Le Styx coule à l’envers – Dan Simmons

Lire un roman de Dan Simmons est une sorte de plaisir toujours renouvelé… cet homme aurait-il un talent permanent ? C’est en tout cas ce que sous-entend la préface de ce recueil de nouvelles, signée par Harlan Ellison, l’homme qui a découvert Dan Simmons il y a de cela pas si longtemps et qui nous raconte donc la stupéfaction ressentie à la lecture de cette nouvelle qu’est « Le Styx coule à l’envers », présentée lors d’un atelier d’écriture, le dernier auquel participait Dan Simmons avant d’abandonner toute tentative d’écriture et d’édition… Drôle de coïncidence. Et quel coup de chance aussi ! Nous aurions pu rater l’un des écrivains les plus brillants qui soient.

Et dans chacune des nouvelles que compte ce recueil, il s’attèle à la tâche difficile qu’est de générer notre admiration et notre émerveillement, avec une petite préface expliquant la genèse de chacune d’elles. Enrichissante expérience que celle d’avoir le point de vue de l’auteur avant d’attaquer la lecture.

On commence par « Le Styx coule à l’envers », une nouvelle magnifique sur les Résurectionnistes permettant à nos morts de revenir parmi nous, une métaphore splendide sur l’amour et le seul héritage qu’il constitue finalement lorsque sonne l’heure du bilan de nos vies.

Ensuite, c’est « Vanni Fucci est bien vivant et il vit en Enfer », une vibrante attaque contre les télévangelistes confrontés au débarquement soudain de l’œuvre de Dante ! Puis « Passport pour Vietnamland », une plongée en plein Vietnam remodelé, gavé de parcs d’attraction censés faire revivre l’intensité de cette guerre traumatisante pour l’Amérique.

Et cela continue, « les Fosses d’Iverson » sur la bataille de Gettysburg, « Mes Copsa Mica » sur le cancer, l’horreur, la mort, de loin la nouvelle qui m’a le plus attaqué le corps et l’esprit par sa violence. Et puis « Métastases », une nouvelle affolante sur le cancer, « le Conseiller » sur le rôle du conseiller dans le monde de l’éducation, « Photo de classe » de même… et d’autres encore.

Et l’ensemble de l’œuvre est splendide, remarquablement écrit et surtout très imaginatif. Et même si tout cela est une forme de fiction, on sent au delà de ce genre littéraire une critique permanente de notre société, une mise en abîme de nos maux dans un cadre imaginaire. Violent, éprouvant et jouissif à la fois.

Bref : ruez vous dessus, c’est de la littérature au sens premier du terme, un mélange d’imaginaire, d’écriture splendide, de critique sociétale et surtout, Dan Simmons, tout comme Ray Bradbury, est un musicien des mots, un « vrai » écrivain. Cela se sent, cela me fait vibrer, cela me transporte. C’est cela qu’on devrait ressentir à chaque fois que l’on lit.

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