Hautes-Alpes – randonnée au Grand Lac des Estaris en boucle depuis Prapic

Après avoir longé le lac de Serre-Ponçon et frôlé Gap, me voici désormais à la frontière de deux grandes vallées des Ecrins, profondes, isolées et presque secrètes : le Champsaur et le Valgaudemar. Il me reste quatre jours avant de devoir repartir vers les grises contrées parisiennes, aussi ai-je décidé de séparer le temps restant à égalité, afin de ne pas faire de jaloux mais surtout afin de prendre une bonne première dose et me donner éventuellement envie de revenir !

Je commence par le Champsaur, qui se sépare en deux bras : Champoléon d’un côté, Orcières et Prapic de l’autre. C’est le second qui l’emporte la première fois, avec une petite route de toute beauté menant au fin fond – ou presque – de la vallée. La station d’Orcières est dépassée par le bas et après quelques virages supplémentaires, on est cordialement invités à abandonner son véhicule pour pénétrer à pieds dans le petit village de Prapic. Et quelle beauté que ce hameau niché au creux de son cirque montagnard…

La randonnée commence ici, à travers le village encore un peu endormi et dans lequel on reviendra le soir faire le plein de bière, de tarte à la myrtille et de miel local. En attendant, on s’oriente vers le nord en suivant paisiblement le torrent de Blaisil. Le chemin monte tout doux jusqu’à finalement traverser le torrent et s’infléchir franchement vers le haut.

Commence alors une grande et longue montée qui vous fait pénétrer dans le coeur du parc des Ecrins. Ici plus encore qu’ailleurs, le respect des sentiers est essentiel afin de ne pas endommager une nature éblouissante et préservée. Le chemin monte d’abord à travers de petits bosquets, avant de se retrouver dans un paysage nettement plus minéral sous le regard de l’Entre Piniers et du Tuba.

La grimpette continue vers ce qu’on pense être une première selle et la première étape de la randonnée. Il n’en est rien car il s’agit seulement de quelques petites pisses, ces ruisseaux qui débordent de la montagne. Point de lac ici, il faut continuer à avaler la dénivelée et prendre toujours plus de hauteur – avec comme récompense un panorama de plus en plus large. On ne va pas se plaindre… car de toute façon, il y a 1100 de D+ à avaler au total !

Arrive enfin le lac des Pisses. L’eau est glaciale mais tentante. Manque de bol, il y a pas mal de monde qui fait une pause et j’ai oublié mon maillot… Tant pis ! La balade continue alors à plat, ou presque, contournant la Roche Rousse que vous apercevez sur la photo juste au dessus à gauche. Le sentier est plutôt exposé pendant un long moment, longeant une pente très abrupte pour venir surplomber enfin une petite vallée d’altitude, celle du torrent du Lac du Col avec le Diolon qui coule en son centre.

On continue ensuite de grimper doucement, très doucement, mais sûrement. Le montagne ici est moins verte, plus désolée et couverte d’alpages. Quelques installations de sport d’hiver de la station d’Orcières se laissent apercevoir ici et là, gâchant quelque peu le paysage des Estaris.

On débouche sur la partie finale de l’ascension, avec une succession de jolis petits lacs, notamment le lac de Jumeaux, l’un asséché, l’autre bien rempli. Il reste alors à avaler une dernière pente bien raide pour déboucher sur l’objectif du jour : le Grand Lac des Estaris !

Surprise, il est en plein « travaux », la municipalité ayant décidé de l’aider à gagner en volume pour sécuriser son approvisionnement en eaux mais aussi la pérennité de ses canons à neige par gravité. C’est joli quand même, mais ce sera plus joli quand ce sera terminé.

Après la pause déjeuner face à ce panorama dominé par la Pointe des Estaris qu’on s’imagine volontiers gravie depuis le col voisin de Fressinières (menant à la vallée éponyme, oui oui, souvenez-vous de Dormillouse !), il est temps de redescendre doucement vers Orcières.

On croise alors de nouveaux lacs, celui de Sirènes mais aussi celui de Jujal et quelques autres, petits et charmants. La descente se fait tantôt sur des sentiers de randonnée, tantôt sur de larges chemins carrossables partagés par moments avec les VTT DH. Prudence donc, pour que tout le monde soit content.

Au niveau du chalet Joubert, alors que la plupart des randonneurs du jour font la montée en téléphérique depuis Orcières et descendent ensuite vers la station, il faut bifurquer sur un très beau sentier en balcon, à gauche, en direction de Prapic.

Commence alors un long retour, en balcon et à plat sur la plus grande partie, superbe et solitaire, avec seulement quelques bruits de la vallée de temps à autre. On retrouve enfin le grand cirque de Prapic pour une longue descente à travers pins, le village apparaissant parfois avant que les arbres ne laissent leur place à une vue plus dégagée. Fin de la boucle, fin de l’émerveillement et déjà envie de revenir dans le Champsaur.