Hautes-Alpes – Sommets de la Mortice et Lac des Neuf Couleurs

Pour cette dernière journée vraiment complète aux alentours de Vars et dans le Queyras, j’avais le choix entre m’enfoncer de nouveau dans le parc pour aller chercher les vallées les plus lointaines ou bien achever l’exploration des alentours de Vars. C’est cette seconde option qui l’a emportée car si le village de Sainte-Catherine m’a enchanté, je ne sais pas encore si je reviendrai dans le coin, en tout cas pas tout de suite. Or, on m’avait dit que la randonnée menant au lac des Neuf Couleurs, sous l’immense dôme de la Mortice, offrait son pesant de paysages !

Le départ se fait une nouvelle fois du village de Sainte-Catherine mais plutôt que de monter directement vers le Col de la Coulette et rejoindre le Vallon Laugier directement, j’ai choisi de monter doucement à travers les alpages en direction d’un col un peu plus éloigné, sous la Pointe de Pastourlet. C’est l’occasion de profiter encore des paysages de la vallée de Vars, que soit du côté de l’Eyssina ou de la Crête de Vars qui montre sa vague au soleil au milieu des ballots de paille.

On pénètre ensuite dans la partie haute du Vallon Laugier, dont le fond ne cesse de monter vers nous alors qu’on progresse vers le Col de Serenne. Le sentier, légèrement exposé, est agréable et monte doucement, permettant de se gorger des vues de la Mortice et du Pic Jean Rostand. Le col est facilement atteint, alors que le vallon Laugier s’étale largement derrière moi, accueillant. Un tout petit bout d’ascension supplémentaire permet d’atteindre très rapidement le lac des Neuf Couleurs. Alors, je n’ai pas repéré les neuf couleurs en question, mais le lac est effectivement splendide ; constat également vrai en prenant un peu de hauteur pour continuer l’ascension vers les sommets de la Mortice, Nord et Sud.

S’ensuit une petite cuvette minérale que l’on traverse pour ensuite grimper franchement en direction du sommet Sud de la Mortice. Je me rends compte en écrivant ces lignes que j’ai raté à un moment une petite bifurcation menant au Gouffre de la Mortice… ! Dommage. J’avoue que je ne cherchais pas à m’éterniser non plus, l’ascension étant plutôt rude, très minérale et le sentier n’étant pas toujours aisé à repérer, malgré quelques cairns éparpillés ici et là. Le sommet Sud de la Mortice reste toutefois bien visible pour guider la marche mais il faut réussir à trouver les chemins sans petites barres rocheuses.

J’emprunte ensuite le sentier longeant le dôme de la Mortice, pas vraiment un sentier officiel mais clairement suffisamment parcouru pour être légèrement dessiné. Un premier chamois se balade à quelques centaines de mètres, à la frontière entre le sommet et les premiers flancs qui plongent vers la Pointe d’Escreins et derrière, la Font Sancte. Lac Bleu et lac Vert se laissent apercevoir alors que je rejoins une petite cime d’où je dois descendre pour mieux remonter sur le sommet Nord de la Mortice. Ambiance minérale à souhait, tout du long, à un peu plus de 3100 mètres. Et soudain, alors que j’entame la dernière petite montée, un mouvement sur ma droite et une immense paire de cornes. Mon premier bouquetin. Majestueux.

A la suite de cette rencontre, je monte gaiment vers le sommet, le bouquetin descendant quant à lui tranquillement quelques mètres plus bas. Le sommet Nord de la Mortice permet de découvrir un paysage qui était jusqu’alors bouché depuis sa contrepartie au sud. Le Pic Jean Rostand qui culmine à plus de 3200 mètres trône en face de moi, dominant un petit lac glaciaire et une selle où je repère de nouvelles silhouettes animales. Chamois, bouquetins ? Aucune idée à cette distance mais j’en aurai de toute façon le coeur net puisque mon chemin de descente m’emmène justement dans cette direction.

C’est très rapidement clair : il s’agit d’une harde de bouquetins ! Tout ce petit monde prend le soleil, me regardant d’un air qu’on peut imaginer narquois descendre dans la pente pierreuse. Ils sont malheureusement sur mon chemin et au vu du terrain alentours, je ne peux m’éloigner du sentier sans prendre de risques. Je m’approche donc doucement, pour leur laisser le temps de comprendre ce que je suis et de décider de partir doucement, sans frayeur. La harde se met en mouvement, changeant de position et filant sur les pentes plus abruptes qui me sont inaccessibles. Un grand mâle reste en retrait, m’observant, montant l’ultime garde, le temps que tout le monde soit parti. J’attends qu’il veuille bien s’en aller tout en le remerciant pour la pause photo (en haut de page) !

La descente jusqu’au lac me permet de les admirer encore un peu, plus haut sur ma gauche, mais je dois rester concentrer car le sentier est particulièrement indistinct dans cette zone. Il l’est également ensuite pour toute la redescente vers le vallon Laugier ! Bon, c’est assez simple, il faut prendre la moindre pente et rester globalement dans la rigole créée par la fonte des neiges. Ceci tout en jetant de temps en temps un oeil à la trace GPS sur la montre pour être sûr de garder un cap à peu près correct par rapport à la théorie ! Et à la fin, on rejoint le vallon Laugier, toujours aussi paisible.

La vallon descend doucement, s’éloignant des sommets de la Mortice en direction de la crête de Vars. J’aurais pu reprendre mon chemin de départ mais j’ai préféré faire une sorte de boucle me permettant de profiter du vallon avec le soleil dans le dos et la lumière descendante de la fin de journée. Un troupeau par ci, de belles falaises par là, c’est une belle marche même si les jambes sont un peu lourdes avec pas loin de 1500 mètres déjà gravis. Cette dernière petite marche me fait en rajouter une centaine, afin de rejoindre le col de la Coulette et terminer la randonnée au village de Sainte-Catherine. De la haute montagne, des paysages incroyables, pléthore de bouquetins… c’était une randonnée parfaite pour finir l’exploration des alentours de Vars !

La carte de cette randonnée :