Hautes-Alpes – randonnée jusqu’au Glacier Blanc dans les Ecrins

Lors de mon premier séjour dans les Hautes-Alpes, j’avais du choisir entre Dormillouse et Vallouise et c’est la première qui l’avait en quelque sorte emporté. Ce choix, que je ne regrette pas, m’a tout de même laissé un certain goût d’inachevé et de frustration et l’envie de voir la vallée de la Vallouise et ses affluents ont beaucoup pesé dans la décision de revenir cet été 2019.

Au matin du troisième jour, je prends donc la direction du bout de cette sublime vallée, dépassant le petit village d’Ailefroide pour rejoindre au bout d’un nombre incroyable de sinuosités le fond du fond de la vallée : le Pré de Madame Carle. Le nom est connu, les légendes et histoires qui l’entourent sont variées et je ne sais trop laquelle croire.

De toute façon, je suis là pour grimper. L’objectif se laisse entrevoir, de l’autre côté du refuge éponyme où il ne faudra bien entendu pas oublier de faire escale au retour ! Le Glacier Blanc se niche là-haut, reculant de plus en plus, comme le montre une petite exposition à deux pas du refuge. La végétation reprend peu à peu ses droits à certains endroits, là où la glace a cédé à la montée des températures.

Après une petite traversée de plaine à l’arrière du refuge, le sentier grimpe sèchement sur une première section, longeant par moments une grande cascade qui provient justement de la fonte du glacier. Les vues sur le Pré de Madame Carle et surtout sur le Mont Pelvoux prennent aux tripes, avec un petit côté dramatique en sus avec les nuées venant s’accrocher aux sommets.

Le sentier s’enfonce ensuite plus avant dans la montagne, ayant atteint une première échancrure. On retrouve le ruisseau de fonte, grossi par les températures estivales. Le Glacier Blanc est enfin nettement plus visible, tâche blanche imposante dominant les alentours. Son ancien emplacement est parfaitement visible et on imagine bien volontiers sa présence à l’endroit même où l’on se trouve, il y a si peu de temps…

La grimpette n’est pas encore terminée car il faut atteindre dans un premier temps le refuge du Glacier Blanc, une des étapes pour les alpinistes voulant faire l’ascension de la Barre des Ecrins où d’autres sommets des alentours. On dépasse l’ancien refuge Tuckett, témoin d’un passé glorieux d’exploration alpine pour trouver quelques petits lacs reflétant le glacier et son refuge.

La dernière phase d’ascension est raide, ponctuée de quelques échelles et cordes, mais accessible. On débouche presque sans l’avoir vu venir au pied du refuge. Mais là encore, la grimpette n’est pas terminée ! Il reste encore quelques centaines de mètres à l’horizontale et deux centaines à la verticale pour atteindre le bout de cette promenade glaciaire !

Le sentier longe le glacier en montant à travers les roches, plus ou moins bien dessiné et visible par endroits. L’objectif est une sorte de belvédère donnant sur l’ensemble du Glacier Blanc. Est-ce que l’effort supplémentaire consenti en vaut la peine ? Oui, oui et oui. Le spectacle des sommets des Ecrins et de cette fabuleuse masse de glace est de toute beauté et l’endroit est idéal pour la pause déjeuner… ce qui ne gâche rien.

On redescend le pied léger, la cuisse soulagée, un sourire aux lèvres. Le sentiment d’avoir côtoyé un monstre alpin est toutefois mitigé car la fonte est indéniable, visible, alors même qu’on ne vient ici que pour la première fois. J’ai encore en tête la réaction d’une amie genevoise choquée par la fonte entre mes photos et ses souvenirs d’il y a à peine quinze ans.