Au centre de la caldeira se tapit un monstre : le volcan de Santorin. Toujours actif, ce dernier est sous surveillance permanente car il faut bien comprendre que si l’explosion qui transforma la gigantesque île existante à l’origine en caldeira est lointaine, le volcan est toujours là et il continue de faire grossir petit à petit cette île, emplissant en quelque sorte le vide créé il y a quelques milliers d’années. La perspective dépasse d’ailleurs l’entendement : se dire que ce gigantesque espace de mer était auparavant une terre. Avec une volcan. Que tout s’est effondré dans la chambre magmatique ou pulvérisé dans les airs. Une civilisation éteinte, une région entière de l’Europe recouverte de cendres et des ports innombrables pulvérisés. La dimension de la chose m’échappe mais je la garde toujours en tête, surtout en descendant le long de la paroi de la caldeira par le chemin des ânes menant au vieux port de Thira.
Une fois embarqués au milieu d’une horde de touristes majoritairement asiatiques, la caïque s’éloigne alors avec force du quai. Le vent souffle très fort et la caldeira est balayée par de belles vagues. Pas de quoi être particulièrement rassuré à la base mais les vieux navires ont connu bien pire et leurs moteurs ont du souffle. D’ailleurs, en parlant de souffle, on entend soudain un bruit et on se retourne. Un bout de falaise a choisi ce moment pour descendre rejoindre la mer. Impressionnant nuage de poussière qui nous rappelle que la caldeira et son mille-feuilles de couleurs ne sera peut-être pas toujours là.
On arrive ensuite sur le principal volcan, Néa Kamini, qui surgit des flots en 1573. Le paysage est… indescriptible. Jugez plutôt. On randonne en tout cas jusqu’au cratère et ses divers instruments, prenant un petit cour sur la géologie et le volcanisme de Santorin, prenant effectivement conscience du fait que l’on marche sur une cocotte avec le feu dessous. Attendre. Cela pètera peut-être de nouveau un jour. J’aimerais juste ne pas être là.
L’îlot que l’on aperçoit sur la photo ci-dessus est Paléa Kaméni, l’ancien volcan apparu quant à lui en 196 av. J-C. C’est d’ailleurs vers lui que l’on se dirige ensuite pour se baigner dans les sources sulfureuses débouchant en bord de mer. La caïque n’accoste d’ailleurs pas et il faut donc sauter dans la mer agitée et fraîche (un petit 13°c) pour ensuite nager contre les vagues avec une bonne dizaine de mètres de fond sous les pieds ! Autrement dit : il faut savoir plonger et nager. Sinon… Bon.
Fin de la baignade. L’eau est effectivement tiède et saumâtre et le retour dans le froid dresse les poils sur le corps ! On se hisse rapidement sur la caïque pour se sécher, se rendant compte au passage que l’on n’a guère froid après les efforts déployés pour revenir jusqu’au navire. Retour. Le soleil se décide à pointer un peu plus sérieusement le bout de son nez. Les caïques tracent jusqu’au vieux port de Thira pour embarquer la prochaine cargaison de touristes.
La visite du parc naturel des Néa et Paléa Kaméni est indispensable pour là-aussi, sortir des classiques Thira et Oia. Il faut arpenter le volcan pour comprendre où l’on se situe quand on se promène à Santorin : sur les ruines d’un monstre volcanique, toujours vivant et respirant à intervalles réguliers, la dernière éruption datant de 1950. Ce deux îlots sont les terres les plus récentes de la Méditerranée, tandis que l’éruption d’origine date de 1630 av. J-C. En réalité, Néa Kaméni s’est constituée de 1570 à 1950 au travers de six éruptions et nul ne sait dire quand aura lieu la prochaine ni si elle sera majeure ! Seule chose à garder en tête : on peut désormais suivre l’activité du volcan et annoncer entre un mois et un an à l’avance l’arrivée d’une éruption… De quoi se rassurer et aller marcher là-bas, au cœur de cette caldeira unique. Santorin. Je crois que j’y retournerai, forcément. Il y a d’autres Cyclades à découvrir à proximité et vouloir les visiter me paraît être un excellent prétexte de passer encore quelques jours sur ce site exceptionnel.