Le village de Castelnou, au coeur des Aspres, m’échappait après plusieurs passages dans les Pyrénées-Orientales. Réputé pour être l’un des plus beaux villages médiévaux de France, superbement conservé et dépourvu d’un trop-plein de boutiques sans âme, il est en effet assez isolé tout en étant facilement accessible depuis Thuir. La petite route très sinueuse qui y mène ne dessert ensuite aucun autre village, rejoignant seulement un axe de traversée des Aspres que je connais bien, entre Céret et Ille-sur-Têt. Autrement dit : on ne vient pas à Castelnou par hasard mais il serait bien dommage de ne pas y venir, comme en témoigne le premier aperçu du village que l’on obtient depuis le parking / belvédère aménagé un peu avant l’arrivée.
Le Canigou s’est planqué ce jour-là mais je vous laisse imaginer la scène. Une végétation superbe, une tour isolée, un village fortifié et son château millénaire juste derrière, le tout surplombé par une petite montagne et en fond, l’immense massif du sommet catalan ! Je crois que je serais bien capable de revenir juste pour ça mais en attendant, je file me promener un peu à l’écart du village, au départ du parking. Un petit parcours sillonne les alentours de Castelnou, permettant d’admirer les paysages en direction de la plaine menant aux Corbières (on aperçoit même le château Quéribus sur son éperon) et Thuir, plus près de nous. La boucle est sympathique et permet de découvrir cette zone de causses calcaires, caractéristiques de Castelnou.
De retour au parking, une autre petite boucle de randonnée va me permettre de prendre une double dose de Castelnou avec d’abord l’ascension du Roc de Majorque qui domine le village et ensuite la balade et visite à proprement parler. L’ascension du Roc de Majorque permet de prendre rapidement de la hauteur sans voir le village et donc d’admirer les alentours précédemment observés. L’arrivée sur le promontoire, où des restes de fortifications restent visibles, est toutefois rapide et c’est tout le massif du Canigou que l’on découvre (avec la Tour de Batère bien visible !) et le village de Castelnou – ou plutôt son château – en contrebas. Le vent souffle avec une extrême vigueur, chassant les nuages qui jusqu’alors prédominaient. Quel endroit fantastique !
La descente de l’autre côté du Roc de Majorque permet de découvrir de nouveaux points de vue sur le château de Castelnou, le village se cachant quant à lui dans son ombre. L’exposition n’est à dire vrai pas la grande force du village en hiver et il y fait frais ! En été, c’est très clairement un avantage… mais bref, trêve de considérations météorologiques, je finis l’approche du village, au pied des anciennes murailles. Les tours crénelées trônent encore ici, le village étant accessible par quatre portes percées aux coins cardinaux.
La déambulation dans les ruelles du village permet de découvrir quelques très belles bâtisses, de nombreuses galeries d’art et seulement quelques boutiques et restaurants. Pas de quoi rompre le charme et l’authenticité des lieux qui ont donc su trouver un bel équilibre entre développement touristique sans devenir une cour des miracles. En été, gageons qu’il y a nettement plus foule bien sûr, mais je reste persuadé que Castelnou, aussi couru soit-il, reste un village vivable en haute saison ! Je compte bien revenir pour vérifier cela, visiter l’ancienne chapelle attenante et filer sur les hauteurs de Sant Marti de la Roca, l’autre sommet qui domine le village !
Retour au parking après un rapide bout de marche (je vous conseille d’en faire de même en pleine saison, cela vous permettra d’approcher tranquillement de la ville sans passer par les grands parkings aménagés avant l’entrée du village, sûrement bondés et absolument sans âme) ; le Canigou se découvre tout doucement alors que le soleil commence à disparaître. Non, vraiment, c’est certain : ce n’est qu’un au-revoir.