Pour ce qui s’annonce comme étant la dernière journée de randonnée du séjour alpin estival en Maurienne, la météo n’a pas l’air mal… alors pourquoi ne pas aller chercher un coin tout à fait paumé et paradisiaque et pour ainsi dire dénué de randonneurs ? Allez…
Le parcours en question emprunte deux des vallons très secrets et préservés de la municipalité de Bramans : le vallon d’Ambin et le vallon d’Etache. Nous sommes à deux pas du Mont Cenis, tandis que les deux autres vallons de Bramanette et Savine sont quelque peux jaloux de mon choix. Tant pis pour eux.
La randonnée commence au hameau du Planay, dans le vallon d’Ambin déjà. Il faut se coltiner quelques kilomètres d’asphalte et de piste au début de la randonnée pour rejoindre le parking suivant accueillant une majorité des voitures de randonneurs… Si c’était à refaire, je ferais pareil : poser la voiture à la fin « intéressante » de la randonnée en boucle et commencer par du bitume et surtout pas l’inverse.
Depuis le parking, la vraie randonnée dans le vallon d’Ambin commence avec à droite une crête de sommets trônant tous à plus de 3000 mètres d’altitude. Une foule de pointes impressionnantes, en somme, mais ma concentration est surtout dédiée au troupeau de chèvres et boucs ayant décidé de faire l’ascension en même temps que nous !
Heureusement, après un bon kilomètre, la foule d’animaux au regard satanique s’arrête pour brouter paisiblement alors que la pente augmente petit à petit. Y aurait-il un lien ? Je n’ose l’imaginer. Peu importe, car le paysage est splendide et fait rapidement oublier les ovins et caprins sus-cités. Le refuge d’Ambin est atteint, on peut passer à la suite de la balade.
C’est peu après ce moment et le croisement avec une jolie troupe de bovins que j’ai bêtement ignoré la vibration de ma montre m’indiquant que je me trompais de chemin. J’étais censé bifurquer à droite vers un pont mais à ma décharge, les panneaux et le balisage étaient tout sauf clairs. Bref, j’ai continué mon chemin tout droit vers le lac d’Ambin. Si vous suivez ma trace Strava, pensez bien à bifurquer avant…
Un demi-tour plus loin, je trouve enfin le petit pont bien planqué et je m’attaque à la montée, raide et sèche, qui mène au Lac Noir. Le paysage s’élargit avec l’altitude, superbe. Surtout, on débarque à un moment dans un paysage morainique absolument splendide. Entre eau ruisselante, pierriers et moraines, l’ambiance est montagnarde au possible.
La suite de l’ascension passe par une rapide escale au Lac Noir du vallon d’Ambin, avant de monter encore et toujours plus abruptement vers le Pas de la Coche. La toute dernière section finale est raide au possible, escarpée, à la limite d’un début d’escalade.
Arrive enfin le col, point culminant de la randonnée, à la frontière entre le vallon d’Ambin et le vallon d’Etache. Je m’engage rapidement sur la crête qui mène vers le Petit Vallon. J’avais en tête d’aller au sommet (3236 m) mais le caractère acéré de la crête et ma solitude me poussent à arrêter. Je crois que j’aurais apprécié d’être encordé, au cas où. Tant pis pour cette fois.
On quitte après le déjeuner le vallon d’Ambin pour pénétrer plus avant celui d’Etache. La première étape, très minérale, traverse le pierriers en direction de la barre rocheuse du Grand Bec d’Etache. La face rocheuse est impressionnante, seulement adoucie par l’eau qui ruissèle ici à foison et forme ici ou là quelques plans d’eau joliment décorés par la végétation alpine.
La suite est une grande descente technique et minérale, glissante par endroits, vers le plan des Eaux. Le Grand Bec d’Etache domine la scène, impressionnant. Il faut rejoindre le lac du plan des Eaux pour faire une pause méritée, après quelques franchissements de ruisseaux teintés de lait glaciaire, pour admirer vraiment le paysage, tant en amont sur la montagne majeure qu’en aval avec le vallon d’Etache un gros cran plus bas, battu par le vent. Quel endroit, à savourer à deux, seuls au monde.
Il reste ensuite à descendre cette immense barre rocheuse, soit via le sentier des cascades de glace (abrupt), soit via un sentier plus tranquille offrant de belles vues sur le vallon d’Etache. C’est pas ce sentier que ma trace me fait passer, aussi je m’y conforme pour rejoindre petit à petit le fond d’une première vallée et les chalets du fond d’Etache, pour ensuite filer vers les chalets de la chapelle St-Barthélémy.
Quelques centaines de mètres restent encore à descendre mais le silence est tel dans le vallon et la montagne est si impressionnante et fascinante que tout semble se dérouler à une vitesse folle et lente à la fois. Le parking se profile avant même qu’on ait eu le temps de se lasser de ces roches léchées tantôt par l’ombre et le soleil. Décidément, vallon d’Ambin et d’Etache ont de sacrés arguments face au parc officiel de la Vanoise…