Après la jolie randonnée de la Tour du Mir, j’ai donc eu envie de retourner du côté de Prats-de-Mollo-la-Preste pour retrouver les paysages du Vallespir mais aussi me donner l’opportunité de visiter la ville et ses alentours, n’ayant pas eu le loisir de le faire le jour précédent, planning un peu serré oblige. La randonnée et le programme du jour me font quelque peu penser à cette journée passée sur les hauteurs de Villefranche-de-Conflent et pour cause : une randonnée panoramique au dessus d’une ville et la visite d’un fort construit sur le modèle Vauban : le Fort Lagarde.
La journée commence sur le parking faisant face au centre-ville de Prats-de-Mollo. La météo est tristounette mais la ville n’en est pas moins splendide, avec son immense église et les restes de ses remparts. On imagine volontiers l’allure que pouvait avoir la ville avant que ses remparts ne soient abattus. La trace m’emmène à travers rues et me fait contourner la place fortifiée de l’église pour rejoindre le débouché des tunnels d’accès au fort Lagarde.
Il est ici possible soit d’emprunter les tunnels et leurs innombrables marches, soit d’utiliser le sentier qui monte sur le flanc de la colline au sommet de laquelle se niche le fort Lagarde. La météo étant encore fraîche, c’est la seconde option qui semble la meilleure, afin de profiter des vues sur la guérite intermédiaire et sur la ville qui s’éloigne. La visite du fort n’étant pas pour tout de suite, je contourne ce dernier par son flanc ouest pour rejoindre les pistes forestières menant au pic de Coumeille.
La suite de la randonnée est une belle ascension progressive à travers des paysages variés. On passe d’abord à travers des bois, pour rejoindre une zone plus clairsemée offrant de jolies vues sur la ville, le fort Lagarde mais aussi la vallée en général et plus loin, la Tour du Mir. On s’engage ensuite dans une forêt plus dense où l’ambiance est agréable, légèrement mystérieuse.
Le soleil a fini par percer et l’ombre est la bienvenue avant d’attaquer la toute dernière ascension vers le col séparant le pic de Coumeille de ses voisins. Un petit tour hors pistes permet de rejoindre le sommet du pic, qui n’offre pas de panorama à 360 degrés. Les vues sur le massif du Canigou et les crêtes dominant La Preste sont en revanche superbes et une claire invitation à une prochaine randonnée !
Après un menu peu ou prou identique pour la descente, le sentier débouche au raz des remparts de la partie haute de Prats-de-Mollo. Il est temps d’arpenter les jolies ruelles de la ville et d’admirer petits ponts, murailles, murs anciens et enfin renforts de l’église fortifiée. Cette dernière abrite de superbes alcôves richement décorées et un orgue de toute beauté. Ne manquez donc pas de vous perdre pour la trouver et ensuite arpenter le chemin de ronde.
Je me retrouve de nouveau devant le débouché des tunnels du Fort Lagarde. Monter par la rampe et les escaliers, dans la pénombre ? Ou monter de nouveau par la pente, au soleil désormais ? Je choisis une nouvelle fois la second option, afin de découvrir le sentier complet menant au fort et j’emprunterai les tunnels pour la descente vers la bière salvatrice de fin de journée !
Le fort Lagarde, bâti au en 1677, entoure une ancienne tour de guet qui fut transformée en poudrière. Il est donc assez différent des autres forts de type Vauban de la même époque, édifice singulier répondant toutefois au même besoin, à savoir garantir l’invulnérabilité de la province contre les voisins espagnols, dont les velléités de conquête se firent sentir ici ou là, notamment durant la guerre de Hollande.
Du donjon d’origine, on est ainsi passé à un pâté à Comète comme on en trouve dans de nombreux forts Vauban, avec également une place d’armes et des agrandissements supplémentaires qui furent toutefois stoppés et n’aboutirent jamais complètement jusqu’à son désarmement en après la première guerre mondiale !
Le fort Lagarde fut ensuite acquis par la commune de Prats-de-Mollo-la-Preste qui y prête un soin particulier. Cela se sent à l’approche des immenses murailles en bel état, dans le corps de garde et le pavillon des officiers d’où l’on aperçoit les ruines du château de Perella. Le Pâté à Comète est en parfait état et très agréable à arpenter avant d’aborder le Donjon. On y découvre une belle citerne, une boulangerie assez remarquable et une petite chapelle.
N’oubliez bien sûr pas les latrines, amusantes, la poterne et enfin les casernes de la partie supérieure. Mais surtout, montez bien au sommet de la tour de la Guardia, soeur de la Tour du Mir d’où l’on dispose d’une vue absolument imprenable sur Prats-de-Mollo et les alentours ! Et dire qu’elle aurait du être rasée…
Une fois la visite achevée et les volées de marches et de pentes avalées, on retrouve les fortifications de la ville et de l’église, que l’on dévale également en direction des petites placettes centrales du village. Quelques bars, boutiques et autres ont survécu aux confinements et seront bien heureux de vous accueillir ! Une chose de certaine pour ce qui me concerne, à la vue des paysages des deux jours passés : il faut que je revienne en Vallespir pour gravir les crêtes de la réserve naturelle de Prats-de-Mollo-la-Preste et bien évidemment les flancs du Costabonne, le point culminant de la vallée.
Rendez-vous est pris à la mi-novembre.