C’est quoi cette affaire ?
Après les trois jours avec Poco Loco en Bretagne et en constatant que tous les TGV avec option « vélo non démonté » étaient pleins, j’ai eu la tentation de prolonger un peu mon séjour en Bretagne. Camille, membre de l’équipage Maison du Vélo avec lequel je m’étais inscrit, avait de son côté prévu de rester quelques jours dans le coin avant de redescendre dans sa famille sur Quiberon. J’ai suggéré les Monts d’Arrée pour les avoir déjà arpentés et m’être fortement ému des incendies en ayant ravagé une partie l’an passé ; j’avais envie de les revoir, à vélo, pour les redécouvrir plus lentement, différemment, pour marquer d’un coup supplémentaire cette transition progressive du roadtrip au biketrip que je suis en train d’opérer sans renier le premier, qui a certains avantages que le second n’a pas et réciproquement. Y avait plus qu’à…
Jour 1 / de Landerneau à Commana
Un café, un petit-déjeuner, un petit coup de TER et nous voilà à Landerneau pour une journée moitié plus courte en termes de kilométrage que les trois jours précédents ! Un peu plus de 70 kilomètres au programme mais de la grimpette il y aura et elle commence rapidement, après la rapide traversée (en descente) de Landerneau. Une petite pause café / boulangerie s’impose d’office, à Dirinon, après avoir admiré son joli clocher. Le soleil brille franchement, le troquet du coin nous accueille avec les pâtisseries de la maison d’en face et il remplit même nos gourdes. La journée commence sous les meilleurs auspices avec une nouvelle descente à suivre jusqu’à l’abbaye de Daoulas.
Celle-ci est classée jardin remarquable et se visite, bien évidemment, mais ce sera pour une autre fois car le temps a déjà pas mal filé et nous avons encore beaucoup de kilomètres à faire. Un peu de route, un peu de forêt et un peu de gravel aussi, avec un chemin qu’on ne distingue plus du tout. Alors on improvise une autre trace, à la volée, direction le ruisseau du moulin du Cann que l’on franchit sur un petit pont. L’envie de trempette est forte car il commence à faire chaud et faim. Cela tombe bien, à Ty Croas, il y a un routier qui est ouvert et il est fameux ! Buffet à volonté, lasagnes délicieuses et far breton. Faut repartir ?
La configuration des routes et sentiers nous oblige à prendre un gros bout de départementale très roulante, avec quelques camions, fort heureusement en descente et donc à haute vitesse. Voilà qui permet de vite s’échapper de ce traquenard obligatoire pour retrouver ensuite les jolies petites routes secondaires qui ondulent sur les crêtes de ces collines voisines des Monts d’Arrée. Les monts, on les voit au loin, mais nous n’y sommes pas encore. Avant cela, il faut rejoindre Lampaul-Guimiliau et (re)découvrir son enclos paroissial, sa splendide église aussi.
Peu de kilomètres plus loin, c’est à Guimiliau qu’il faut s’arrêter. Je retrouve cet enclos paroissial que je connais déjà, superbe, paisible, d’une richesse incroyable. Saint-Thégonnec, que je ne connaissais pas, est la prochaine étape. L’église et l’enclos sont aussi massifs qu’annoncés ! La suite de la route passe par Saint-Bri(bri)gitte et pour une raison qui m’échappe, ma montre arrête d’enregistrer l’itinéraire. Je m’en rends compte quelques kilomètres plus loin, alors que la route monte doucement mais franchement vers le campanile de Commana, visible de loin.
Ce sera la dernière étape du jour, avec une interrogation qui commence à poindre : où mange-t-on ce soir… ? Car tout est fermé à Commana, pourtant pas un si petit village… Bonne nouvelle toutefois, en regardant aux alentours du camping du lac du Drennec, il y a un pub à Saint-Cadou ! Il est ouvert, la bière y a l’air bonne et le burger/frites y était très correct, avec en bonus une petite trace à vélo de quelques kilomètres à peine au bord du lac, pour achever de s’ouvrir l’appétit et entamer la digestion au retour.
Jour 2 / de Commana à Châteaulin
Bien dormi ? Fraîchement… La température est tombée, certes moins bas qu’à Etel, mais doublée d’une forte humidité du fait de la proximité du lac du Drennec. Bon, c’est passé, mais ça a picoté un peu à certains moments pendant la nuit ! On remballe rapidement par conséquent et la première mission se nomme « boulangerie ». Mauvaise nouvelle, il n’y en a pas tout de suite, mais vraiment pas tout de suite… Il va donc falloir pédaler, à jeun, par 4-5°C, sous un ciel grisonnant.
Cette ambiance « spooky » à souhait perdure sur les premiers kilomètres. D’abord la montée sur les hauteurs de Commana avec le campanile dans la brume et puis ensuite le joli village de Botmeur. Toujours pas de boulangerie… Le village de la Feuillée sera notre sauveur avec de s’approvisionner en gras, sucré et salé mais aussi un bar voisin au chat fort sympathique. Parfait pour « vraiment » entamer la journée, après 15 km à faire tourner les jambes, heureusement sans gros effort.
La centrale nucléaire de Brennilis et son lac de retenue continuent de nous accompagner, voire nous guident, puisque la trace prévue par Camille nous emmène en terres de gravel, sur des sentiers détrempés mais amusants à souhait, sur les hauteurs du lac. Il faut bien choisir où l’on met ses roues à certains endroits et définitivement bien choisir sa flaque pour éviter d’avoir les pieds mouillés ! Du fun, le ventre plein et avec le paysage qui va bien. Qui dit mieux ?
Mais à un moment, les Monts d’Arrée, ce sont des monts… et il faut grimper ! Direction le Mont Saint-Michel de Brasparts, dont la chapelle fut sauvée des flammes l’an passé et est en pleine restauration. Il y a un vent pas possible là-haut, comme prévu. La lande, désolée, calcinée, se teinte ici et là de nuances de vert. La nature reconquiert petit à petit ce qui fut perdu. Le mont ressemble à un petit Ventoux, pour le moment, avec sa pierre blanche apparente. Le contraste entre mes souvenirs et ce spectacle est saisissant.
Le début de la descente du mont, très VTT, se fait à pieds ! La pente est forte, les caillasses tranchantes, aucun intérêt d’y risque le vélo chargé. Direction Brasparts et son enclos, avec un cimetière offrant une fort belle vue aux défunts mais aussi aux cyclistes avides d’un coin calme pour déjeuner au soleil ! Il y a ensuite la jolie chapelle de la Trinité à Pleyben mais aussi quelques raidards pas piqués des vers pour finir, avant la descente finale vers Port-Launay puis Chateaulin où nous attend le TER en direction de Quimper.
C’est d’ailleurs mignon comme tout, Chateaulin, même si c’est surtout fait pour la voiture et que ça pourrait être un paradis, autrement ! Attablé pour un dernier café / bière (choisissez) à la Cave du Bistronome, je reçois un SMS me disant que mon TGV du soir a quelques soucis… Un plan B m’est proposé par la SNCF, avec un TER entre Quimper et Lorient puis mon TGV, comme prévu. Bon, cela injecte malgré tout une petite dose d’inquiétude pour la fin du parcours mais le chef de gare de Quimper me rassurera quant au suivi. Tout est bien qui finit bien pour cette fois !
Et t’as dormi où ?
Après deux nuits en camping, j’ai passé la première nuit à l’hôtel de la Gare, à Quimper. Doté d’un label accueil vélo, ce fut parfaitement confortable (après le camping mais le lit et la salle de bain l’étaient pour de vrai, confortables) et le vélo fut en sécurité, bien que parqué sur de tristes pince roues… La propriétaire a prévu de faire quelques changements, notamment sur la partie stationnement et c’est heureux ! Et puis c’est quand même bien pratique pour choper le train le lendemain matin. Pour la nuit intermédiaire, celle-ci s’est déroulée au camping Le Drennec, idéalement situé à quelques kilomètres de Commana, au coeur des Monts d’Arrée (et autant du pub St Hubert à Saint-Cadou, parfait pour manger et se désaltérer après la journée).