Maine-et-Loire – visite du Château de Serrant et de l’île de Béhuard

Pour terminer cette série d’articles de balades françaises, je conclus avec la région par laquelle j’ai commencée cette période très active des mois d’avril, mai et juin : le Maine-et-Loire. A l’occasion du weekend de Pâques, j’ai en effet passé trois nouvelles superbes journées dans le coin, l’occasion de poursuivre l’exploration de la région qui séduit nombre de mes collègues.

Si au mois de novembre dernier, la plupart des hauts lieux touristiques étaient fermés, c’est tout le contraire pendant ce weekend qui marque en général le début de la haute saison et pour bien faire, je commence par l’un des joyaux de la région : le château de Serrant.

Datant du XVIème siècle, entouré de somptueuses douves et lui-même remarquable, il est d’une richesse tout à fait stupéfiante. A l’extérieur, on découvre des façades superbes, arborant les blasons des familles propriétaires attelées à la construction d’une aile puis d’une autre.

A chacun son fardeau, y compris celui de la chapelle délicate portant les couleurs du deuil avec un marbre sublime pour couronner le tout. « Jamais hors de l’ornière » peut-on lire sur le fronton principal, pour signaler qu’ici, on suivait le droit chemin et c’est une chance car le château de Serrant fut préservé de tout. La Révolution ne l’affectât pas, ni le l’occupation des nazis…

Il en résulte une splendeur architecturale, à la fois délicate et sévère, maîtrisée, que l’on observe tantôt de près dans la cour intérieur ou dans les superbes jardins et orangerie qu’il faut prendre le temps d’arpenter le nez en l’air.

Les extérieurs et l’orangerie et son vieux pigeonnier pourrait déjà suffire à émerveiller le visiteur mais le spectacle ne s’arrête en réalité pas là, loin s’en faut ! Il est à partir de là de visiter une partie des intérieurs en visite libre ou bien d’opter pour la visite guidée. Soyez clairs : choisissez la visite guidée, c’est tout simplement indispensable pour profiter du lieu.

Là-aussi, parlons franchement : le mobilier du château de Serrant est unique, c’est simplement l’une des plus belles collections françaises, ayant traversé les siècles de façon unique puisque la demeure fut systématiquement vendue avec son mobilier, de famille en famille. Une rareté qui fait sa richesse délirante.

Aux moulures en tuffeau visibles partout, il faut ajouter une somme de merveilles mobilières, dont quelques-uns d’une rareté difficilement égalable mais accessibles ici en tout petit comité. Rarissime, vous dis-je !

Allez, le pêle-mêle comprend de rarissimes coffres à bijoux, un salon de Jean-Etienne Saint-Georges, le cabinet d’ébène de Pierre Gole stupéfiant (une dizaine au monde… c’est le seul accessible ainsi, dans son intégralité), la bibliothèque aux 8000 ouvrages qui vous retournera l’esprit, des tapisseries toutes plus réussies et conservées les unes que les autres, la chambre de la Reine Mère, une cuisine médiévale de toute beauté et ainsi de suite.

La liste est un inventaire à la Prévert… et ne se vit réellement qu’en visite accompagnée, avec de nombreuses anecdotes, la réponse à de nombreuses questions et tant d’autres détails. La visite dure pas loin d’une heure mais en réalité, on pourrait passer là trois ou quatre heures à harceler le guide si heureux de tant nous en dire. Une torture amicale et consentante, une vraie gourmandise.

On quitte le château de Serrant rassasié, en extase. Ce château est unique, d’une richesse que je n’imaginais pas. Quel merveilleux équilibre entre la beauté extérieure et la richesse intérieure ! Il y a tant ici, c’est une perle, une vraie perle qui mérite protection, intérêt et soin.

Que faire après cela… si ce n’est soupirer dans un coin, au bord de l’eau ? Le matin, je suis passé à côté de Bouchemaine, c’était chou au possible mais là, celle qui m’attirer pour me dégourdir les jambes, c’est l’île de Béhuard.

L’île de Béhuard est aussi un village, charmant au possible, à l’entrée duquel on laisse son auto pour profiter de ses quelques ruelles et surtout de son église de marins, Notre-Dame de Béhuard. Bâtie sur un drôle de rocher qu’elle épouse, elle est singulière et paraît-il voulue par Louix XI. Délicate, menue et splendide.

Le reste de l’île est à l’envi, propice à la balade, à la flânerie, le nez en l’air, une fois encore. La douceur angevine, de bout en bout.

Il ne reste désormais plus qu’à trouver un coin tout aussi mignon pour boire le verre de la fin de journée, tandis que le soleil, fidèle toute la journée, s’en va illuminer l’autre côté de notre sphère. La Possonière est une candidate idéale avec sa guinguette au bord du flot tranquille de la Loire. Ambiance printanière, sympathique, familiale et bon enfant… Je me verrais bien là plus souvent. Qui sait…