Dix ans que je dois lire ce bouquin, si ce n’est plus ! Je ne me souviens plus qui me l’avait conseillé mais j’en ai toujours gardé le souvenir dans un coin de mon crâne avec un rappel lancinant : « lis-le, lis-le, lis-le » ! Et ceci étant désormais fait, je comprends maintenant pourquoi ce livre est considéré comme un classique, comme une oeuvre culte à lire et à relire.
William Golding nous emmène sur une île déserte sur lequel un avion s’est écrasé, avion rempli d’enfants d’âges variés, disons de 6 à 12 ans, laissés ainsi à leur propre sort, sans adulte pour gérer quoique ce soit ni organiser la vie de survivance sur l’île. Le postulat de base est donc surprenant et on voit venir une sorte de nouveau Vendredi ou la vie sauvage se profiler, mais il n’en sera au final rien.
Car ces enfants vont tenter de reproduire leur vision de la société anglaise de l’époque, élire un chef que l’on écoute, tenter d’organiser les tâches et de maintenir une certaine cohésion dans le groupe. Tout cela est bel et bon, mais tellement inadapté à une vie de groupe en confinement sur un espace fini. Et la tension va monter, peu à peu, l’ambiance devenir de plus en plus pesante au fil des pages. L’auteur entrouvre peu à peu les vannes de la folie, libère les monstres et les peurs qui sommeillent dans chaque enfant, ausculte les angoisses de tout un chacun et le lecteur est pris au piège, forcé de continuer sa lecture mais mal à l’aise.
Sa Majesté des Mouches est en fait une ode à la folie humaine, à la folie des enfants qui n’ont pas encore complètement développé leur système de valeurs, une étude de la sociologie des groupes dans un cadre si particulier, c’est une petite perle que l’on devrait lire dès le plus jeune âge, pour sensibiliser à l’horreur qui sommeille derrière chacune des cruautés gratuites dont sont si friands les enfants.