Canaries – Tenerife – Jour 10 – le phare de l’Anaga par les crêtes

Il y a deux ans, je concluais mon précédent séjour aux Canaries par le grand tour du phare de l’Anaga, une randonnée qui m’avait vraiment marqué par sa beauté, l’immensité sauvage de ses paysages et de ses hameaux abandonnés me donnant si fortement envie de m’y retirer, un jour, peut-être. Pour ce voyage, j’ai eu envie de faire de même, de refaire ce splendide parcours tout en le combinant à l’une des premières randonnées faites au départ de Chamorga, tout fin 2016, sur les crêtes dominant l’extrémité du massif. Ce dernier matin, je retrouve donc Chamorga, ce doux village planqué tout à l’est de Tenerife, pour m’engager dans la montée du col menant au plus beau mirador de l’Anaga, Cabezo del Tejo. J’y retrouve les vues, déjà admirées mais dont je ne me lasse (lasserai ?) jamais.

La descente vers le joli hameau d’El Draguillo est connue, à l’ombre de la falaise, au début dans la forêt et à la fin dans une végétation nettement moins dense peuplée de dragonniers éparpillés ici et là. Je ne m’arrête que peu pour immortaliser les yeux, je les connais déjà, c’est un peu comme si j’étais chez moi. Le sentier côtier qui part d’El Draguillo est toujours déconseillé à la randonnée car certaines sections ont été endommagées par des éboulements. Je m’y engage néanmoins et je ne vois aucune différence dans l’état du sentier entre 2019 et 2021. Le terrain, pour le moment, est stabilisé et largement traversable. Il ne faut simplement pas s’éterniser dans les deux zones d’éboulement, au cas où…

Roque de Anaga et Roque Dentro n’ont pas non plus bougé, dents acérées perçant les flots azur à quelques brasses de la côte. Le si charmant hameau quasi abandonné de Las Palmas, mon petit rêve personnel d’ermitage, est toujours là, inchangé également. L’ancienne cour peuplée de dragonniers m’émeut toujours, tout comme la petite chapelle close aux regards curieux. Ah, que ne suis-je (vraiment vraiment) riche pour racheter ce coin de terre et en faire un paradis durable, résilient et autonome… !? Mais bref, certains rêves sont sûrement un peu trop fous, celui là en fait sûrement partie. De toute façon, ce n’est pas à vendre. Mangeons, plutôt, face à l’océan.

La suite de la randonnée, un superbe sentier balcon qui nous fait passer à l’ombre du Roque de Adermo, m’ébahit également toujours autant ! L’ancien moulin n’a pas bougé, à son pied, avec ses roches aménagées en bergerie, habitations et enclos. Quelques masures parsèment la côte et je croise même des locaux qui viennent sur place, sûrement pour quelques récoltes, vérifications et pour le pique-nique, aussi. Le phare de l’Anaga apparaît, d’abord la tête, ensuite le corps. Point de descente vers la côte pour cette fois, vers le Roque Bermejo, mais une remontée vers les Casas Blancas de ma première randonnée dans l’Anaga. Je les retrouve après une franche ascension qui offre de très belles vues en surplomb de cette extrémité de l’île.

Les falaises nord se dévoilent également, dominant les deux roques perçant la surface de l’eau. Quelques chèvres se baladent, pas gênées par les randonneurs, fort peu nombreux. J’ai croisé en tout et pour tout huit personnes depuis le début de la randonnée… Après avoir dépassé les Casas Blancas et en en dessous du Roque Bichuelo, il ne faut alors pas manquer le petit sentier qui remonte à travers la végétation, en lisière de forêt, vers les crêtes de l’Anaga. Ce sentier, que j’avais arpenté avec un vent pas possible il y a cinq ans, est toujours aussi agréable. La plupart du temps, il ne dévoile rien de la côte mais, tous les quelques centaines de mètres, il offre d’incroyables trouées rocheuses permettant de dominer la côte nord !

Point de vent cette année et donc, la possibilité sans grand risque de monter sur les saillies rocheuses dominant Las Palmas, qui commence à être à l’ombre alors que la journée s’approche doucement de sa fin. Je m’arrache à ma contemplation car la randonnée n’est pas terminée. Il reste encore, avant de rejoindre la croisée des chemins menant au Cabezo del Tejo, une ultime trouée  me dévoilant l’Anaga entrant doucement dans la pénombre sous un ciel très légèrement voilé. Quelle vue, quelle vue… Il va me falloir trouver une autre idée de combinaison de chemins pour justifier un retour sans honte ici. Cela tombe bien, j’ai repéré une belle descente entre Roque Bichuelo et Roque de Adermo. Destination ? Las Palmas, évidemment.

Les photos de la randonnée d’accès au phare de l’Anaga, par les crêtes :

La carte de la randonnée du phare de l’Anaga :