Sardaigne – randonnée et visite du site de Tiscali

Pour cette seconde journée à Cala Gonone, la météo s’annonce toujours assez menaçante mais seulement pour l’après-midi, avec l’augmentation des températures, de l’évaporation et donc la constitution de nuages orageux en pagaille sur toute la région du golfe et du Supramonte. Je choisis donc, une nouvelle fois, une randonnée pas trop lointaine de Cala Gonone et pas trop longue non plus : direction le site de Tiscali. Je me gare au parking (payant) obligatoire dans la splendide vallée de Ponte sa Barva. Le petit bar / restaurant, qui gère le parking, vend aussi un excellent miel local d’asfodelo (asphodèle) dont les fleurs blanches parsèment le paysage au printemps sarde.

Après un petit passage sur une piste carrossable (autre parking un peu plus loin), le sentier s’engage dans une pente bien franche pour rejoindre ce qui s’avère être une selle arborée entre deux sommets du massif karstique qui nous surplombe. Les falaises sont d’ailleurs magnifiques, mais on les voit assez peu, en progressant sur le bon sentier qui file ensuite sous les arbres. Le ciel s’est rapidement chargé mais il n’est pas encore menaçant au point de m’inquiéter ! Et puis, sous les frondaisons des arbres, on se rend un peu moins compte, avant de débouler enfin dans une zone nettement moins boisée. Le site de Tiscali n’est plus très loin.

En face de nous se dresse le Supramonte, au loin, de l’autre côté de la vallée du Lanaitho. L’accès à Tiscali peut également se faire de ce côté mais nécessitera tout autant de marche car le site n’est pas accessible autrement qu’en marchant ! Les sentiers se rejoignent ici et il reste un bout d’ascension en commun, gentiment raide et parfois un brin exposé et technique. Rien d’insurmontable, toutefois, jusqu’à atteindre enfin une zone très rocheuse, au sommet du massif karstique qui abrite Tiscali. Le village antique est absolument invisible et on suit les petits panneaux qui nous font descendre vers le village en se demandant bien sur quoi on va tomber, au delà de l’accueil sympathique du gardien !

C’est simple : il s’agit d’une doline, située à 500 mètres d’altitude ! Invisible de l’extérieur, on découvre un village fantôme dont il ne reste logiquement plus grand chose aujourd’hui mais suffisamment pour bien réaliser à quel point la communauté qui vivait ici était bien protégée. D’immenses falaises ceinturent complètement la zone habitée et on observe en faisant le tour de la doline différentes ruines de murs, des empreintes de fondations, des adaptations des cavités creusées par l’érosion ou la main de l’homme dans la roche. C’est un endroit absolument incroyable, où l’on a retrouvé des éléments de l’époque nuragique comme romaine. Le site a sûrement été exploité depuis le Bronze Moyen (XVème-XIIIème siècle avant l’ami Jésus).

La Barbaria sarde, dont fait partie la zone de Tiscali, est la plus sauvage et reculée de l’île. De nombreuses communautés non urbanisées s’y était développées, avant la conquête et l’annexion de la Sardaigne par Rome, en 238 av. JC. Ce sont les traces de ces communautés que les fouilles mettent à jour, petit à petit, car l’étude du site est encore loin d’être terminée et le site n’a peut-être tout simplement pas encore livré tout ses secrets. Habitations, entrepôts, enclos, les traces sont là, redécouvertes au XIXème siècle et désormais accessibles au plus grand nombre, ainsi qu’à une jolie martre croisée sur place ! Je déjeune sur les hauteurs du site, que l’on peut donc admirer de haut, c’est à ne pas manquer.

Au loin, à l’entrée de la vallée du Lanaitho, la lumière a disparu. Un front pluvieux avance doucement mais sûrement dans la vallée. La synchronisation entre le déjeuner et l’avancée de la pluie est parfaite puisque je déserte les lieux pour rejoindre rapidement le couvert des arbres de la salle rocheuse au bon moment ! Quelques gouttes seulement, le reste s’engouffrant finalement dans une autre vallée. Je retrouve le sentier de descente vers Ponte sa Brava sous un soleil sensiblement plus franc. La journée est loin d’être achevée et d’autres visites m’attendent. La randonnée de Tiscali, en revanche, est terminée et je ne comprends pas comment j’ai pu passer à côté lors de mes voyages précédents !

Les photos de la randonnée à Tiscali :

La carte de la randonnée d’accès à Tiscali :