Maine-et-Loire – journée de balade entre le Thoureil et Baugé-en-Anjou

Voilà maintenant plus de cinq années que j’ai changé de travail. Dans le paquet de nouveautés associées à cette évolution, il y avait l’opportunité de découvrir une nouvelle région, celle de l’usine historique du groupe, à côté de Angers. Le fait est que les circonstances des projets, des déplacements et autres weekends ne m’ont jamais permis de combiner les uns et les autres afin de joindre l’utile à l’agréable, à savoir le prolongement d’un déplacement par un joli weekend angevin. Ce fut enfin chose faite au mois d’avril dernier avec deux journées passées dans le parc naturel région Loire-Anjou-Touraine.

A la question « où loger » dans le parc, j’ai choisi de répondre par la Tour du Grand Boust, une ancienne tour de garde de seigneurie reconvertie en logement tout confort et tout équipé, avec un accueil adorable des heureux propriétaires de ces bâtiments classés et reconnus par les monuments de France. La tour est une petite merveille et son cadre aussi, bucolique au possible. Bref : un régal. Pas cher, pour ne rien gâcher. J’y retournerai sans aucune hésitation dès que l’opportunité d’aller dans la région se présentera de nouveau !

Première journée qui s’annonce moyennement ensoleillée mais qu’importe ! Je prends la direction de Le Thoureil, un mignon petit village de bord de Loire, comme endormi par le spectacle des flots tranquilles qui le longent. L’église au drôle de clocher-peigne trône là, observant les belles maisons des XV, XVI ou XVIIème siècle, avec tout au bout de la promenade une belle collection de vieux gréements qui sillonnaient le fleuve et firent la fortune des marchands de vin de la région.

Dans le même genre mais avec nettement plus de dénivelée, il y a Gennes, à quelques encâblures de là, au débouché du pont faisant le lien entre les deux rives, entres Les Rosiers-sur-Loire et Gennes justement. Le village bas est mignon mais on y vient surtout pour sa petite montagne percée de quelques troglos et surmontée de la belle église Saint-Eusèbe qui offre une vue admirable sur la région.

Toujours plus vers l’est en remontant la rive Sud de la Loire, on découvre un fort joli trio de villages : Cunault, Trèves et Chênehutte ! Souvent accolés, ils sont tout de même séparés de plusieurs kilomètres et la promenade démarre à Cunault, avec la visite de la plus grande église romane de France, l’église Notre-Dame. Le porche, le chevet, le clocher ou encore la façade principale sont impressionnantes, à la fois massives et élégantes. Il en va de même à l’intérieur avec une nef lumineuse offrant une superbe perspective sur le chœur surélevé et resserré. Prosper Mérimée a bien fait de l’inscrire aux Monuments Historiques, c’est une merveille !

Ne pas manquer non plus la balade jusqu’au cimetière en haut du village, avec de belles ruines d’église et une bonne brochette de belles maisons en tuffeau, ainsi que l’ancien port sur la Loire, admirable.

On continue la descente (ou la remontée, plutôt) de la Loire avec le petit village de Trèves. Plein de jolies maisons là-aussi mais surtout un remarquable donjon et les ruines du château trônant sur un petit massif de tuffeau. Superbe, tout comme l’église attenante.

L’étape suivante ne sera pas Chênehutte, que je dépasse sans m’arrêter mais plutôt Dénezé-sous-Doué. C’est ici que se trouve un lieu plutôt remarquable : la Cave aux Sculptures. L’endroit, insolite au possible, fut « bouché » par un curé au XVIIème siècle qui y vit un temple païen ! Sa redécouverte en 1956 changea la donne, avec en réalité des centaines de personnages sculptés dans le tuffeau, témoignages satiriques de la vie de l’époque. L’endroit est daté au plus ancien du XIème siècle mais les sculptures sont plus vraisemblablement du XVIème avec Catherine de Médicis, François Ier, des scènes étranges de la cour (scènes médicales, singe, amérindiens, tenues outrageuses, drôle de piéta : c’est une foire d’empoigne et de scènes et scénettes du quotidien. Le lieu est incroyable, menacé aussi par le salpêtre. Difficile donc de savoir combien de temps il résistera à sa redécouverte, il mérite en tout cas une protection et du budget pour survivre tant il est singulier !

Pour finir la journée, je prends la route de Baugé-en-Anjou pour une ultime visite : celle de l’Hôtel-Dieu de la ville mais avant cela, rapide escale à Vieil-Baugé pour la découverte d’une église pas comme les autres. Déjà, son clocher est tors, ce qui est plutôt rare… mais il est aussi penché, ce qui lui donne un côté chapeau de sorcière tout à fait remarquable ! (et l’intérieur n’est pas en reste, c’est superbe) (noter aussi que l’église de Fontaine-Guérin est aussi dotée d’un clocher tors, voir les deux dernières photos de la galerie)

Et voici enfin ce qu’on pourrait appeler le clou du spectacle, même si la journée dans son ensemble fut riche de belles découvertes, variées qui plus est : l’apothicairerie de l’Hôtel-Dieu de Baugé-en-Anjou. On pénètre dans le bâtiment pour un premier bout de visite guidée qui permet justement de pénétrer dans l’ancienne salle de stockage de la sœur apothicaire.

Que dire… l’endroit est dans son jus, remarquablement conservé, avec des récipients en céramique de Nevers, de vieux pots en verre mais aussi et surtout une collection de silènes (les boîtes de bois servant à stocker les préparations qui furent remplacées par… les tiroirs !) peintes par les sœurs.

Au plafond, des coffrages peinturlurés qui tranchent un peu avec le reste et au sol, un petit chef d’œuvre de marquèterie, hommage au Roi Soleil, chaque rayon étant fait d’une essence de bois différente. Bonjour les dilatations différentes ! Bref : l’apothicairerie est une merveille et le reste de l’Hôtel-Dieu, superbe aussi avec notamment sa chapelle baroque, son chœur des religieuses et sa salle du chapitre, passe presque pour commun après ces quelques minutes passées dans cet endroit hors du temps.

Définitivement une très belle journée de balade avec une question récurrente : mais comment ai-je bien pu passer à côté de cette région pendant tant d’années ?!

La carte de cette journée de balade :