SCOPS Along – gravel engagé de Paris à Dijon

C’est quoi, SCOPS Along ?

Si vous avez lu mon article sur le weekend breton, vous savez déjà que SCOPS Along, c’était censé être ma première vraie expérience d’itinérance à vélo ! Si vous ne l’avez pas lu, voici quelques rappels : SCOPS, c’est un .cc, un « cycling club » dans la dénomination web. Ce n’est pas tout, puisque Pierre-Charles, à la manoeuvre, propose aussi des événements et sports autres qu’à deux roues dans la région de Dijon. Moi, je suis là pour SCOPS Along, ou Along, à savoir un Paris-Dijon « le long de » (= along en anglais) la Seine en trois jours, 450 kilomètres, avec une inscription à l’initiative de Charles, tout début 2023.

Le jour J-1 est arrivé et il manque deux loustics. Mat’ et Jed sont aux abonnés absents, mais ils sont excusés, ayant de remarquables raisons de ne finalement pas être là. Nous ne sommes que deux du petit groupe d’origine : Charles et moi. A la brasserie Gallia de Pantin, toutes et tous les participant·e·s ont rendez-vous pour l’enregistrement, la récupération de la balise GPS et autres « goodies », dont la gapette qui trônera sur la plupart des têtes pour les jours à venir.

Des visages me semblent familiers, vus ou croisés ici et là sur Instagram. La communauté vélo / ultra distance est un petit monde et il n’est donc pas étonnant de se (re)trouver au gré des sorties de Paris et d’ailleurs. Je fais connaissance avec JB, qui va rouler solo sur le 450, mais aussi Simon et une joyeuse bande engagés sur le 600 kilomètres (la version « corsée » de SCOPS Along). Il y a aussi des collègues et ex-collègues de Charles : Anne, Thibault et Aleksy. L’ambiance est bonne, la bière aussi, mais il faut raison garder après le discours du patron et rentrer se coucher pas trop tard pour être à peu près frais pour le lendemain matin, « tôt ».

Jour 1 / de Paris à Pont-sur-Seine :

Vous arrivez à dormir, vous, avant ce genre d’événement ? Moi, pas vraiment. Le réveil me sort néanmoins des bras de Morphée, après une nuit passée à me tourner, me retourner et à penser à tout ce que j’aurais pu oublier ou rajouter au vélo… En réalité, rien ne manque et je le sais parfaitement. Mais va dire ça à tes méninges quand ils en ont décidé autrement ! 6h00, réveil. 6h50, départ. 7h30, arrivée devant Jour de Vélo Bastille. Pierre-Charles est évidemment là, tout sourire et les thermos de café sont chauds et pleins. Les participant·e·s arrivent au compte-gouttes, qui bien réveillé, qui avec la marque du drap sur la joue, qui encore la clope au bec.

Il y a de tout au départ : des sérieux, des rigolards, des taiseux, des impatients et si j’écris au masculin par flemme de mettre plein de · partout, la présence féminine est aussi importante, comme sur beaucoup d’événements cyclistes. Les membres des Girls on Wheels et du GREW y participent en nombre et en force et c’est plus que tant mieux dans un monde du vélo longtemps doté d’un trop grand nombre de couilles. Est-ce le gravel ? Est-ce l’ultra distance ? Est-ce Paris ? Le monde d’aujourd’hui ? Je m’en fous, c’est juste bien et c’est l’heure du départ, toute digression devant s’achever à un moment ou à un autre.

Le départ se fait en groupe, toutes et tous ensemble ! Il y a un air de Classics Challenge, sauf que tout le monde transporte un petit bout de sa maison sur son vélo, ce qui est rarement (pour ne pas dire jamais) le cas sur les CC. La sortie de Paris, qui faisait un peu peur à certains, se déroule sans encombre et plutôt à gros rythme, la trace ayant le bon goût d’emprunter ce qu’il y a de pistes cyclables « convenables » jusqu’à VSG avant de suivre l’Yerres puis de s’enfoncer sur un single génial dans la forêt de Sénart.

L’ancienne voie royale de Fontainebleau nous emmène vers la forêt de Rougeau, pour ensuite retrouver la Seine et foncer vers Melun. La boulangerie de Seine-Port fait le plein de cyclistes et est le théâtre d’un petit regroupement, le peloton du départ s’étant éclaté et fonctionnant ensuite sous forme de petits groupes. C’est l’occasion de continuer la conversation avec Anne-Louise, entamée vingt bornes plus tôt, au sujet d’Extrême Ouest, une autre aventure à laquelle elle va participer et qui me fait de l’oeil. Sybille, retrouvée au départ quelques mois après la Bretagne, arrive aussi. Les viennoiseries sont avalées, les jambes refroidissent un peu, la journée est longue, on repart, avec Charles.

Pierre-Charles s’est posté à un endroit stratégique, peu après Seine-Port, pour capturer les pieds au sec, dans l’eau ou sur les roches ! Passage coquin, au milieu d’un parcours génial au ras des flots. Peu de temps après, au bord de la Seine, un cycliste en goguette croise notre route. La silhouette est familière mais Charles a la tête dans le guidon et ne calcule rien. Je n’en suis pas passé loin non plus, le cerveau étant plus concentré sur le pédalage que sur la reconnaissance faciale ! Frustré de ne pas pouvoir faire la trace dans son entièreté, Mat’ nous a rejoints par surprise sur le parcours et va nous accompagner pendant un bout, à bonne distance d’un possible accouchement express (je vous avais dit qu’il y avait de bonnes raisons).

Au niveau de Dammarie-les-Lys, la trace quitte la Seine mais, tout occupés que nous sommes à discuter, nous ratons le coche et n’entendons pas les cris de Lucile et Maud derrière nous ! Nous les retrouverons un peu plus tard pour rire ensemble de notre manque de concentration. Il est temps d’affronter la forêt de Fontainebleau, ses ornières, son sable, ses roches fantastiques, ses petites routes goudronnées fermées à la circulation, son Mathieu Pellerin posté pour faire des photos et de dire au revoir au cycliste en goguette pour affronter le reste de la journée à deux avec Charles.

Quelques mètres avant la buvette de Samoreau, un ravito en eau et café est prévu par Pierre-Charles, toujours aux petits soins de ses oisillons à deux roues. Anne, Thibault, Alexandra et quelques autres prennent l’ombre, d’autres sont en train de se restaurer à la buvette. Tout a l’air bon, aussi en profite-t-on avec Charles. Nous en sommes à 90 kilomètres depuis le départ et il en reste autant… il faut faire le plein et l’endroit est idéal pour ça. Le Leatherman de Charles change de mains pour aller se battre contre le dérailleur récalcitrant de Marine. Nous retrouvons une nouvelle fois Anne-Louise et Sybille, le temps de partager une partie du repas ensemble.

La trace continue de suivre la Seine, tantôt sur le chemin de halage, tantôt sur un bout de bitume, tantôt sur un single. On dépasse Champagne-sur-Seine pour rejoindre Montereau-Fault-Yonne et puis Marolles-sur-Seine. Ici, pas le choix, il faut quitter la Seine et traverser la plaine agricole. L’ambiance est américaine, surtout avec la quasi fournaise de ce début juillet. C’est un peu long et pas bon mais ça change et c’est totalement « gravel » pour ce qui est du type de piste et paysage, le gravel étant né outre-atlantique.

Le cimetière de Bazoches-les-Bray est fidèle à la tradition d’accueil des cimetières : les cyclistes peuvent y trouver de l’eau… Petite douche pour Charles, remplissage des bidons pour tous les deux. Yves nous dépasse à ce moment-là, avec son comparse dont le nom m’échappe alors que j’écris (!) en retrouvant la Seine. Nous en sommes à 140 km et Charles me propose de l’abandonner pour les derniers kilomètres. Il vient d’atteindre le maximum de distance parcouru de son vivant, sauf qu’il l’a fait en gravel ET vélo chargé, histoire de tripler la peine.

Nous nous connaissons depuis assez longtemps pour savoir que l’abandon est librement proposé et choisi ! C’est de toute façon le lot des longues distances à vélo, comme je l’expliquais sur le weekend breton. On roule ensemble, on se perd, on se retrouve… et ainsi de suite jusqu’à la fin. Charles n’est de toute façon pas seul puisqu’il roule ensuite un peu avec Pascal, le père de Nathan, avec qui je roule quant à moi ! Nous rattrapons Robby, en cours de réparation. C’est sa troisième crevaison du jour… Quant ça veut pas, ça veut pas et Nathan le dépanne d’une chambre à air pour finir la journée.

Celle-ci est presque terminée. L’ENBL, le club cyclo de Nogent-sur-Seine, nous attend face à la ville, à l’ombre, avec un ravito en eau, sucreries et fruits plus que bienvenu ! Les échanges sont enthousiastes et parmi les accueillants, plusieurs semblent sacrément tentés pour tenter l’aventure l’an prochain. Le gravel et le bikepacking sont des objets assez séduisants, force est de le constater au fil des échanges et des sorties. Mais allez, il faut repartir, avec Charles de nouveau pour observer de très (très) près la centrale nucléaire de Nogent.

Les derniers kilomètres se font à un rythme un peu décousu. Je rattrape Yves et son comparse, le premier finissant par terre à cause de ces fichues ornières embroussaillées dont on ne sait jamais si elles font 2 ou 10 cm de profondeur. Le temps de le sécuriser, de m’assurer que tout va bien, de faire trois blagues, Charles est de nouveau là et nous arrivons au camping choisi pour cette première nuit, celui des Joyeux Campeurs de Pont-sur-Seine.

Anne et Thibault sont en terrasse. Alexandra et son chéri (encore un prénom qui m’échappe !) arrivent peu après, déjà douchés quant à eux ! Nathan arrive, son père Pascal arrivera un peu plus tard. Après quelques hésitations, les deux premiers décident aussi de rester et nous voilà donc huit participants de SCOPS Along à dormir sur place. La bière est bonne, la pizza et les burgers sont tout à fait honnêtes, les douches sont propres et les patrons sont adorables. Nous fûmes donc d’heureux campeurs en plus d’être d’heureux cyclistes après cette première journée.

Jour 2 / de Pont-sur-Seine à Châtillon-sur-Seine :

Après une nuit d’abord chaude et ensuite froide (quelle idée de rouler mon duvet en boule, aussi, hein), la seconde journée commence sous les meilleurs auspices : la boulangerie de Pont-sur-Seine est ouverte ET elle est délicieuse ET elle fait du café. Bon, la journée continue un peu moins bien puisqu’une sangle de Charles décide de se défaire et de venir s’emmêler dans sa roue arrière. Heureusement, c’est la sangle qui lâche… et la route pourra continuer. Juste derrière, Thibault a décidé de prendre une ornière comme Yves le jour précédent. Quant à Pascal, il continue à avoir des galères avec ses sacoches qui semblent partir à vau-l’eau après avoir passé un stress test de 200 kilomètres.

La trace nous fait passer d’un village à l’autre, avant de retrouver la Seine à Conflans puis d’emprunter une partie du canal de la Haute Seine à hauteur de Marcilly. Le groupe de Pierre nous rattrape et nous dépasse, à bon rythme (filez lire son récit !). Peu après Méry-sur-Seine, la trace passe de l’autre côté du canal, pas du tout aménagé tandis que sa rive sud a tout de la piste cyclable ! C’est moins roulant, mais c’est gravel, mais c’est moins roulant. Charles a les pattes un peu plus raides aujourd’hui, chose bien normale ! Il décide de poursuivre sur le canal du « bon côté » tandis que je continue la trace à travers champs.

J’y rattrape Sybille, ainsi que Sophie et Sophia, je retrouve également Lucile et Maud. Après une cinquantaine de kilomètres et alors que les difficultés de la journée n’ont pas encore commencé, la tentation est grande de faire comme Charles pour rallier Troyes le plus vite possible. Anne et Thibault, rattrapés à la faveur d’une crevaison de la première, feront ce choix, tout comme d’autres. C’est l’avantage de SCOPS Along, il n’y a aucune obligation de suivre la trace quand on ne le souhaite pas ou plus, qu’on a envie de couper ou de prolonger. Chacun est libre et aucun jugement n’est émis par qui que ce soit !

Je choisis de ne pas suivre la trace à un moment également et j’évite un chemin parallèle que j’aperçois, blindé de tuiles concassées. C’est sur ce genre de terrain que quelques semaines plus tard, je verrai Marie déchirer son pneu ! Le dernier écart de la trace par rapport au canal, à quelques kilomètres de Troyes, m’emmène aussi sur quelques tronçons de ce type mais aussi et surtout sur une superbe portion technique et roulante, un régal pour bien se chauffer les jambes avant d’arriver aux cycles Chailley, en banlieue de Troyes, où café, eau, pizza, chambres à air neuves et menus réglages ou réparation sont à notre disposition. Du ravito de qualité, une nouvelle fois et Pierre-Charles, au rendez-vous, à l’écoute et disponible pour tous conseils et retours sur la trace.

La météo étant menaçante, je reprends la route peu après Charles, que j’ai retrouvé sur place. Il roule avec Nathan et je les rattrape quelques kilomètres plus tard, après avoir bien papoté avec le groupe de Pierre, Marine, Anne-Louise et autres affamés de la pause du midi ! Nous allons rouler tous les trois pendant un bon moment, rejoignant et dépassant villes et villages avant d’arriver à Bar-sur-Seine où une boulangerie est ouverte ! Pause déjeuner. Nous repartons alors que le groupe de Pierre arrive.

Les gros morceaux de la journée nous attendent : trois montées assez sympathiques ! Il y a d’abord un petit échauffement à Merrey-sur-Arce et enfin, à Celles-sur-Ource, le premier raidard qui me fait explorer à ses deux tiers. Je mets pieds à terre et laisse Nathan finir sur le vélo ! Une pause s’impose et nous voyons arriver trois petits points au loin. Lucile et Maud ont rattrapé Charles. La première va également faire la montée dans son ensemble, faisant des S absolument parfaits dans la côte à 15 ou 16% ! Master class. Maud et Charles feront comme moi, à pieds et même à pieds, c’est raide !

Les paysages sont en tout cas superbes mais nous nous en arrachons, Charles nous disant de filer ! Je ne le sais pas encore mais je vais passer le reste de la journée avec Nathan, après avoir quitté Lucile et Maud peu après le ravito en eau et la pause photo de Pierre-Charles qui nous attend le sourire aux lèvres après la première montée ; l’occasion de nous glisser que sur la 600 km, il a mis une montée supplémentaire, encore plus raide et faisant partie du Tour de France féminin de l’an passé. Il est taquin avec ses participant·e·s, Pierre-Charles.

La seconde montée, après Essoyes et son joli centre-ville, est avalée sans soucis. La troisième, après Grancey-sur-Ource et son cimetière bienvenu pour faire le plein de gourdes, également. Longue, peu pente et en forêt, elle se fait à bon rythme, calé sur la fréquence qui va bien pour ne pas faire péter le cardio. On peut après ça savourer la grande descente en cours de réfaction jusqu’à Villers-Patras. Ambiance ski dans cette descente où le stabilisé pas tout à fait stabilisé se comporte comme une piste damée où le vélo peut glisser des deux roues !

C’est bientôt l’arrivée. Une dernière montée, à hauteur de Vix, mène au point de bivouac de cette seconde journée, sur le Mont Roussillon. Je n’y dormirai pas, ayant réservé une nuit au camping municipal de Châtillon-sur-Seine, mais la vue méritait largement d’y monter ! Un petit groupe et un Pierre-Charles sont là à débrieffer de la journée, ayant déjà fait leurs emplettes à Châtillon. Pour ma part, après la photo souvenir, je file vers le bourg et le camping.

Alors que je suis en plein montage de tente, un « wouhou » se fait entendre derrière moi. Nicolas, local de l’étape chez qui nous dormirons Charles et moi le lendemain soir a fait la route jusqu’à Châtillon pour passer la soirée avec nous ! Direction le restaurant, en voiture (c’est sympa, cette invention, parfois !), pour aller dîner, en compagnie de Nathan et Pascal et à proximité d’une tablée complète de membres SCOPS Along. Il y d’ailleurs foule ce soir là au camping, dont JB, Sophie, Sophia, Alexandra et son chéri, etc. Toutes et tous apprécieront les lampadaires du camping allumés toute la nuit…

Jour 3 / de Châtillon-sur-Seine à Dijon :

Malgré la petite nuit du fait de la grande chaleur et de cette foutue lumière (c’est dommage parce qu’à côté de ça, le camping était nickel), je me réveille avec les jambes bien comme il faut ! Il y a pléthore de boulangeries à Châtillon-sur-Seine et après un café / viennoiserie dans la première, la seconde offre son lot de chaussons et autres petites choses salées pour le reste de la journée. En effet, il ne faudra pas trop compter sur les ravitos solides sur cette dernière journée de SCOPS Along, dimanche et relatif isolement obligent.

Cela monte doucement au début et les sentiers sont agréables. Nous roulons en petit groupe. Charles, Pascal, Nathan, Sophie, Yves et Sophia sont mes compagnons du début de la journée, avant que les premières montées ne fassent un peu éclater le groupe. Je me retrouve ensuite avec Nathan mais la seconde montée m’en sépare. Me sentant en plutôt bonne forme et me disant que j’ai tout intérêt à en profiter, je continue mon chemin en solitaire, rattrapant un autre participant dans la forêt.

La descente vers Saint-Marc-sur-Seine achève de creuser l’écart. Je rattrape Sybille dans la montée suivante, en souffrance depuis sa chute parisienne la veille du départ. Je continue sur le plateau agricole suivant, puis passe devant le château église de Quemigny-sur-Seine. Bidons pleins, je continue et dépasse Marine, en train de se rafraîchir à une fontaine publique à hauteur de Duesme. Elle me rattrape un peu plus loin, alors que le sentier emprunte un bout de GR à travers bois.

Nous allons passer le reste de la journée ensemble, peu ou prou. Les kilomètres qui suivent sont un régal de vélo, alternant entre single forestiers, montées un peu techniques, passages roulant et réseau secondaire dénué d’autos. La faim commence à se faire sentir et nous prolongeons après rapide discussion jusqu’en contrebas de Chanceaux où la trace franchit la Seine, à peine ruisseau à cet endroit. Bon, l’endroit n’est pas aussi idyllique qu’escompté mais il y a de l’ombre et nous sommes tranquilles pour la pause dej’ !

A Chanceaux, nous retrouvons Yves, en train de se rafraîchir lui aussi à la fontaine du coin. Sybille nous dépasse pour s’arrêter au cimetière voisin, la tête dans le guidon. Nous repartons tous les trois, Marine, Yves et moi pour affronter la suite du parcours, bidons pleins et sous une chaleur franchement pas commode. Les sources de la Seine font l’objet d’un arrêt photo obligatoire, nous sommes à mi-distance, aussi ne nous attardons-nous pas pour filer affronter le gros des bosses de la journée.

Entre Bligny-le-Sec et Panges, de superbes paysages de plateau, peuplés d’éoliennes tout à fait photogéniques, s’enchaînent. Le vent nous arrive dans la face mais il est bienvenu, faisant tomber la température perçue de quelques degrés, alors que le ciel est d’azur et qu’il n’y a pas de nuage significatif à signaler. Une dernière montée dans les bois nous mène au bord de la descente finale. Nous sommes à Baulme-la-Roche, village que je connais bien pour en avoir arpenté les routes voisines !

La descente est un délice mais elle est de courte durée car Pierre-Charles nous a laissé une dernière difficulté avant de retrouver le canal, un dernier petit raidard ! Qu’importe, on l’avale, sachant que c’est le dernier et puis on entame la descente à travers roches. Je commence à ce moment-là à en avoir un peu marre, ça sent l’écurie, j’ai très (très) envie d’arriver (vite). Je prends alors un peu d’avance et retrouve Nathan et Kévin après un dernier passage à travers-champs.

Le canal est là et nous le suivons à bon rythme en direction de Dijon. A Fleurey-sur-Ouche, la trace quitte le canal pour ce que je suppose être le dernier single de SCOPS Along. Il reste à peine vingt kilomètres et je me dis qu’il est temps de lâcher totalement les chevaux et de prendre une dernière grosse dose de plaisir gravel ! Full gas sur ce dernier tronçon et quitte à se cramer, autant continuer ainsi jusque Dijon ! Je tente de maintenir un quasi 30 km/h sur le canal, poussant et tirant sur les pédales autant que faire se peut.

Après le lac Kir (de Kir ? du Kir ?), je relâche, arpentant la promenade de l’Ouche à faible allure. Alors que je retrouve la circulation, un « bip bip » caractéristique des GPS Garmin résonne derrière moi. Marine, en compagnie de Nathan et d’un autre participant, m’ont rattrapé en s’accrochant à un groupe de cyclos sur le canal ! Ah, les malins, je n’aurais pas été contre un petit coup de relais moi aussi et c’est d’ailleurs ce que je fais pour la fin, me collant dans leurs roues pour profiter des derniers hectomètres.

Nous voilà à l’arrivée. Un gymnase est là pour nous, avec toilettes et douches à disposition. Les boissons fraiches sont disponibles en nombre, avec tables et bancs à l’ombre. Nicolas me rejoint quelques minutes à peine après que je sois arrivé, magie du tracker GPS oblige. On se pose, on papote, on profite, on échange avec toutes et tous les autres arrivés là depuis deux heures, vingt minutes, avant ou après. Les salves d’applaudissements résonnent à chaque nouvelle arrivée.

Sophie et Sophia arrivent. Lucile et Maud aussi. Anne et Thibault également. Et voilà Kevin et puis Charles qui arrivent. La tireuse à bière est branchée. On prend tous le temps de prendre le temps, je bois un coup avec JB avec qui je n’aurai finalement pas roulé du parcours, je restitue le tracker GPS, signe que ça y est, c’est bel et bien fini. Je suis tiraillé entre la joie d’avoir fini et la nostalgie dont je vois poindre le bout du nez. Aussi, il y a la joie de passer cette soirée avec Charles et Nicolas, ça fait si longtemps et puis le déchirement de quitter le groupe avant que la soirée ne batte son plein. Que ce soit maintenant ou plus tard, ce sentiment sera là, comme il l’a été en Bretagne, comme il le sera sur toutes les « courses » de ce type à venir.

Jour 4 / les virages de Saussy… ?

Après une bonne nuit à Salives (fatigue + soirée – bien – arrosée + un LIT), le réveil se fait en douceur, au bruit de la cafetière alimentée par Charles, lui aussi réveillé tôt tandis que le taulier dort encore (alors qu’il n’a pas fait 450 bornes, lui !). La matinée est tranquille, ponctuée par l’arrivée des parents de Charles qui l’emmèneront attraper son train non loin de la maison familiale, à Bar-sur-Aube. Un déjeuner plus tard, j’ai toujours la possibilité de jeter le vélo dans le camion mais je n’en ferai rien : j’ai envie de rejoindre à Dijon à vélo… et j’emprunte pour ce faire la route poncée à de multiples reprises avec des machines à quatre roues toutes plus fantastiques les unes que les autres.

C’est fou comme à vélo, tout va plus lentement, mais tout est plus beau. Je découvre, en route vers Moloy, la profondeur de la forêt entourant le centre CEA local ; je découvre aussi les menues montées et descentes qui d’ordinaire sont absorbées sans effort et puis je retrouve la grande descente vers Moloy. Le 40×11 atteint comme souvent vite ses limites mais le plaisir est là avant de retrouver la côte de Moloy, de l’autre côté du village. Au plateau succède une belle et longue descente et la montée, rude et au soleil, vers Saussy. Les virages de Saussy sont secs, comme souvent.

Sec, je le suis aussi en arrivant au sommet, bien content d’avoir absorbé la dernière grimpette et de pouvoir désormais faire tournicoter les jambes sans grands efforts. Tout ou presque n’est que descente désormais, vers le coeur de Dijon et à travers ses banlieues plus ou moins cyclables. Je me perds volontairement dans le centre-ville, évitant toutefois la zone piétonne, en cherchant une placette où j’avais déjeuné avec les potes il y a quelques années. L’envie est grande de revenir à Dijon ou Is-sur-Tille pour continuer d’arpenter ces routes connues, autrement.

Sur la placette de Dijon, c’est l’heure du goûter en attendant l’heure du TER. La moitié de celui-ci tombe en panne au départ de Dijon et me force à m’entasser tant bien que mal dans la seule rame survivante. Nous étions trois de SCOPS Along à nous être retrouvés sur le quai, nous voilà séparés, non par la distance mais par la SNCF… Dommage, je me réjouissais de les avoir retrouvés et de passer les trois heures du trajet en leur compagnie. Il y aura d’autres occasions, à n’en pas douter.

On remet ça ?

En un mot : OUI. Déjà, les deux acolytes ayant manqué à l’appel cette année doivent le faire… alors autant les accompagner et faire ce qui était prévu cette année ! Ensuite, on s’est dit avec Charles que ça pourrait être sympathique de le faire en mode plus léger, avec dodo en dur, pour une autre expérience. Enfin, après nous avoir accueillis, Nicolas a écrit les mots suivants sur notre petit groupe WhatsApp : « Tain vous m’avez un peu chauffé avec vos vélos de hipster moustachu » ; il ne s’agit donc plus que d’attendre un peu avant qu’il ne craque pour une jolie machine ! Gageons par ailleurs qu’il verra les images de mes futurs trajets : Aix-Milan et Rennes-Ouessant, ce qui devrait précipiter la bascule…

Plus de photos (plein) (trop) (vraiment trop) :
Les traces Strava de ces quatre belles journées :
Jour 1 :

Jour 2 :

Jour 3 :

Jour 4 :