Test – Olympus PEN-F

Il fut un temps où j’essayais beaucoup d’objets technologiques, ce temps est passé car il a bien fallu choisir à un moment entre les différents sujets et leur potentiel chronophage. Les voyages et l’automobile ont gagné, avec toujours un dénominateur commun toutefois : la photographie.

Je ne suis pas photographe, n’ai jamais vraiment prétendu l’être (sauf peut-être quelques fois où, fortement alcoolisé, je me regardais d’un peu trop près dans le miroir de mon nombril), mais j’apprécie ce loisir et ne saurais à dire vrai pas trop comment vivre sans emmener partout où je vais un appareil photo.

Le Canon 7D m’accompagne depuis 2009. Avant, ce fut le 50D. Et le 10D avant lui. Il est lourd, gros, extrêmement résistant aussi et il a fait ses preuves pendant ces 7 années d’essais et de voyages ! Sauf qu’il me pèse, parfois, souvent : trop lourd, trop gros. J’observe par conséquent les hybrides à objectifs interchangeables depuis leur arrivée sur le marché avec une certaine curiosité.

Après quelques années de mise au point et de montée en gamme, ils sont prêts, matures et ne souffrent à priori plus de la comparaison avec les reflex. Olympus fait partie de ceux-là et a sorti il y a peu son nouvel Olympus PEN-F, une splendide petite bête faisant clairement référence à son illustre aïeul argentique. Il me fallait l’essayer, pour achever de me convaincre et peut-être trouver un remplaçant à ma vieille machine.

test-olympus-pen-f-17mm-11

Je pars en Écosse avec lui, dix jours. Il ne quittera pas mon épaule. Premier déballage, premières observations ; l’Olympus PEN-F se trouve à 1400€ environ avec son objectif pancake 17mm à f/1.8 et il ne déçoit pas sur la qualité de finition que l’on attend pour ce prix. Prix du boîtier nu : 1199€ en prix public conseillé, c’est une somme et la marque devait délivrer.

On retrouve donc un design très proche du PEN-F des années 60, résolument inspiré de la gamme PEN en général mais adapté aux contraintes modernes : plus de fonctions, plus de réglages, un écran. Le boîtier est compact, je m’attendais à dire vrai à souffrir un peu avec mes grandes mains mais il n’en fut rien. La molette de sélection de modes créatifs (face avant) est très accessible et je ne me suis pas emmêlé une seule fois les doigts du côté de la double molette sommitale, celle du mode de prise de vue et celle de correction de l’exposition.

La première bénéficie d’un petit bouton à deux positions permettant de verrouiller le mode engagé. La seconde tombe pile sous le pouce tandis que l’œil est collé au viseur mais a tendance à tourner toute seule au frottement lorsqu’on balade l’appareil. Attention donc quand vous reprenez votre appareil en mains après quelques temps, vous pourriez avoir une mauvaise surprise. Même côté « sous le pouce » pour la troisième mollette contrôlant l’exposition ou la vitesse sous le déclencheur, ainsi que la petite dernière, compacte, à l’arrière. On retrouve également un bouton de contrôle de profondeur de champ au ras de l’objectif, pile sous le doigt. Le packaging de l’Olympus PEN-F est très compact mais ne souffre pas de cette compacité. Les principales fonctions et réglages tombent bien sous le doigt, même avec des paluches comme les miennes.

La finition est toujours au rendez-vous. J’ai apprécié le crantage noirci ou légèrement chromé des molettes, le bon niveau de dureté pour ce qui est de leur rotation, ni trop lâche, ni trop raide, sauf l’exposition comme évoqué précédemment. Le déclenchement est aussi un bon point, la mise au point d’un côté, le déclenchement, ce en très peu de course doigt mais sans tomber dans l’hypersensibilité. Le temps de réponse est donc bien maîtrisé de ce point de vue : cet hybride n’a rien à envie à un reflex. On sent donc que la conception a été maîtrisée, réfléchie. C’est beau, c’est propre et c’est parfaitement fonctionnel. Surtout : je m’y suis habitué très rapidement.

L’Olympus PEN-F est donc un fort bel objet photographique, très bien conçu et fini pour ce qui est des fonctions principales. Le tour du propriétaire continue du côté de l’objectif, avec une bague coulissante permettant de basculer entre la mise au point manuelle et l’autofocus. Le premier mode est assez fin, la molette de mise au point coulissant bien mais le retour dans le viseur n’est pas toujours évident à percevoir. J’ai donc préféré, en bon fainéant pas photographe, le mode autofocus, rapide, silencieux. Rien à redire sur ce pancake de 17 mm extrêmement lumineux.

Je parlais de viseur et je vais continuer, en parlant d’écran par la même occasion. Les informations disponibles dans le viseur télémétrique électronique sont les mêmes que celles affichées à l’écran. Vous conviendrez du fait qu’il est assez peu évident de faire une photo de l’intérieur du viseur, aussi vais-je vous montrer l’écran en vous demandant d’imaginer la même chose pile devant votre œil !

Alors oui, l’écran s’ouvre, s’oriente et peut même se cacher, je n’en dirai pas plus. Il est évidemment tactile et permet de déclencher d’un simple « touch » sur la zone où l’on souhaite faire la mise au point. C’est moderne et pratique, on peut régler également chaque paramètre en cliquant dessus mais là, je trouve que cela manque nettement de précision quant à la reconnaissance de zone d’appui. Autrement dit, avec un viseur particulièrement réussi, je ne vois que peu d’intérêt à l’usage de l’écran, si ce n’est pour cette fonction de touch & shoot.

Écran comme viseur se pilotent dans tous les cas au travers du petit pad cliquable situé sous le pouce droit. J’ai eu à dire vrai un peu de mal à m’y retrouver au tout début avec un accès direct aux réglages de collimateurs, de mode de déclenchement (rafale, etc.), aux iso/balance des balances et au déclenchement du flash. Un clic sur « OK » et on valide. Un clic sur « OK » sans avoir sélectionné l’une de ces quatre fonctions premières et on accède à l’ensemble des réglages, dans lesquels on peut rapidement naviguer.

Il m’aura fallu quelques jours m’habituer à cette bascule faite directement sous l’œil, pour trouver les bons mouvements du pouce sans décoller la tête du viseur mais je m’y suis fait. A moins d’avoir un pouce de la taille d’un pied, on peut tout à fait accéder à l’ensemble des réglages, très rapidement et de manière très logique. Les principales fonctions sont là et pour le reste, il y a touche Menu qui permet d’aller configurer en profondeur l’Olympus PEN-F.

Le viseur affiche par ailleurs directement ce que l’on va prendre en photo, quel que soit le mode de créativité choisi. On se rend ainsi parfaitement compte de la photo à venir, de son exposition, ceci avec toujours les informations basiques et aussi et surtout différents modes d’affichages disponibles : un grand nombre de grilles de cadrage, différents modes mettant l’image au centre avec les informations autour et la possibilité de choisir quelles informations afficher. Plus besoin de quitter ce deuxième petit « écran » doté d’une résolution très satisfaisante (2.36 MPix).

Les réglages sinon ? Une première approche avec les principales fonctions Photo / Lecture avant de passer dans la personnalisation assez extrême de l’appareil. Mode AF, comportement de l’écran et du viseur, type de stabilisation (stab’ 5 axes intégrée au boîtier), personnalisation des deux touches Fn1 et Fn2, enfin WiFi que j’ai très peu testé, mea maxima culpa mais il est vrai qu’en randonnée, je pensais un peu à autre chose !

Les menus sont quelque peu complexes et pas forcément bien « rangés ». Pas de gigantesque illogisme qui force à traverser douze fois les menus pour trouver la fonction souhaitée mais l’ergonomie n’est pas fantastique. C’est une constante chez quasiment tous les fabricants d’appareil photo ceci dit. Heureusement, les commandes principales sont rapidement disponibles au doigt, via le pad ou via les molettes. J’aurais peut-être apprécia un petit joystick en lieu et place du pad, ou en son centre à la place du bouton OK. Une fois qu’on a goûté à ce genre de choses sur d’autres appareils, il est difficile de s’en séparer. L’attribution de fonctions aux touches Fn1 et Fn2 n’est pas non plus parfaitement évidente et j’ai un peu galéré parfois pour corriger certains de mes choix.

Mais maintenant, parlons de l’utilisation de l’appareil au quotidien car vous aurez compris que je suis très globalement content de son ergonomie et de sa facilité de réglage et d’utilisation à la volée ! Qu’en est-il maintenant quand on se balade, qu’on randonne, qu’on a envie de passer la journée à bouger sans se poser de questions et de photographier à la volée ?

test-olympus-pen-f-17mm-9

L’Olympus PEN-F se met assez rapidement en veille et en ressort tout aussi rapidement. Néanmoins, ne disposant que d’une seule batterie, je me suis retrouvé à de nombreuses reprises presque à court de jus ! La molette ON/OFF située sur la gauche de l’appareil étant bien faite, j’ai donc tendance à suggérer de l’utiliser souvent, à moins de vouloir charger sa batterie tous les soirs. L’autonomie n’est pas critique en soi mais si j’avais du n’utiliser que ce boîtier pendant mon voyage (j’avais aussi le 7D… car je suis un peu maso), j’aurais sûrement été gêné par cette seule et unique batterie.

L’appareil ne pèse quasiment rien, on le porte en bandoulière ou à l’épaule, voire directement dans une des poches de sa parka (je parle de l’Écosse, après tout !) sans y penser. C’est un vrai bonheur et un gain fantastique en mobilité et en fatigue par rapport à un reflex, au delà d’attirer très nettement moins le regard qu’un 7D avec Série L !

test-olympus-pen-f-17mm-1

Passons maintenant au rendu photo. Une fois de plus : je ne suis pas photographe et j’ai choisi de vous montrer les fichiers JPG en direct, sans retouche, sans recadrage. J’ai les RAW à côté, bien sûr, j’avais choisi ce double mode d’enregistrement, mais je préfère y aller comme ça, sans développer mes images comme je peux le faire d’habitude. Je suis toujours satisfait des photos de mon 7D, en « brut ». L’Olympus PEN-F, s’il veut être un candidat au remplacement, doit également être à ce niveau.

On ne va pas faire traîner trop longtemps hein : le traitement d’image d’Olympus est au top et le capteur, un micro 4/3 » de 21.8 MPix, s’en sort parfaitement sur les paysages et lumières d’Écosse, vraiment pas évidents à capter avec beaucoup de contrastes et d’expositions variées. Sans utiliser la feinte du bracketing  HDR, l’Olympus PEN-F arrive à claquer des JPG bien équilibrés grâce à une bonne détection des contrastes. Merci les 81 collimateurs et le fonctionnement par groupes.

Plutôt que de longs discours, voici donc une sélection (grosse – 10 jours de voyage je le rappelle !) de photos écossaises avec l’Olympus PEN-F.

Le bilan de cette longue prise en main est absolument positif. Si l’on excepte deux ou trois complexités du côté du menu de réglages et une réactivité tactile de l’écran pas vraiment exceptionnelle ainsi qu’une batterie qui peine à tenir les longues journées, cet Olympus PEN-F est un régal d’utilisation, de compacité et de qualité de matériaux. Le résultat « photo » n’a pas grand chose à envier à un reflex en terme de qualité d’image, avec des couleurs maîtrisées, une belle détection des contrastes et un traitement d’image discret mais efficace.

En bref : il est beau, il est pratique, il bénéficie d’une qualité d’image splendide et se règle très facilement en usage terrain quotidien. Il n’est en revanche pas tropicalisé, ce qui est rédhibitoire pour moi qui n’aime pas vraiment prendre soin de mon matériel… à savoir que quand il pleut, il pleut, l’appareil doit rester dehors. Une somme de grandes qualités et de petits défauts énervants qui font qu’on craquera sûrement pour lui avant tout pour sa gueule d’amour et ses belles images, sans trop creuser plus loin, à moins de le regretter un peu et de vouloir basculer ailleurs.