Retourner au sommet du Pico Viejo ? Alors que j’en ai déjà fait l’ascension et que j’y suis passé à la descente du Teide ? Et pourquoi pas… Il a neigé, j’ai raté lors de ma précédente ascension la « fenêtre » donnant sur le cratère et après tout, je ne me lasse pas des vues océaniques qu’offre l’ensemble Viejo + Teide, sans parler de la présence massive de ce dernier et du caractère lunaire de la zone.
Bref, me revoilà sur le chemin d’accès au Pico Viejo, en train de lire sur un petit panneau que les sentiers sont fermés… Il n’y a en effet pas grand monde et j’ai bien en tête que tous les sentiers ont été fermés il y a maintenant deux semaines à cause de la tempête hivernale et des chutes de neige. Il y avait à priori un peu trop de téméraires voulant accéder à la zone, oubliant que nous sommes à 3000 mètres d’altitude, sur une île.
Je m’engage prudemment en me disant que je verrai bien plus haut ce que ça donne et que je rebrousserai chemin le cas échéant. Cela ne peut pas être pire que le Psiloritis de toute façon. Je progresse rapidement sur ce chemin que je connais déjà et dont je me souviens bien. Tout est toujours splendide, comme dans mes souvenirs !
J’arrive sur une zone de travaux, les rangers du parc sont en train de retravailler un chemin et sont en pleine pause. Je les salue et discute rapidement avec eux. Je m’attends à me faire un peu « engueuler » mais rien du tout, tout va bien… Bon, je continue, alors ! La pente augmente sensiblement et le terrain devient franchement difficile, avec des packs de neige ici et là.
Je perds la trace à un moment, il faut dire qu’elle est très peu usitée et donc visible par endroits. Je me fie à mes souvenirs et à ma montre, avant de devoir improviser un bout de trace pour éviter un névé de belle ampleur. Pas envie de m’y risquer sur une telle pente et avec mes souvenirs de ma chute en Crète.
J’atteins enfin les derniers contreforts du cratère du Pico Viejo. Cette fois-ci, je prends mon temps pour repérer la « fenêtre » qui fend le cratère et grimpe vers elle. Le sentier n’est pas très distinct là non plus et il est clairement coupé par une plaque de neige. Pas le choix cette fois, il faut la franchir. Je choisis de la prendre dans sa partie basse, largement moins pentue qu’au niveau de l’entrée / sortie du sentier, invisible sous la neige.
La fenêtre est là et la vue est telle que je l’imaginais ! Le cratère du Pico Viejo est juste derrière et en fond, le Teide trône en roi. Je m’arrache à la contemplation et au vent extrêmement fort qui s’engouffre dans l’ouverture pour continuer mon chemin vers le plateau sommital du Pico Viejo. J’y retrouve un vent à décorner les cocus et je traverse rapidement, non sans m’approcher du bord par endroits pour admirer le paysage !
Planqué derrière un rocher, je me pose pour profiter du soleil et de la vue. La gamelle a un goût bien sympathique, celui d’un dernier jour très satisfaisant pour ces nouvelles vacances dans les Canaries. Je n’ai pas du tout envie de rentrer, à dire vrai… ! Ni de descendre du Pico Viejo mais il le faut bien à un moment.
Plutôt que de prendre le sentier de ma précédente ascension (sauvage) ou encore celui descendant aux Roques de Garcia (très lisible), j’emprunte une troisième voie, un autre sentier bien lisible qui file vers le plancher des vaches de la caldera du Teide. Il raccorde à une piste à peine praticable en 4×4 et clairement peu utilisée pour rejoindre le mirador de Boca Tauce.
De là, j’emprunte le sentier qui longe les flancs de la caldera du Teide, à l’ombre. Les falaises sont massives et le silence est d’or. Je suis seul alors que la journée semble toucher à sa fin et que la lumière tombe peu à peu sur les alentours. Il fait presque froid par moments ! Je retrouve le soleil de temps en temps, au gré d’une fracture dans la frontière volcanique.
Derniers mètres, je suis de nouveau au soleil et je savoure la vue sur le Pico Viejo. Et dire que j’étais là-haut il y a quelques heures à peine ! Cette année, je vais revenir à Tenerife et il est question de refaire l’ascension du Teide, pas en solo cette fois, mais à trois ! Ma partenaire de randonnée et le beau-frère. Y sera-t-on pour le lever ou le coucher du soleil ? Le lever… me permettrait de revenir au Pico Viejo. Encore ? Encore.