Jeudi dernier, j’ai eu l’opportunité de tester un véhicule clairement pas comme les autres : la Reva. Alors, qu’est ce que c’est que cette voiture ? La réponse est simple : ce que l’on peut considérer comme la première voiture électrique à destination du grand public (en plus des collectivités déjà friandes de ce type de véhicules).
Nous avions donc rendez-vous avec l’équipe en charge de l’importation et de la diffusion de la Reva en France pour une présentation du concept et un essai rapide : Murano > République > Basille > Murano (le Murano étant à mi-chemin entre Bastille et République, pour info !). Petit bilan …
Tout d’abord le concept. La Reva se veut une voiture urbaine ou péri-urbaine : circulations quotidiennes de l’ordre de 30 à 40 km : pour aller au travail, aller à un rendez-vous, etc. Pour cela, elle mise sur un encombrement extrêmement limité (taille à peu près équivalente à celle d’une Smart), une autonomie convenable (entre 80 et 120 km en fonction de la conduite et du type de batteries) et un aspect fonctionnel pur et dur; sans oublier un coût de revient ridicule : entre 1 et 2 € pour 100 km parcourus (étant donné qu’on peut la recharger sur une prise électrique 220V classique !) et 0 rejets toxiques une fois en circulation.
Avec cette philosophie, soyons bien clairs, c’est la mort de l’automobile « passion » qui est actée : oubliez vos modèles sportifs, vos vitesses et vos accélérations dignes d’un avion de chasse, il s’agit ici de se déplacer, simplement et efficacement, rien de plus, rien de moins, et c’est après tout ce qu’on recherche en usage purement urbain.
Avant de vous donner mon retour d’expérience, petit arrêt sur le prix : entre 11 et 16 k€ selon le type de batteries et les options choisies. Soyons clairs, c’est cher pour ce que c’est (une micro-voiture citadine) … MAIS on paye pour ce prix une technologie encore neuve et surtout de pointe qui équipe sous d’autres formes les modèles Venturi, facturés à un prix nettement supérieur (comptez un 0 de plus à la fin du prix …). Donc cher, oui, mais ce n’est clairement pas possible de beaucoup descendre en dessous tant que la technologie ne sera pas plus démocratisée !
Ensuite, la conduite. La voiture est une quatre places potentielle mais le très faible espace ainsi qu’une suspension arrière ultra raide font qu’on va plutôt la considérer comme une deux places, les deux autres étant donc là pour des occasions particulières : retour de soirée avec un pote pas trop grand ou direction l’école avec les petits. Nous étions donc 3 dans la voiture au moment de l’essai, Yann et Osmany m’accompagnant en tant que copilote (me prenant en photo au flash, saloupiaud, ça aveugle !) et cameraman (damn it, je me déteste en vidéo !) : autant vous dire que la voiture était chargée.
Bon, malgré cela, la voiture se comportait bien : accélérations correctes en mode « boost », nettement plus légères mais suffisantes en mode « drive », confort correct à l’avant avec une sellerie cuir sympathique, plus raide à l’arrière : c’est « suffisant » pour se déplacer d’un point A à un point B.
C’est ce que nous avons fait, à une heure de pointe : traverser Bastille et République au volant d’une voiture microscopique ! Aucun problème, la voiture s’insère bien dans la circulation, on s’y sent à l’aise quoiqu’un peu à l’étroit, je n’ai pas hésité une seule seconde à garder mon type de conduite habituel (à savoir dynamique mais pas « comme un cochon ») et tout s’est bien passé.
Toutefois, je n’ai pu m’empêcher de relever quelques points négatifs, en bon passionné d’automobile que je suis : des finitions franchement limites avec des plastiques vraiment cheap qui mériteraient d’être améliorés (je suis prêt à payer plus pour avoir une finition globale plus sympathique), les commandes à droite du volant (normal, la voiture vient d’Inde et on a donc simplement déplacé le poste de conduite de droite à gauche !) et surtout un freinage clairement pas sécurisant. C’est pour moi le gros point noir de cette voiture car j’accorde une très grande importance au freinage, que l’on soit prévoyant / doté d’une bonne anticipation ou non : à Paris, il faut qu’une voiture puisse freiner vite ET bien. Ici, c’est « limite » : pédale spongieuse et voiture qui se dandine un peu trop quand on rentre un peu dans les freins : à améliorer car sans cela, on se sentirait très bien dans cette voiture.
Bilan … mitigé donc ! Mon « problème » tient en deux points : le freinage que je trouve « limité » et une inquiétude en circulation citadine : la voiture a passé les différents crash-tests urbains et est donc logiquement sûre, mais je n’ose pas trop imaginer un BMW X6 (complètement useless en ville, mais bref … … …) percutant une Reva.
Après, je suis très (mais alors très !) clairement convaincu par ce concept de voiture « propre » (je ne me suis par contre pas renseigné sur la fabrication, les matérieux utilisés, les certifications ISO 14001 ou RoHS …) fonctionnelle et pratique, qui coûte 1 ou 2 € par km parcouru. Le prix d’achat pourrait aussi en faire fuir quelques uns mais je vous prierai de calculer le prix de revient de votre véhicule essence/diesel traditionnel avant de venir critiquer le prix de vente initial de la Reva.
En tant qu’acheteur potentiel d’une voiture, ma passion pour les véhicules sportifs me bloquera toujours car je considère toujours à l’heure actuelle la voiture comme une liberté et un vecteur de plaisir … mais en tant qu’utilisateur citadin ou occasionnel (exemple : des Reva mises en places dans le réseau Mobizen, qui sait ? ou dans le futur AutoLib’ parisien ?), je suis fermement intéressé.
Bref, la Reva est à mes yeux la préface de l’automobile de demain : l’avènement de voitures propres et fonctionnelles, reste à y ajouter un zeste de passion et de performance brute pour que je signe des deux mains et les yeux fermés. D’ici là, je ne souhaite qu’une chose : en croiser régulièrement, que ce soit en tant que véhicule particulier ou en location.
Et sinon, si vous voulez la tester, rendez-vous sur le site français de la Reva !