Après la déconvenue du premier atterrissage et le rapide séjour à Mira, j’ai finalement posé mes roues à Madère. Il était bien tard en ce dimanche soir et la priorité absolue fut de rejoindre Ponta do Sol, faire les courses et prendre possession de notre logement sur les hauteurs de la ville. La route depuis l’aéroport longe néanmoins toute la côte sud et j’ai donc traversé une première fois Funchal, à l’heure dite de l’entre chien et loup. Ma première impression a été celle d’une multitude de lumières qu’on aurait étalées sur les flancs d’une baie aux dimensions impressionnantes. Tandis que la voiture avançait au rythme penaud de son moteur confronté à des pentes respectables, mon regard se perdait sur la gauche, vers l’aval et la mer. Les lumières étaient partout, de part et d’autre de la route. Où diantre s’arrêtait la montagne ? Funchal et ses faux-bourgs recouvrent totalement les premières centaines de mètres de dénivelé et la ville s’étale sur un espace qui semble considérable, tranchant par ailleurs avec tout le reste de l’île.
Pour la première journée sur place, décision fut prise de faire simple et de visiter Funchal, d’arpenter ses ruelles et de tenter de visiter au mieux avant de passer le reste de la semaine loin des villes, à randonner autant que faire se peut ! Si l’on excepte donc la visite chez Blandy’s, faite au hasard d’une après-midi pluvieuse quelques jours plus tard, tous les lieux qui suivent ont été visités dans une grosse demie-journée car oui : nous avons rapidement eu envie de quitter Funchal. Explications.
La balade commence sur le front de mer, à quelques mètres seulement d’un ancien fort de la ville : la Fortaleza-Palacio de Sao Lourenco. Le style portugais d’époque est charmant et on retrouve la même signature en pénétrant dans le cœur de la ville, situé juste à côté. Le joli Jardim do Sao Francisco, le bar « Ritz » ou encore le Blandy’s Lodge sont autant d’endroits à voir ou apercevoir, tout comme la fameuse Banco de Portugal de Madère, avec son toit singulier. Visiter Blandy’s ? Si vous en avez le temps ou qu’il fait moche, faites-le ! On y apprend beaucoup de choses sur le vin de Madère (que j’aime beaucoup) même si on se sent clairement pris dans une routine touristique sans grandes saveurs, avec comme seul spectacle quelques tonneaux et un joli musée. Bref : c’est à la fois dispensable et intéressant, allez-y, mais n’en attendez pas trop non plus hein.
On découvre ensuite la cathédrale de Funchal, la Se comme on dit ici. Son physique assez rude et son relatif dénuement ne doivent pas occulter la présence de splendides caissons en bois dans la partie haute et d’un clocher de toute beauté. De même, quelques azulejos se cachent ici ou là, plus ou moins à l’abri des regards. L’ensemble est là-aussi charmant mais bondé et on s’enfonce vite dans le lacis de ruelles parsemées de vendeurs de fruits. C’est la saison des cerises et l’overdose est tout à fait possible !
Un peu plus loin, la place de la Mairie. La fontaine qui trône au centre est entourée de bâtiments majestueux reprenant le style vu ailleurs. Si la Mairie est belle, c’est plus l’église du Colégio dos Jesuítas do Funchal qui attire l’attention avec son ancien collège de Jésuites attenant (comme son nom l’indique) et la possibilité de monter sur sa terrasse. Voilà de quoi avoir une première vue panoramique sur la ville et son étendue depuis l’un des points les plus bas.
La balade, jusqu’ici sympathique, continue du côté de la vieille ville. Au menu : le marché (Mercado dos Lavradores) et les ruelles de la ville basse avec ses multiples portes peintes et décorées. Les pas se perdent, l’envie aussi. Le marché est sans intérêt si ce n’est par son architecture sur deux étages, son patio et sa partie basse pour le poisson, essentiellement emplie de touristes, tout comme le marché d’ailleurs. Pourquoi en faire tout un plat ? Je vous avoue que je cherche encore.
Le combat est identique avec les ruelles peintes de Santa Maria, l’ancien quartier très mignon et bien revigoré par les artistes. Ces ruelles sont néanmoins gorgées de restaurants harponnant le client avec l’inverse de la délicatesse. C’était plus que prévisible, me direz-vous, car Madère est touristique et récolte chaque année des paquebots entiers de personnes d’un âge certain comme clients. Sauf que ce n’est pas ce que je cherchais à Madère. Alors, on s’enfuit car Madère, ce n’est pas vraiment ça et vous le verrez largement dans tous les articles à venir, qui seront tout sauf la douche froide que vous lisez maintenant.
La balade dans la partie basse de Funchal s’achève donc au bout de son quai est, au fort Sao Tiago tout de jaune vêtu. Les hautes falaises se Madère se laissent alors vraiment voir et la topologie de l’île se révèle un peu. Madère est de nature volcanique et a surgi des flots, brute, sauvage, unique. Funchal est une ville attachante et charmante, indubitablement, mais l’intérêt de Madère ne réside pas dans sa visite. Vous l’aurez compris : j’ai apprécié certains aspects architecturaux de cette capitale mais son côté dortoir à touristes avec multiples verrues et bétonnage en règle, ses très nombreuses constructions sans charme au ras de son cœur et le relatif surpeuplement du lieu ne me le rendent pas vraiment sympathique.
Bilan ? Il me reste des choses à voir à Funchal (le monastère Santa Clara notamment), du côté nord-ouest et ouest. Ai-je envie de revenir à Madère pour revoir Funchal ou compléter la visite ? Non, je reviendrai pour Madère et j’en profiterai pour y passer deux ou trois heures, c’est tout. Je le dis et le redis, si vous allez à Madère, allez voir ailleurs ! Éloignez-vous de Funchal et de son bétonnage sans âme, faites-y un tour bien sûr mais n’y accordez guère plus d’une journée, parcs botaniques exclus (j’en reparlerai). Le reste de Madère vaut tellement plus que sa capitale !