Dans la série « exploration du nord-ouest » et « ports perdus », j’ai sélectionné pour cette nouvelle randonnée celui de Lomada Grande. Le départ se fait depuis le délicieux village de Las Tricias, avec ses dragonniers que j’aime tant ! J’arpente d’ailleurs un bout de randonnée déjà connu, sur la route du guanche de Buracas avant de poursuivre mon chemin.
D’abord très bien dessiné puisque faisant partie du GR, le sentier devient largement plus sauvage après une bifurcation. Il est même parfois à peine visible mais se laisse redécouvrir quelques mètres plus loin, en alternant lecture du terrain et lecture de la montre GPS. C’est une longue et belle descente, avec une lumière de début de journée tout à fait splendide.
On arrive au niveau des falaises pour découvrir en contrebas le site de Lomada Grande, tandis que le vent s’est levé et a amené quelques nuages. La descente se poursuite, un peu plus raide désormais alors qu’il s’agit d’atteindre les flots au plus vite. Le sentier croise une piste un peu après un parking qui doit clairement se mériter en voiture !
Il reste ensuite à descendre sur un chemin très bien aménagé jusqu’au secteur nord de Lomada Grande. Dans l’ombre, on découvre la roche volcanique percée de gigantesques trous au travers desquels les vagues jaillissent après s’être fracassées sur la côte voisine de quelques ou plus mètres. Impressionnant spectacle mêlant roches et flots.
La suite n’est pas en reste plus que plein ouest, on découvre une gigantesque bouche rocheuse dans lequel l’océan se jette. Baignade impossible ce jour-là bien évidemment mais cela doit faire une piscine de première qualité aux beaux jours ! La piscine naturelle est à peine plus loin, côté sud et se dévoile totalement alors que le soleil refait son apparition.
Je déjeune ici, avec la tentation toujours plus grande de me baigner. Des vagues quelque peu scélérates viennent de temps à autre la balayer, avec une force variable. Etant seul ce jour-là et par ailleurs totalement seul sur le site, je finis par ne pas me mettre à l’eau, à contrecoeur. A posteriori, je crois que j’aurais pu me baigner, mais la prudence l’a emporté.
Après le raidard du départ, la remontée se fait sans difficulté particulière, le chemin étant désormais « connu », même dans les zones où il disparaît plus ou moins. Je ne file pas directement à Las Tricias et préfère un léger détour, disons une variante, via le site de Buracas, toujours aussi splendide et émouvant avec ses pétroglyphes millénaires.
Le soleil se cache de nouveau alors que je rejoins Las Tricias, les nuées et bientôt l’orage se sont amassées sur la Cumbre Vieja, à la frontière entre le nord et le sud de l’île. Je prends la route pour aller voir le volcan Tajogaite, nouvellement baptisé après son éruption majeure à la fin 2022. Je veux voir à quoi ressemble ce secteur de l’île, que j’ai déjà bien arpenté.
Le choc est immense. J’ai beau avoir suivi l’éruption jour après jour, l’étendue des dégâts et de la langue de lave est stupéfiante. Une route a été tracée à travers la coulée refroidie, il est strictement interdit de s’y arrêter car des zones chaudes persistent et la roche continue d’émettre des gaz au fil de son refroidissement.
A la sortie de la zone, je file voir la langue qui s’est aventurée jusqu’à l’océan, augmentant la surface de l’île de La Palma d’autant ! Je prends le même chemin au retour, observant en surplomb le Tajogaite qui fume encore. Quelques maisons ont été épargnées quand d’autres ont été submergées ou broyées par la lave.
Il y a une forme de morbidité dans cette observation qui me dérange. Le tourisme à La Palma a toujours été volcanique et il l’est (re)devenu encore plus. Cet immense désastre, avec des villages rayés de la carte, est aussi une chance pour l’île qui voit venir un certain flux de touristes curieux du spectacle.
En attendant, je suis surtout admiratif de l’immense résilience des palmeros et de leur génie civil qui a déjà retracé plusieurs routes et s’attaque à la reconquête de son territoire avec une solidarité immense au sein de l’archipel. Je reviendrai sûrement l’an prochain apporter mon lot d’euros au commerce local, en ayant aussi en tête les très récents incendies qui ont ravagé les hauteurs de Puntagorda et Tijarafe.