Cinq mois. Cinq mois que je n’ai pas écrit ici et il s’était écoulé la même durée entre mon précédent essai et la reprise de cette activité en 2022 ! J’ai en effet passé le premier trimestre en Laponie suédoise, dans le cadre de mon travail, clôturant un premier morceau de mon dernier projet en date au mois de mars. Fait amusant, Mercedes-Benz et Mercedes-AMG étaient mes voisins de lac et j’ai croisé une quantité astronomique de SL, Classe G, Classe E et même le tout fraîchement révélé G 63 4×4². La nouvelle Classe C était également à l’honneur, puisque j’en ai croisé de nombreuses versions, dont les futures AMG. Cela m’a à dire vrai un peu inspiré pour la reprise des essais car je n’avais toujours pas mis mon postérieur dans la dernière occurrence de la berline allemande. Et quitte à le faire, autant tester sa version PHEV promettant une autonomie électrique de 100 km !
Avant de parler technique et roulage, faisons rapidement le tour du propriétaire. Pourquoi rapidement ? Et bien parce que Mercedes-Benz, sur sa C 300 e, a fait dans la continuité de la précédente génération. Après avoir bien renouvelé sa gamme et son image sur la génération précédente (A et C notamment), avec succès, il était logique que ce nouveau modèle évolue de façon un peu plus sage, tout comme ce fut le cas de la nouvelle génération de Classe A essayée en 2019 et 2020. Les lignes sont donc plutôt sages, très fluides, avec un regard reprenant les derniers codes de la marque, un peu plus affûté. Le capot, nervuré et légèrement plongeant sur la calandre qui ne grandit pas trop (ça change), donne une belle impression de (aéro)dynamisme. Les différents capteurs sont bien intégrés, à l’exception de celui surplombant le blason de la marque, faisant comme une sorte d’excroissance bizarre…
La finition AMG Line de mon modèle d’essai tend bien sûr quelques éléments du bouclier et dote l’auto de motifs de calandre reprenant l’étoile Mercedes-Benz. On n’oublie pas non plus les belles roues aéro de seulement 18 pouces, un choix parfait pour l’efficience électrique et le confort. Les ailes de l’auto n’en paraissent pas vides pour autant, c’est je pense un bon compromis que ce design de jantes avec cette taille de roues à une époque où toutes les voitures ont les arches de roues remplies à la limite du frottement avec la carrosserie ! Pas grand chose à dire du côté de la malle arrière en revanche, qui s’avère très classique. A noter, pour ce qui concerne mon goût personnel : des proportions très équilibrées et de ce côté-ci aussi, une belle fluidité des lignes.
Cette itération de la berline Classe C est donc tout en classicisme, continuité et discrétion. C’était à dire vrai attendu et la ligne générale séduit par ses proportions et la douce tension des lignes de fuite de la carrosserie. Les passants, tout comme mes hôtes AirBnb ne s’y trompent pas et la jugent effectivement belle et discrètement luxueuse, sans faire dans l’ostentatoire ou le vulgaire de la grosse roue et de la grôôôsse calandre clinquante. Les habitués de la Classe C ne seront pas choqués et les nouveaux clients, sûrement heureux de cet équilibre à une époque où l’automobile change drastiquement d’image.
A l’intérieur, en revanche, le saut technologique et qualitatif est impressionnant ! C’est la première fois que j’ai l’occasion de voir et tester le nouveau système MBUX introduit si je ne m’abuse sur la Classe S et il est tout bonnement impressionnant, abandonnant le double écran côte à côte pour une instrumentation mêlant très habilement les gènes du MBUX originel et l’état de l’art vu chez d’autres constructeurs, avec une dalle verticale au centre de l’habitacle. La finition dans son ensemble est assez irréprochable, avec des cuirs de qualité, des assemblages du même acabit et des matériaux très flatteurs. Certains plastiques visibles ne sont pas parfaits mais comme ils sont très bien ajustés, on leur pardonne. Le pack AMG Line intérieur apporte une petite touche de sportivité en sus, sans trop en faire.
Le chrome, assez présent (trop ?) dans certains modèles modernes Mercedes-Benz est un peu plus en retrait dans cette C 300 e et j’ai trouvé cet habitacle parfaitement équilibré, entre qualité de finition, technologie perçue et relative discrétion. Les sièges offrent un grand confort et un excellent maintien, avec la possibilité de vous chauffer le dos via une commande joliment intégrée dans la portière. Les actionneurs de lève-vitre sont soignés, tout comme les accoudoirs et boucles d’aération, une constante chez Mercedes-Benz. L’accoudoir central est bien conçu, avec les classiques porte-gobelets, des ports USB-C, un espace de charge par induction et de quoi vider ses poches. On n’oubliera pas non plus la commande d’ouverture du toit ouvrant, tactile. Gadget ? Oui. Et alors ?
Ce qui n’est pas gadget et réellement appréciable, c’est la manière dont Mercedes-Benz a revu et corrigé son MBUX et les différentes interfaces homme-machine, rendant l’utilisation quotidienne de cette C 300 e extrêmement plaisante. Je n’exagère pas : je suis réellement impressionné par la cohérence de ce IHM qui petit à petit, gagne en maturité, corrigeant de nombreux défauts et se simplifiant partout où elle le peut. Les touches tactiles testées sur la Classe E il y a maintenant une éternité, évoluent pour être beaucoup plus faciles d’utilisation. Cela donne un volant plus simple d’utilisation tout en restant très complet, agrémenté par des commodos crantés de grande qualité. La profondeur des menus diminue et leur organisation, sans être totalement bouleversée, semble plus logique, avec toujours le principe de pouvoir commander les deux écrans depuis le volant, sans jamais quitter celui-ci des mains.
MBUX fait aussi la part belle aux autres systèmes puisque Apple CarPlay est par exemple toujours accessible d’un seul « clic » sur l’écran, tout en haut à gauche de ce dernier, très aisément accessible. Il est ainsi extrêmement aisé de basculer de l’un à l’autre, pour aller gérer son mode de conduite ou simplement désactiver l’aide au maintien en ligne, la marque n’ayant pas fait le choix de rendre cette possibilité accessible directement au volant / via un commodo. Les touches situées en bas de l’écran central sont en revanche un tout petit peu plus délicates à activer, étant assez petites et intégrées à une surface lisse elle-même assez étroite. Mention moins bien à la touche tactile ancien format qui reste présente et dont on ne se sert pas ou peu, faute de praticité.
Et la conduite et l’autonomie PHEV dans tout ça ? Cette C 300 e de Mercedes-Benz tient-elle ses promesses ? On va voir ça un peu dans le détail mais la réponse, très résumée, tient en trois lettres : oui. En jouant le jeu de la recharge, bien sûr, comme pour tous les PHEV. On va déjà commencer par un évacuer un sujet facile : le confort. La Classe C est une berline faite pour enchaîner les kilomètres et la C 300 e ne déroge pas à la règle. Le confort de roulage, son isolation phonique et la qualité de filtrage de sa suspension bien aidée par le correcteur d’assiette rendent le voyage toujours agréable. Sur les routes bosselées de Bourgogne, elle s’est toujours montrée prévenante malgré son embonpoint conséquent, aidée aussi par sa monte pneumatique.
Cette première bonne surprise s’accompagne par ailleurs d’un agréable sentiment de dynamisme. L’auto est lourde et cela se sent bien sur certains freinages « imprévus » mais sa capacité de mise en mouvement est très bonne, surtout quand les batteries sont chargées. C’est en tout cas très largement suffisant dans la circulation normale et sur le réseau routier primaire ou secondaire français. Les courbes s’avalent sans sourciller et si la direction n’est pas un chantre de la communication, elle fait bien le travail. Est-ce qu’une C 300 e a réellement besoin de connecter la route et le conducteur de toute façon ? La réponse est non, l’engagement conducteur n’étant pas l’objectif premier de cette auto. Le point d’équilibre entre dynamisme et souplesse est pour ce qui me concerne idéal, avec un typage confort / voyage idéal, sans faire dans le bateau qui vous découple de tout.
Ceci est d’autant plus vrai que l’on roule la plupart du temps le moteur éteint, utilisant l’énergie puisée dans la batterie de 25,4 kWh. Oui, vous avez bien lu, c’est quasiment le double de la précédente génération et également le double de la plupart des PHEV sur le marché. Mercedes-Benz sur sa C 300 e fait un pari intéressant, souhaitant s’approcher d’une utilisation tout-électrique le plus souvent possible. Ce sont en effet 100 km d’autonomie qui sont annoncés, avec la possibilité de recharger jusqu’à 11 kW en Type2 et 55 kW en CCS, soit le plein en 1/2h à peine dans ce second cas. 100 kilomètres, cela commence à faire. Les PHEV sur le marché annoncent plus généralement 40-50 km d’autonomie et peinent généralement à les atteindre, sauf le Kuga PHEV qui m’en avait mis plein la vue l’été dernier.
La promesse de cette C 300 e, c’est donc de rarement démarrer le quatre pattes de 204 ch et d’utiliser la plupart du temps le moteur électrique de 129 ch (la combinaison des deux faisant 312 ch et 550 Nm). Est-ce bien réaliste, raisonnable et atteignable ? J’ai fait plusieurs tentatives et essais au cours de mes cinq jours d’essai et force est de constater que la C 300 e et Mercedes-Benz maitrisent largement leur sujet. La réponse est oui, systématiquement. La première surprise est venue de ma sortie de Paris, après avoir fait le trajet – parc presse, pour rejoindre la Bourgogne. 92 kilomètres après mon départ de la maison, le moteur thermique démarre, discrètement (il l’est beaucoup moins en grosse accélération, pas très flatteur). 19.5 kWh/100 annoncés à l’écran, avec un mélange de parcours urbains, suburbain et autoroutier. Bluffant.
Ne me demandez pas pourquoi, mais la charge sur secteur n’a pas fonctionné la première nuit… et je repars donc le lendemain matin batterie vide pour une première journée d’essai et de visites dans la région (les articles arrivent, ils sont à la bourre également). Bilan, 78 km plus loin : j’ai réussi à faire 35 km en mode EQ ! Consommation moyenne à 5.5 L/100. Je ne l’avais pas vu venir mais la C 300 e, ce n’est donc pas qu’un pack de batterie surdimensionné pour un véhicule PHEV. C’est aussi du freinage régénératif partout où l’automobile le peut et une roue libre qui se déclenche là-aussi à des endroits improbables. Mettre le régulateur ou doser soi-même permet de se rendre compte à quel point le véhicule vient chercher le moindre kWh disponible pour basculer dès que possible en mode zéro consommation. Le travail des ingénieurs est remarquable. Bluffant – bis.
Le lendemain et les jours suivants, je réussirai à me charger sans souci sur le secteur (la nuit suffit à repartir à 100% de batterie) et je réussirai également à me charger sans aucun problème sur les bornes du réseau bourguignon grâce à la carte Mercedes Me fournie avec le véhicule. Ce fut donc l’occasion de parcourir un maximum de kilomètres en électrique, avec comme objectif d’utiliser le moins possible d’essence ! Un tronçon de 30 km matinal m’amène à 18.6 kWh/100. Plus tard dans la journée, j’en suis à 97 km et 19.9 kWh/100 (j’ai un peu joué à un moment – hem). Un autre jour, 54 km parcourus et 17.6 kWh/100. Puis 75 km et 16.8 kWh/100. Enfin, la batterie achève de se vider ce dernier jour et m’affiche 109 km parcourus sur la charge, avec une consommation de 17.3 kWh/100. Bluffant – ter.
Mon essai s’achève et le bilan est sans appel : j’ai parcouru 1278 kilomètres et ma consommation moyenne d’essence s’établit à 3.8 L/100 ! J’ai donc parcouru 743 km en mode électrique, l’ordinateur de bord affichant 8.4 kWh/100, ce qui est une drôle de méthode de calcul… il y a peut-être une petite ligne de code à corriger quelque part et un facteur deux qui traîne au vu des consommations que j’ai pu relever en cours de route et qui sont tout à fait honorables, pour ne pas dire excellentes. Vraiment, la C 300 e impressionne du côté de sa gestion de l’autonomie électrique et la personne qui l’utilisera au maximum de ses capacités ne fera que bien rarement le plein d’essence, surtout en jouant avec la charge quasi rapide à 55 kW.
Je rends les clés avec un pincement au coeur. Certes, cette auto coûte cher, un peu plus de 67 k€ avec options ; soit le prix d’un véhicule 100% électrique de gamme équivalente. Certains pourraient être tentés par cette autre option mais le développement du réseau de recharge rapide est encore un peu à la traîne par rapport aux autonomies réelles des véhicules équipés de batteries allant de 77 à 100 kWh, on le verra dans mes prochains essais. La C 300 e, avec son parti pris d’offrir une plus grosse batterie, est donc une offre très séduisante à l’heure actuelle, versus une certaine peur de l’autonomie électrique et par rapport à toutes ses concurrentes hybrides rechargeables. Cet essai m’a aussi donné très envie de goûter à la version de, à savoir un diesel hybride rechargeable offrant lui aussi 100 km d’autonomie. Avec une belle sobriété diesel sur autoroute et une exploitation PHEV bien faite… voilà qui pourrait bien redorer le blason du diesel. Affaire à suivre à un moment ou à un autre !