Hautes-Alpes – randonnée à l’assaut du Mont Chaberton

Certaines randonnées sont plus dures que d’autres, c’est une évidence, un fait, quelque chose de tout à fait trivial. Ce qui est encore plus évident, c’est que c’est une connerie de se dire qu’avaler environ 1400 mètres de dénivelée le second jour des vacances, après plusieurs mois à boire des coups et manger riche, ça va passer crème.

C’est pourtant bien ça que j’ai fait, au second matin de ce nouveau séjour dans les Hautes-Alpes, en me lançant à l’assaut du sommet du Mont Chaberton, haut lieu de la défense frontalière entre la France et l’Italie. Le départ de la randonnée se situe d’ailleurs du côté italien, à Clavière. Le chemin n’est guère difficile à trouver et on repasse pour ainsi dire aussitôt du côté français.

Le sentier monte alors doucement mais sûrement jusqu’au sommet du Mont Chaberton. On longe d’abord un ruisseau qui va en s’élargissant vers la bergerie des Baisses, en grimpant tranquillement et en chauffant donc doucement les gambettes. De quoi prendre la confiance, en somme…

Après une courte montée au niveau de la bergerie, on atteint un petit plateau et le vallon des Baisses, assez idyllique lui aussi malgré la présence d’une remontée mécanique. Un petit camping se trouve là, sympathique. Après cette courte pause, il est en tout cas temps de grimper, fort et sec, jusqu’au col du Chaberton !

Ambiance tout à fait minérale, grands éboulements de roches et menus ruisseaux, voici le seul programme de cette section qui tape dans les jambes et s’avère assez éreintante car arpentée à un bon rythme. La folie des petits nouveaux, quoi. Tout frais, tout feu, tout flamme, même pas mal jusqu’au col ! Le vent se lève alors qu’on atteint la belle croupe du col, dégageant des paysages superbes côté italien et offrant à l’ouest des vues dégagées jusqu’au massif des Ecrins.

Il est temps d’entamer la phase finale de l’ascension, à savoir les derniers 400-500 mètres de dénivelée. C’est là que le bât blesse, rapidement. Des débuts de crampes aux cuisses. Aux CUISSES, bordel. Des années que ça ne m’était pas arrivé ! Bien sûr, hors de question d’abandonner, alors je grimpe doucement, m’hydratant au maximum, faisant quelques pauses, ralentissant le rythme volontairement même dans les sections où ça passait « bien ».

Des barbelés et quelques ruines très basses font leur apparition, ainsi que quelques champs de plots dont les barbelés tendus servaient à ralentir la progression d’éventuels assaillants. Le sentier est large et grimpe en lacets vers le sommet. Il y a bien quelques raccourcis officiels, bien pentus et caillouteux, mais je les évite. Le panorama est sublime, pourquoi aller plus vite ? (mes jambes approuvent ce message)

Le sommet est en vue et avec lui, les grands forts. Une caserne gigantesque se niche au pied du sommet, désolée. Encore un peu plus haut, on découvre de nombreux baraquements accrochés au bord du vide, stupéfiants. Qu’est-ce que ça devait être, d’être encaserné ici !

Le sommet, enfin. Ou plutôt la zone sommitale car le Mont Chaberton a été décapité à la dynamité, arasé. Il fallait faciliter la vie des troupes qui tenaient les forts désormais abandonnée et les nombreuses tours de défense anti-aérienne. 3131 mètres d’altitude, c’est ce qu’on appelle un nid d’aigle et la vue à 360° est  à vous couper le souffle.

Le déjeuner est bienvenu, après une telle ascension avalée malgré tout rapidement (2h30 pour mon lièvre, 2h50 pour mes crampes) ! On resterait là des heures à observer les vallées françaises et italiennes, à tenter de rentrer dans tel fort, telle tour, à chercher les points de vue les plus extrêmes. Quel lieu, quel lieu que ce Cuirassé des Nuages !