Pour ma dernière journée en Savoie, en tout cas jusqu’à la prochaine fois, j’ai profité du temps exceptionnellement dégagé pour m’attaquer à un sommet qui m’échappait et dont on m’a dit énormément de bien : l’Ouille Noire. C’est assez simple, il s’agit des sommets culminants à plus de 3300 mètres d’altitude les plus accessibles des Alpes ! La raison de cette relative facilité : le départ de la randonnée se fait depuis le col de l’Iseran, situé pour sa part à plus de 2700 mètres d’altitude. On va dire que ça aide…
Il ne faut pas pour autant négliger la concentration et la bonne forme physique nécessaires à l’ascension de ce genre de sommets. La montagne pardonne peu, voire pas du tout, c’est encore plus vrai quand on l’arpente à ce genre d’altitudes. Toujours est-il que le départ du sentier est très agréable et encore verdoyant, se tortillant doucement au pied d’une falaise vers le sommet de l’Ouille Noire tout en longeant un joli ruisseau.
Une fois cette première section franchie, très aisément, on change de monde. Un vallon quasi désertique fait la transition entre le monde encore vivable et la haute montagne, à priori dénuée de formes de vie végétales ou animales. Au delà de 3000 mètres d’altitude, parfois un peu avant, on entre en effet dans un autre domaine, stupéfiant.
Le corps ralentit un peu, le coeur a tendance à s’emballer un peu plus vite aussi. Il faut s’écouter et monter tranquillement, avaler la dénivelée sans trop en faire et savourer au gré des pauses les vues des névés sur les sommets environnants. Le Mont Pourri est là, bien sûr. Il y a la Grande Casse et la Grande Motte aussi. La Maurienne se laisse apercevoir, tandis que la Haute Tarentaise est absolument invisible, masquée par le Col de l’Iseran.
L’Ouille Noire est en revanche bien là, masse sombre, schisteuse, glissante et impressionnante qui domine les alentours. L’ascension, tantôt bien lisible, tantôt cairnée, n’est pas très longue mais elle reste physiquement éprouvante. Le col de l’Ouille Noire offre une étape intermédiaire pour commencer à se réjouir et savourer la vue enfin dégagée vers l’Italie et le Gran Paradiso voisin. Il reste alors à grimper l’ultime arête, parfois un peu exposée, pour rejoindre le sommet.
Quelle vue, mais quelle vue ! On me l’avait promise et on m’avait conseillé d’y aller exclusivement par beau temps et je confirme. Le panorama qui s’ouvre de tous côtés est un pur régal qui ne saurait être gâché par de quelconques nuages. Si la météo, étouffante, a chargé l’air et empêche de voir très loin (les Ecrins par exemple), il n’empêche que les grands voisins sont là : Pourri, Casse, Motte, Paradiso, Mont Blanc, Aiguille de la Grande Sassière, tout le monde est là et prend la pose.
Déjeuner à plus de 3300 mètres d’altitude avant de redescendre prendre la route vers Paris est un luxe rare et j’ai par conséquent savouré chaque bouchée de mes gamelles avant d’entamer la descente à bon rythme, une fois la partie exposée de l’arête franchie. L’Ouille Noire se mérite forcément un peu mais elle est effectivement un +3000 extrêmement accessible qui récompense largement les efforts physiques consentis pour en atteindre le sommet. A refaire !