Essai – Ford Fiesta ST Line

La nouvelle Ford Fiesta est arrivée il y a une bonne année déjà et j’étais passé à côté de l’essai faute de disponibilité dans mon agenda, jusqu’à cette opportunité de tester enfin la nouvelle venue, dans une finition destinée à occuper le terrain en attendant celle que l’on espère bouillonnante et digne de son aïeule, à savoir la Ford Fiesta ST.

La finition en question, à côté des habituelles entrées de gamme Essential et Trend et surtout en regard du duo plus équipé Titanium voire luxe Vignale, c’est la ST Line. Ford remet le couvert avec cette déclinaison censée être plus dynamique que le modèle d’origine, sans atteindre la sportivité que porte le badge ST. La septième génération de Fiesta veut donc fermement occuper tous les terrains en attendant le renouvellement prochain des 208 et Clio !

A l’extérieur, le changement est plutôt flagrant même s’il ne s’agit pas d’une réinvention des choix qui ont fait le succès de la génération précédente. Le capot perd quelques nervures, la bouche prend différentes formes en fonction de la finition, ici un rien béante et dotée d’une calandre en nid d’abeilles et la face avant, nettement plus nerveuse et tendue désormais, adopte en passant un regard métamorphosé qui complète le dynamisme anguleux de l’ensemble !

La finition ST Line amène également des antibrouillards bien intégrés, surlignés d’une petit bout de carrosserie accentuant la nervosité de la face avant, en regard des optiques à la signature lumineuse en LED. Le point le plus remarquable est pour moi le petit décroché au dessus des antibrouillards, avec la jonction de ces lignes avec la zone de la calandre. Vraiment, cette face et cette bouche sont dynamiques, une vraie réussite qui m’a valu un sacré paquet de regards appréciateurs pendant mon roadtrip dans le sud.

Les flancs bénéficient également d’un traitement plus dynamique avec les blasons ST Line d’une part mais aussi et surtout de superbes roues à cinq banches, en 18 » en option. Les flancs sont également bien creusés, me faisant penser aux portières échancrées de la 208, un vrai compliment pour ce qui me concerne. La nouvelle Ford Fiesta est par disponibles en version 3 ou 5 portes, y compris pour cette ST Line.

Justement, mon modèle d’essai était en version 5 portes, tout à fait dans le sens de cette notion de compromis entre vie quotidienne et sportivité. Du fait de la finesse de l’auto (et ce malgré son élargissement général) et de ses lignes dynamiques, cette version 5 portes ne semble pas déséquilibrée ou tristement citadine. L’arrière est enfin plutôt classique, avec un joli petit becquet spécifique à la version ST Line de la Fiesta et une belle ouverture de coffre. Pas grand chose à signaler de ce côté-ci.

Extérieurement, cette nouvelle Ford Fiesta ST Line est donc une évolution en douceur de la précédente génération, avec un style plus dynamique et une présence sensiblement plus charismatique dans les regards, notamment au travers d’une face avant expressive dans cette finition et des flancs creusés donnant des airs de sportive à l’ensemble.

Si les dessous n’évoluent donc que peu, puisque la plateforme (excellente) n’a pas été redessinée depuis une page blanche et que les moteurs et boîtes ont été reconduits, Ford délivre une suite logique à celle qui a rencontré un franc succès, la mettant joliment au goût du jour. Pas de doute, ça devrait continuer à plaire…

C’est en réalité plutôt à l’intérieur que cela se passe. Là où l’extérieur pourrait passer pour un re-maquillage de l’ancienne auto (mais ce serait malhonnête de l’écrire car c’est plus que ça), l’intérieur est retravaillé en profondeur. Mon essai de l’ancienne Fiesta ST commence à remonter mais j’ai été stupéfié par tout ce que j’ai trouvé dans mon modèle d’essai.

Alors, mon modèle bénéficiait tout de même de 5k€ d’options, portant la facture de 19700 à 24900€ environ mais tout de même : quelle connectivité et quelle technologie embarquée dans une « petiote » du Segment B ! La nouvelle Fiesta embarque de la détection d’angles morts, du maintien en ligne actif, le tout dernier système SYNC3 avec compatibilité CarPlay et AndroidAuto, un régulateur adaptatif bien fichu, de la prévention de collision, des feux adaptatifs, la reconnaissance des panneaux de signalisation, la détection de véhicules en trajectoire de croisement / choc ou encore un système B&O Play.

Alors certes, certaines de ces fonctions sont incluses dans des options payantes qui changent un peu la donne mais ne représentent pas la grande majorité des 5k€ d’options sus-mentionnées. Au global, si on rajoute donc 1 à 2k€ au tarif de base (plus 100€ pour les protections de porte toujours aussi ingénieuses), on se retrouve avec un niveau de techno embarquée digne d’une berline très bien équipée du segment supérieur (volant et sièges chauffants aussi, en passant), pour un prix sacrément intéressant et avec un moteur cossu.

Pour ne rien gâcher, l’ergonomie et les petites attentions ont bien progressé. La console centrale autrefois truffée de multiples boutons et franchement inélégante se dénude plus franchement pour ne laisser apparaître que le strict nécessaire et la petite tablette tactile (et réactive) de 8 ». En fait, Ford rejoint les rangs de la majorité de ce point de vue et c’est tant mieux !

Du côté de la zone centrale, j’ai apprécié la petite fente pour les cartes bleues, même si elle aurait gagné à pouvoir en accueillir deux sans forcer. Les autres rangements de la zone sont bien faites et finalement, il ne manque qu’un frein de parking électrique pour se sentir dans une voiture plus grande. On trouve enfin une caméra de recul bien faite, à défaut d’être une vue à 360° (faut pas pousser le bouchon trop loin non plus).

La finition est très sérieuse du côté des sièges et du volant, que je trouve tout de même un brin trop grand mais agréable à la tenue, avec une jante ni trop fine, ni trop large. Je pense être un peu déformé par Peugeot de ce point de vue et par quelques autres. Il serait peut-être bon que Ford songe à réduire la taille de ses cerceaux, même si la forme et les surpiqûres rouges sont réussies.

L’assise est également bonne, plutôt ferme en revanche sur de longs trajets. Ce n’est pas inconfortable, loin s’en faut, mais ce n’est pas moelleux non plus. Ceci dit, on est sur une ST Line avec des roues passées au 18 pouces et une suspension spécifique, ceci explique aussi sûrement cela. Le maintien de ces sièges est raisonnable mais ne tiendra sûrement pas la distance si l’on se décide à vraiment attaquer comme un cochon. Mais est-ce bien le propos de cette auto ? Pas sûr.

Du côté du coffre, j’ai bien apprécié la possibilité d’utiliser le double fond, pour les petits sacs et autres objets pas trop épais à transporter, avec au dessus un espace toujours raisonnable pour les plus gros sacs et petites valises type cabine. En revanche, le volume est bien pour 2 personnes, clairement limite pour 3 personnes sur un long weekend. Du coup, à 4… bof. Dans le même genre bien pensé que le double fond, les compteurs sont charmants et joliment dessinés, avec une mise à jour de l’interface décrite il y a quelques jours sur la « vieille » Focus RS.

Ford ne change donc pas tout mais met sérieusement à jour, avec un contenu technique et technologique plus que sérieux (SYNC3 est vraiment bien fait… sacrée évolution depuis le premier SYNC vu sur la Focus en 2010 !), une finition en hausse à peu près partout sauf du côté des plastiques bien durs dans les parties basses de l’auto et sur les portières. L’ergonomie se (re)met au goût du jour et au final, on a donc une Fiesta plutôt sur-équipée et bien conçue, agréable à vivre sur un roadtrip de plus de 2270 km !

La Fiesta ST Line est bien armée, vous l’aurez compris. Mais qu’en est-il d’honorer le blason qu’elle porte, certes avec la mention « Line », mais tout de même… ? ST ? La petite se dote d’un moteur déjà connu, à savoir le trois cylindres 1.0L EcoBoost développant 140 ch et 180 Nm, respectivement à 6000 tr/min et 1500 tr/min. Le petit a tété 7.5 l/100 de moyenne sur mon essai, ce qui est bien raisonnable au vu de mon allure sur autoroute et des multiples routes de montagne abordées à bon rythme dans les Pyrénées-Orientales !

Ce moteur est couplé à une excellente boîte 6 manuelle, aux verrouillages plutôt francs sans être virils et aux débattements contenus, sans être courts. Le compromis est total, rendant la chose vivable et facile au quotidien, en ville par exemple, tout en ayant suffisamment de caractéristiques « sympathiques » pour les routes sinueuses de l’arrière pays de Perpignan. Ce serait franchement bien si l’étagement ne tirait en revanche pas (très) long, avec une sixième qui a clairement tout d’un overdrive. Rien de nouveau sous le soleil, c’est le cas chez tous les constructeurs mais c’est bien sensible ici.

Le moteur quant à lui ne démérite pas, s’avérant plutôt « double-face ». D’un côté, un couple suffisant pour mouvoir les 1200 et quelques kilogrammes en ordre de marche, en enroulant jusque 4000 tr/min, avec des consommations raisonnables. De l’autre, un petit côté rageur et grogneur sur la plage 5500/6500 tr/min, que l’on a donc tendance à aller chercher dès que l’horizon se libère, que la visibilité est bonne et que les routes tournoient entre les vignes.

C’est dans le sinueux et en la taquinant que les suspensions raffermies et raccourcies – car oui, la ST Line n’est pas qu’un package visuel – qu’on commence vraiment à s’amuser et à découvrir le potentiel un peu caché de cette auto aux lignes dynamiques ! Les freins ne sont pas magiques en terme de ressenti mais sont endurants et sécurisants, tenant bien les descentes des Albères et du Conflent, absorbant aussi sans broncher la jolie route du liège… C’est propre, efficace et bien fait, sans être sportif ou pointu.

La chose est aussi vraie du comportement, plutôt irréprochable ! La suspension se tient en permanence, y compris sur les surfaces bosselées et dégradées, garantissant de bonnes tenues de cap et sans se désunir. Là où le train arrière de l’ancienne Fiesta (ST incluse) était plutôt joueur, celui-ci semble nettement plus verrouillé et réglé pour l’efficacité, au détriment d’un caractère moins joueur et pétillant.

Il va falloir attendre de voir la Fiesta ST à proprement parler car cette ST Line semble jouer le compromis, raidissant raisonnablement le châssis et rendant le comportement plus incisif, sans tomber toutefois dans le domaine du pur plaisir automobile. Il y a déjà de quoi s’amuser mais pour aller plus loin, il va falloir attendre un peu !

La direction ne démérite pas non plus, offrant un ressenti général satisfaisant. Les remontées d’informations ne sont pas légion mais le train avant se perçoit comme plutôt incisif et les angles au volant pour obtenir de franches inscriptions ne sont pas gigantesques tandis que l’on perçoit bien les appuis. La démultiplication, facile à vivre en ville, reste également acceptable sur les petites routes. Compromis, encore et toujours, avec un résultat final franchement équilibré.

Vraiment, cette Fiesta ST Line ne souffre d’aucun réel défaut, si ce n’est bien sûr celui de ne pas être une ST. Forcez le rythme et vous atteindrez rapidement ses limites. Le freinage vous lâchera sûrement en dernier, car vous aurez entretemps perdu le train avant, sous vireur dès qu’on le brusque trop. N’espérez pas non plus passer des changements d’appuis comme un grand fou, l’ESP vous dira alors bonjour et la suspension montrera ses limites…

Une chose est sûre : avant de vous mettre à pester sur ces limites, vous avez d’ores et déjà largement, mais alors largement de quoi vous amuser au volant de cette voiture bien née et facile à vivre par ailleurs. Sur le segment, il ne faut d’ailleurs pas s’y tromper, elle est seule… Peugeot, Renault, Citroën, KIA, Hyundai et tous les autres généralistes plafonnent tranquillement à 100 ou 110 chevaux quand Ford fait le choix d’aller un peu plus loin, proposant jusqu’à 140 ch, en ST-Line (ou en Vignale).

La Ford Fiesta ST Line se positionne donc comme une offre plutôt unique, très attractive d’un point de vue tarifaire si on ne sombre pas dans les options. Comme disait le passager faisant lest central sur la banquette arrière, c’est une Ford à tous points de vue, à savoir un excellent rapport prix / équipement, avec pour compléter le tout une vraie bonne bouille et un comportement à la hauteur du blason qu’elle arbore. Je connais un paquet de GT Line et autres qui feraient bien de s’inspirer d’elle pour éviter de desservir leurs marques et modèles plus exclusifs !

Il n’y a donc plus vraiment de doute quant au fait que cette Fiesta, septième du nom, est bien née et devrait rencontrer un succès commercial à la hauteur de ses qualités. C’est en tout cas tout le mal que je lui souhaite et j’espère à dire vrai aussi voir un maximum de ST Line dans les rues, ce sera la démonstration parfaite qu’il existe un réel marché pour ces véhicules intermédiaires, typés « plaisir » avec ce qu’il faut de sérieux automobile sans demander trop de sacrifices à leurs possesseurs.

L’autre point de certitude, c’est que cette nouvelle Fiesta se montre clairement moins en décalage par rapport aux mètres étalons du segment, notamment côté français. Avec une ergonomie en net progrès et un contenu technologique cossu, elle n’a pas à avoir peur de l’arrivée imminente de la nouvelle Clio et celle, à peine plus lointaine, de la nouvelle 208. Il lui reste à tailler quelques croupières à la singulière C3 et… bien sûr, bientôt, à prouver que la nouvelle Fiesta ST est aussi la nouvelle reine des GTi du segment B. Affaire à suivre.