour rien le badge Renault Sport puisqu’elle est née dans les ateliers des Ulis, peaufinée et soignée par les sorciers du groupe qui place beaucoup d’espoirs dans cette nouvelle auto qui s’en va affronter la très réussie 308 mais également la sempiternelle Golf.
Entre l’ancienne génération et la nouvelle, un pas en terme de design a été franchi et les lignes extérieures changent de manière radicale. Si le volume global reste celui d’une berline à hayon très classique, la marque a appliqué sur sa dernière création les principes découverts sur Clio tout d’abord mais surtout sur les nouveaux Espace et Talisman. On retrouve donc le Losange Renault en plein centre d’une face avant travaillée, imposante et déployée autour d’une grande calandre noire. Le regard est lui aussi reconnaissable entre tous, Renault ayant choisi de ne pas faire dans la demie-mesure pour ce qui est de la signature visuelle.
C’est peut-être bien ce qui fait la différence entre les modèles concurrents et cette Renault Megane GT : un style affirmé, presque torturé, faisant même montre d’une sorte de « sur-design ». Je suis donc assez partagé entre la satisfaction et même la séduction que génère cette face avant sur moi et une certaine inquiétude quant à sa capacité à bien vieillir. Les 308 et Golf, plus sobres et neutres, vieilliront sûrement bien. Elles sont en revanche clairement moins affriolantes et délurées que cette Megane dont la face avant quelque peu élargie et rendue sportive via son blason GT et des prises d’air spécifiques, impressionne.
Du côté des flancs, on notera les roues spécifiques à cette version GT, absolument splendides. Les rétroviseurs se parent de chrome, en phase avec les inserts de la face avant et un badge « Renault Sport » fait son apparition avec une petite découpe dans son prolongement sur la portière. Ici aussi, on a donc un peu de complexité en terme de design, avec un côté lame de katana qui renvoie à l’aspect acéré du regard et des lignes de manière générale. L’ensemble est donc très homogène, torturé toujours mais homogène.
L’arrière est presque sage en comparaison, mais reste acéré dans le dessin du bandeau de feux situé de part et d’autre du logo central avec caméra de recul, massif lui aussi. Renault est dans la démonstration de son identité, n’y allant pas par quatre chemins ! En sus du logo sur l’aile, on retrouve là encore la mention « Renault Sport » sur le hayon, ainsi que la dénomination GT, le tout surplombant un diffuseur gris très réussi. Je suis décidément admiratif du design de cette Renault Megane GT ! Elle en jette comme dirait l’autre, homogène, travaillée de tous les côtés et dotée d’un style singulier. L’avenir nous dira si tout cela vieillit bien.
Point de doute en tout cas pour ce qui concerne la future Renault Megane RS : avec des voies encore élargies à l’avant et à l’arrière, un peu de muscle à l’avant, un échappement central et de plus grosses roues, ça va envoyer du lourd sur le plan visuel !
Passons maintenant à l’intérieur où Renault a normalement du revoir sa copie. L’ancienne Renault Megane, sur ses dernières déclinaisons de fin de vie, offrait un ensemble vieillissant mais agréablement remis à jour et homogène, si l’on excepte l’intégration malheureuse de l’écran tactile au milieu de la planche de bord, anti-sécuritaire au possible car obligeant le conducteur à se décoller de son siège et adopter une position peu propice à une conduite apaisée. La Renault Megane GT et j’imagine que c’est aussi vrai pour les autres déclinaisons me déçoit quelque peu.
J’ai retrouvé dans l’habitacle un nombre important de composants issus de l’ancienne génération de véhicules Renault. Le bouton de démarrage moteur, les commandes de vitres, certains boutons aussi au niveau du tunnel central. Problème : ils sont d’un plastique noir bien peu flatteur à mes yeux, clairement en décalage en terme de qualité perçue par rapport à ce qui se fait sur d’autres véhicules concurrents. On retrouve en revanche un niveau d’équipements très complet avec l’affichage tête haute, l’éclairage d’ambiance configurable, régulateur adaptatif et autres. Il faut croire que la marque a sacrifié d’un côté pour donner de l’autre. Je ne sais pas ce que je préfère, je sais juste que ces plastiques sont très « communs » pour un modèle haut de gamme et dans une logique de montée en gamme par ailleurs.
Si la voiture est ainsi très bien équipée et disons globalement bien finie, très bien assemblée, elle n’en souffre pas moins d’une sorte de vieillesse dans ses choix ergonomiques et dans la reconduction de certaines commandes qui m’ont toujours gêné chez Renault et que j’espérais voir disparaître. Je parlais il y a peu de certains choix de Mercedes sur sa Classe E (frein de parking, comodo de boîte de vitesses) : ces choix ne gênent pas ou peu l’ergonomie. Renault fait sur sa nouvelle Megane GT des choix que je ne comprends pas. On commence avec la position du switch limiteur / régulateur de vitesse : il est toujours au centre de l’auto et un peu en retrait. On est obligé de se tordre le bras pour y accéder, avant de passer aux commandes au volant. C’est… nul. Les commandes de vitre sont également un peu trop en retrait et peu accessibles sans se tordre le bras. Je ne parlerai bien sûr pas de l’énorme comodo de commande radio / musique, complexe, compliqué, peu pratique et massif. Je l’ai toujours détesté, je ne comprends pas qu’il survive encore en 2016 !
Le volant est en revanche bien réussi, avec une belle jante dotée d’un méplat et des touches de bonne facture. Les palettes derrière le volant souffrent en revanche du même problème que sur la Clio R.S. et je m’étonne, une fois encore, de voir une telle erreur reconduite sur un nouveau véhicule ! Des palettes, c’est soit petit et attaché au volant, soit grand et couvrant bien tout le derrière du volant ! La reconduction du comodo immonde oblige Renault à positionner les palettes à 10h10 et non pas à 9h15 et à les raccourcir sur une portion haute du volant. C’est antisportif, peu ergonomique, gênant même parfois en conduite dynamique ! J’ai pour le coup quelques inquiétudes concernant la future Megane RS sur ce point. Vraiment, je ne comprends pas Renault sur ce coup.
Je continue le tour du propriétaire du côté du tunnel et de la console centrale. Le levier de vitesse de boîte automatique semble beaucoup trop long et son soufflet s’intègre dans une espèce de plaque en plastique noir cerclée de chrome. La petite plaque lumineuse des P/R/N/D/M est quant à elle en plastique brillant. Il faut noter en revanche l’effort de Renault qui met la montée de rapport en tirant et la descente en poussant pour le mode manuel, une rareté pourtant évidente.
Pour ce qui concerne les autres éléments du poste de conduite, le pédalier et les sièges baquets sont réussis. Ces derniers offrent un très bon maintien, sans aller jusqu’à l’enveloppement. On est tout à fait dans une logique « GT », peut-être un tout petit peu plus. C’est un excellent point pour cette Megane GT et on s’en rendra d’autant plus compte une fois le rythme augmenté !
Les compteurs suivent la tendance avec un passage au numérique réussi et des modes d’affichages variés en fonction du mode de conduite engagé ! Rien à redire de mon côté, j’ai apprécié les choix graphiques et l’organisation des différentes informations autour du compte-tours. Même chose pour ce qui est de l’affichage tête haute, bien qu’il ne s’agisse pas d’une version avec projection sur le pare-brise.
Dernier point de (grand) changement : la console centrale ! On y retrouve les traditionnelles commandes de clim’, le bouton Renault Sport et quelques autres fonctions mais aussi et surtout le nouvel écran R-Link 2. C’est à la fois très réussi et décevant, un peu comme tout le reste de cet habitacle ! Renault alterne entre le très bon et l’incompréhensible et cela se retrouve également ici. Exemple : l’ajustement de l’écran sur sa partie basse fait que l’écran est légèrement incrusté. Il est par conséquent très difficile de faire un slide du bas vers le haut que l’écran reconnaisse ! Dommage, c’est ce qui permet d’accéder aux commandes de climatisation. Pour le reste, on retrouve les fonctions habituelles, bien servies par des slides gauche/droite évidents, une belle personnalisation possible des différents écrans et de manière générale de « gros » boutons cliquables qui exploitent bien la belle taille de la dalle, agréablement réactive.
Les réglages véhicules, écran, éclairage d’ambiance et autres sont accessibles et intelligemment rangés. Il en va de même pour l’activation ou la désactivation des aides à la conduite, le choix du mode Multi-Sense et sa personnalisation. Bon par contre, la grosse horloge… bof. Même chose pour le choix des matières, avec l’écran noir brillant, le contour noir mat qui prend tellement les marques de doigt, puis d’autres plastiques noirs autour et une sorte de cerclage de chrome. Trop de variété ! C’est bizarre et peu homogène, au contraire de tout le design extérieur.
Vous aurez compris le principe : autant l’extérieur est homogène et plaisant à l’oeil, autant l’intérieur oscile entre les excellentes idées et éléments et les choix étonnants voire minables en terme d’ergonomie ou de choix de matières. On a ainsi une belle clé mais des prises USB intégrées comme en 1990. On a un bouton Start Stop immonde mais un éclairage d’ambiance agréable. Un bel écran mais avec des plastiques bizarres et un ajustement préjudiciable. Des palettes mais mal placées à cause d’un comodo de 1990. Un régulateur adaptatif mais qu’il faut déclencher en se tordant le bras ou le poignet. Incompréhensible. Renault a fait peau neuve à l’extérieur, il est peut-être temps de faire également un grand ménage pour ce qui concerne certains choix faits par les projets dans l’habitacle.
L’importante toutefois, dans l’habitacle de cette Renault Megane GT, c’est que les éléments de conduite, à l’exception des palettes, sont réussis ! Il est donc plus que temps de démarrer le bloc 1.6L turbo de 202 chevaux et 280 Nm. Du côté de la sonorité, c’est plutôt sobre. Il ne faut pas non plus trop s’en émouvoir car on reste sur une « GT » et ce bloc 1.6L, repris de la Clio, n’a jamais été et ne sera à priori jamais un bloc tonitruant. La voiture gronde donc convenablement, quel que soit le régime et quel que soit le niveau d’attaque, avec un zeste de caractère en plus en mode Sport. Pas de quoi s’arracher un sourire en tout cas, j’espère que Renault Sport trouvera la bonne recette pour la future MRS. Ce qui est acceptable et bien calibré ici sera clairement aphone sur une vraie RS.
Le moteur devra également trouver de la rage ! Si les 205 chevaux sont bels et bien là, cela manque très cruellement de caractère. Sur une Clio, ce bloc s’en tire parfaitement mais avec 1400 kg à déplacer, son côté très linéaire n’en ressort que plus. La mise en vitesse reste copieuse et le couple de 280 Nm se montre disponible sur une bonne partie de la plage de régime usuelle. Il n’empêche, cela manque d’un petit quelque chose de pimenté pour aller avec le badge « Renault Sport ».
Du côté de la boîte en revanche, il n’y a pas grand chose à redire ! Cette EDC à 7 rapports est bien faite, claquant même un peu une fois le mode Sport engagé, se montrant en revanche brouillonne en mode auto dans les bouchons et en ville. Les montées et descentes de rapports se sont de manière très fluide et satisfaisante et l’étagement est bon. C’est une très bonne surprise et une confirmation par rapport à l’EDC 6 de la Clio, que j’ai toujours trouvée intéressante au vu du prix demandé pour l’auto. Seul bémol ainsi que je l’ai déjà exprimé : la position des palettes, vraiment gênante quand le rythme augmente et que l’on tient à garder les mains à 9h15 !
C’est d’autant plus dommage que pour la partie trains roulants et direction, la « patte » Renault Sport est bien sensible ! Du côté de l’amortissement, la marque a choisi un compromis plutôt raide mais néanmoins largement vivable. C’est un peu plus sec qu’une Peugeot 308 GT mais ça n’est pas inconfortable pour autant. Voici donc une mention « très bien » pour cette Renault Megane GT qui sait absolument tout faire : rouler sagement sur autoroute, absorbé du très bosselé à tous les rythmes mais aussi enchaîner proprement et sans roulis les grandes courbes sur un beau bitume. Chapeau, l’équilibre est idéal. Peut-être un peu trop filtré finalement ?
La direction est aussi au rendez-vous avec un excellent toucher de route et un comportement très direct sans être trop raide non plus. Le niveau d’assistance, variable, est bien calibré et le point milieu est réduit au minimum syndical. C’est un régal d’enrouler du sinueux avec cette voiture ! Le train avant est là pour ça, il a été dimensionné pour ça également et sait gérer la puissance du moteur. Ahhhh, Peugeot aurait bien fait de faire aussi bien car là, la Megane GT colle une claque à tout le monde en compagnie des tous nouveaux SportContact6 de Continental.
Train avant incisif et volontaire bien servi par la direction et par les gommes, train avant sain également avec pas ou peu de sous-virage et surtout des remises de gaz possibles avec pas mal d’angle au volant : la Renault Megane GT est bien née de ce point de vue ! Le 4CONTROL n’y est sûrement pas tout à fait étranger non plus. Cette fonction, pas vraiment nouvelle d’un point de vue principe mécanique, voit son retour en force depuis quelques temps, que ce soit en passif ou en actif. Les roues arrière ont ici une capacité de pivot, soit dans le sens des roues avant à haute vitesse (> 100 km/h si je ne m’abuse), soit dans le sens opposé pour aider à la rotation de l’auto à base vitesse (< 100 km/h donc).
Certains diront que c’est accessoire et surtout que cela n’est pas perceptible : c’est faux. L’agilité de la voiture dans le sinueux est réelle, un cran au dessus de ce à quoi j’avais l’habitude. Surtout, on sent le système se caler et le train arrière aider à faire pivoter l’auto, ce directement dans les reins au travers des baquets. A haute vitesse, c’est peut-être un peu moins sensible mais vraiment, dans les enchaînements à vitesse légale, c’est un régal d’agilité ! Technologie testée et approuvée par conséquent, au delà d’une sacrée maniabilité en ville et sur les stationnements. J’ai hâte, mais alors vraiment hâte, de retrouver ça sur une MRS !
Il reste à parler du freinage, performant à défaut d’être bluffant. Les décélérations sont franches, le toucher de pédale très correct sans être particulièrement mordant. GT, ici, pas plus. C’est tout à fait cohérent du positionnement de l’auto mais au vu des capacités dynamiques de la voiture, je crois qu’un tout petit moins de course pédale et une pédale plus ferme aurait été appréciables. On est dans le détail car pour l’usage normal de cette voiture, voire plus dynamique, ces freins feront parfaitement l’affaire.
Décidément, la Renault Megane GT a du mal à choisir entre le calme et la folie, entre l’excellence et le quelconque. Châssis bluffant d’agilité, moteur atone. Boîte très efficace en mode Sport, palettes au volant de monospace. Technologies embarquées au niveau, finition et assemblages approximatifs et ergonomie à revoir. Difficile d’avoir un avis tout noir ou tout blanc, je note surtout qu’on a ici une base fantastique pour une future Megane RS, pour peu que la marque trouve la clé du moteur.
Quant à départager une Peugeot 308 GT et une Renault Megane GT, il va falloir choisir entre la chèvre et le chou. La lionne est plus légère et donne une certaine dose de plaisir « authentique » en plus. Ses trains roulants en revanche sont moins efficaces. Pour ce qui est de l’habitacle, ma préférence lui va en revanche sans hésiter mais pour le design, la Megane affole les regards ! Difficile de choisir. Il ne faudra en tout cas pas chercher du côté conso, 10.4 L/100 pour la Megane contre 9.8 L/100 sur la 308 GT avec laquelle j’avais moins attaqué, on est dans le même monde sur ces 460 km d’essai.
Allez, je choisis la Renault Megane GT pour le look et pour l’agilité !
Bref, vous l’aurez compris, j’ai toujours un peu de mal avec ces versions GT qui ont le cul entre deux chaises et je ne dirai qu’une chose : vivement la Megane RS et un match contre 308 GTi et Leon CUPRA !