Dernière lecture en date, le Créateur Chimérique de Joëlle Wintrebert. Ce qui m’avait attiré sur la couverture, assez mystique au demeurant, c’était la petite banderole « Grand Prix de l’Imaginaire 1989 »… car oui en général c’est un gage de qualité non négligeable pour ce qui est de la SF.
Bien m’en a pris puisque le livre est aussi bien que le prix obtenu pouvait le laisser présager. On y suit le parcours de Damballah, un Ouqdar sur la planète Farkis. Hum. Beaucoup de noms étranges n’est ce pas ? Les Ouqdars sont des êtres dont la reproduction se fait par parthénogenèse, autrement dit ils donnent naissance à un double en tout point identique…
Noirs, couverts d’écailles, adaptés au milieu aquatique, les Ouqdars n’en sont pas moins humanoïdes et la question se pose rapidement : sont-ils des êtres humains ? Où sommes-nous vraiment ? Parallèlement à ces interrogations, Damballah montre vite toute l’étendue de sa différence avec ses prochains puisque quand vient pour lui le moment de donner naissance à son double, il s’avère que celui-ci n’est pas noir, mais blanc ! Terrible singularité dans un monde où tout semble immuable.
Le reste du roman, c’est donc la fuite du même Damballah avec son double, loin du jugement de la Cité et de la déesse à tête de lion qui régit leurs vies au travers d’un oracle assez discutable. Cette fuite le mènera de cité en cité, de défi en défi jusqu’au final qui fait toute la lumière sur Farkis et son système.
Le roman est brillant, tant part sa capacité à nous plonger dans un univers à la fois semblable au notre et profondément différent. C’est une ode à la différence et à la liberté, mais aussi un roman humaniste sur le devenir de l’humanité et ses possibles. On se prend au jeu d’imaginer ce qu’il se passe réellement sur Farkis mais l’auteure arrive au final à nous surprendre et à peindre un futur réaliste et une foule de possibilités pour la fin de l’aventure.
Une belle lecture, indubitablement.