Le dernier jour en Maurienne commence sous une météo franchement maussade. La logique est donc d’aller faire un petit tour à proximité pour quelques balades découverte de la région d’Aussois, où je séjourne cette fois-ci.
La première étape de ce plan B est l’église Notre-Dame-de-l’Assomption d’Aussois, datant du XVIIème siècle et offrant quelques jolies singularités, dont la poutre de gloire qui trône au coeur de l’église ; sans oublier la petite chapelle de l’entrée et les ors et ornements baroques du reste de l’église.
La seconde étape est voisine de la ville d’Aussois et il s’agit du parc archéologique des Lozes. Ces grandes dalles rocheuses ont été sculptées par les premières civilisations alpines, entre les VI et IIIème siècles avant le crucifié. Autrement dit… on ne voit plus grand chose, entre érosion, vandalisme et ajouts ultérieurs. Bon, certaines dalles valent le détour mais on passe très franchement au travers, le nez plutôt relevé vers les sommets semblant se dégager de leurs nuages…
Ultime étape avant de changer le programme de la journée ? Le monolithe de Sardières ! Impossible de le rater quand on passe sur la route en contrebas, impossible également de passer outre quand on s’en approche, incroyable éperon rocheux résistant à l’érosion et challenge sympathique pour les grimpeurs. La balade qui y mène et en fait le tour permet d’en prendre toute la mesure, en tout cas sans en faire l’ascension.
Le ciel devenant de plus en plus bleu, la tentation était grande d’aller randonneur. Parmi les candidates potentielles, en terme de durée et d’éloignement permettant de limiter les risques de mauvaise surprise, il y avait cette histoire de « Pierre aux Pieds ». Allons voir…
La balade commence dans le petit hameau du Collet, à deux pas de la grande route qui traverse la Maurienne en direction du col de l’Iseran. Forcément, sur la première section de l’ascension, méchamment abrupte, on profite aussi de quelques bruits motorisés, motos pas très rapides en premières contributrices.
Le spectacle sur les sommets environnants est d’ores et déjà très satisfaisant, alors que l’on atteint assez rapidement (et en sueur à cette heure) les ruines du hameau du Mollard. Un drôle de nom pour un panorama touchant à la perfection, avec le Mont Cenis, la Pointe de Ronce et celle de Tierce en ligne de mire.
Un peu plus haut et un peu plus loin, on croise la Chapelle St-Antoine, la Fesse d’en haut et surtout le refuge de Vallonbrun, sur le GR5 que l’on arpente désormais pendant un temps. Le sentier de grande randonnée est un immense balcon bien tracé avec une vue toujours plus large sur les sentinelles de la Vanoise et celles de la Maurienne.
Quelques bergeries à proximité du refuge de Vallonbrun attirent mon attention, fort joliment restaurés ou en cours de restauration. Ici comme à quelques endroits en Vanoise, on poserait bien volontiers les valises pour filer en pèlerinage régulier sur la Pierre aux Pieds !
Il faut continuer de grimper, d’abord doucement et puis soudainement, avec une bifurcation à droite, sauvagement, pour rejoindre le célèbre bloc rocheux gravé de la Maurienne. La phase finale de l’ascension est particulièrement raide mais elle s’absorbe somme toute rapidement, la D+ totale dépassant gentiment les 1000 mètres, ce qui n’est pas phénoménal.
Après quelques tours et détours, un gros bloc rocheux se détache au pied de multiples parois rocheuses, anodin. Une petite installation facilitant son accès et son observation attirent l’attention. La Pierre aux Pieds est bien là, avec ses multiples gravures (82 empreintes si mes souvenirs sont bons). Il y a bien sûr quelques gravures de bergers plus modernes mais ces pieds sont là depuis plusieurs millénaires, face aux montagnes.
Je suis seul dans la montagne à ce moment-là. Je n’ai pas croisé un humain depuis plus de deux heures, je suis tout seul avec la Pierre aux Pieds et ses empreintes érodées, fascinantes, incompréhensibles. Quoique… en regardant ces sommets, leur puissance, on se pose quelques questions. Les réponses ne m’échappent guère et il faudra revenir encore et encore dans ces contrées pour continuer de m’en imprégner.