Retour à Tenerife pour la dernière partie de ce cinquième séjour et le mot est donné : Anaga, Anaga, Anaga ! Du moins, autant que faire se peut et autant que l’autorise la météo, toujours un brin capricieuse mais à tendance nettement à l’amélioration pour les jours à venir. Je m’attaque pour cette première journée à la côte sud de l’Anaga, nettement plus sèche que sa contrepartie nordique que j’aime tant mais tout aussi belle à parcourir et accessoirement terre très nourricière de Tenerife. L’objectif de la randonnée est le Pico del Inglés, l’un des sommets les plus courus de l’île puisqu’il est également accessible par la route !
Le Pico del Inglés offre en effet de bien belles vues sur une bonne partie de l’île et il est possible d’y accéder en randonnant, via plusieurs sentiers de randonnée. Il faut toutefois garder en tête que certains tronçons de randonnée sont en accès limité, avec réservation obligatoire et un nombre de randonneurs limité par journée. Ma randonnée n’ira donc pas plus loin que le Pico del Inglés mais sera néanmoins quasiment une boucle, avec toutefois une grosse expérimentation en fin de parcours, l’utilisation du canal de Guañaque pour retourner au point de départ…
En attendant cette part d’inconnu, j’entame l’ascension vers le Pico del Inglés depuis le joli petit hameau de Las Cuevas où il a l’air de faire vraiment bon vivre ! Le lieu est à quelques encablures à peine de la capitale de Tenerife, Santa Cruz et pourtant on a l’impression d’être dans un autre monde, nettement plus rural. Les jolies propriétés et jardins agricoles s’enchaînent au gré d’une pente assez douce, un ruisseau coulant au centre du petit barranco. On découvre également un ancien pont, celui des Catalanes, canalisant l’eau car la montagne est ici truffée de canaux pour alimenter l’agriculture mais également les maisons.
Une première étape de l’ascension est atteinte avec les hameaux perchés d’El Chorro et Los Berros, à côté du rocher de la Fortaleza. Le paysage s’ouvre, bien en dessous du Pico del Inglés, avec le Teide au loin et les contreforts de l’Anaga précédant la plaine d’altitude de San Cristobal de la Laguna au premier plan. Le sentier se fait désormais balcon, un peu plus exposé aussi, sur les flancs escarpés de la cumbre de l’Anaga. On dépasse les deux hameaux, dont l’un superbe avec ses grottes aménagées en bergerie et la montée continue de s’accentuer vers le sommet.
Le sentier est désormais en crête et alterne les passages dénudés et ceux sous les arches classiques des forêts de l’Anaga, jusqu’au sommet, enfin, du Pico del Inglés. Les vues sur tout Tenerife sont réellement splendides depuis ce point de vue où il y a forcément un peu plus de monde, accès facile oblige. Je ne m’attarde pas vraiment, justement, pour cette raison et redescend plus bas sur la crête pour la pause déjeuner avec une vue imprenable sur la partie nord-est de l’île. Je rejoins ensuite Los Berros et, plutôt que d’emprunter le sentier de l’aller, je pars à droite dans le barranco voisin, celui de Tahodio.
La descente est… splendide, avec seulement une ferme en chemin, nichée dans un endroit idyllique. On enchaîne à partir de maintenant jusqu’au petit hameau de Valle Tahodio, où la route fait sa réapparition. Je cherche alors ma voie de sortie, puisque mon point de départ est dans le barranco voisin, de l’autre côté de la montagne ! Le chemin pour rejoindre le canal de Guañaque n’existe pas vraiment, ou en tout cas il est tellement peu usité qu’il est illisible. L’avantage toutefois, c’est qu’un canal reste de canal et on le repère facilement dans la pente…
Une fois atteint, le canal de Guañaque est un canal et il suffit donc de le suivre pour progresser ! La première section, sous le soleil, se fait en compagnie de chèvres qui avancent au même rythme que moi, profitant du canal, des ponts et des tunnels pour progresser. Il faut faire attention à sa tête sur certaines sections en tunnels mais cela se fait bien, jusqu’au tout dernier tunnel, le plus long ! L’accès au tunnel est légèrement éboulé mais accessible. La traversée se fait bien, à la lumière du téléphone ou d’une frontale.
De retour à l’ombre, je continue de suivre le canal, alors que l’espace est désormais peuplé de nombreuses maisons, malheureusement de chiens également, pas tous agréables… Pas d’incident à signaler mais clairement un peu de stress à quelques moments, jusqu’à quitter la civilisation, rejoindre une ancienne carrière absolument impressionnante et finalement redescendre jusqu’au fond du barranco où la voiture attend sagement de rentrer au bercail. Encore une belle randonnée dans l’Anaga… mais y en a-t-il seulement des laides ?