Après avoir parcouru en long, en large et en travers les Jardins du Pays d’Auge, j’ai profité du partenariat desdits jardins avec nombre de sites magnifiques aux alentours pour découvrir (je ne l’avais repéré nulle part ailleurs) le domaine de Canon, situé dans le petit village de Mézidon-Canon, toujours dans le pays d’Auge. Ce site de plusieurs hectares, domaine encore privé, accueille les visiteurs avec le sourire et une petite terrasse de café, tables posées au milieu de l’herbe avec vue sur château. Idéal en début ou en fin de visite, pour profiter un dernier instant du lieu.
La visite, fameusement guidée par un très joli dépliant, nous balade au travers du site avec des points d’intérêt dont le côté splendide va crescendo, s’achevant en apothéose ! Cela commence par la première cour et son pressoir gargantuesque et sa belle orangerie puis se continue à travers un petit sous-bois débouchant sur ce qui semble être un temple.
C’est en effet un temple, mausolée érigé à la gloire de la défunte épouse du propriétaire des lieux, quelques siècles auparavant. On passe devant cet hommage pour s’enfoncer dans les sous-bois et longer la rivière qui traverse le domaine pour terminer au pied du miroir reflétant le château. Ambiance champêtre, chevaux et poulains déambulant tranquillement dans leur champ alors que se dessinent un peu plus loin les statues clôturant la partie « travaillée » du domaine.
Cet endroit peuplé de statues, bordé d’une part par le miroir et de l’autre par les lentilles de la rivière est une sorte de frontière. D’un côté, l’ordre. De l’autre, le désordre des hautes herbes baignées de soleil. Mon cœur balance entre les deux mondes avant de m’engouffrer dans la forêt et de pénétrer plus avant vers le clou du spectacle de Canon.
Quelques mètres après avoir pénétré sous les frondaisons, on découvre une petite merveille : le château Béranger, environné de sublimes platanes d’orient datant de la fin du XVIIIème. Magistraux, tout comme cette bâtisse abandonnée depuis le début XIXème. Sublime. J’aurais pu rester là pendant des heures.
Encore un peu plus loin, puisqu’il a bien fallu avancer… on découvre le grand canal et ses canards en ligne. Le bout du domaine est atteint, marqué par le kiosque chinois, pétale rouge au milieu des frondaisons oscillant entre le vert éclatant et le noir. La vue depuis la petite table du kiosque est bucolique, une invitation au séjour là-aussi.
C’est enfin le clou du spectacle qui se dévoile : les chartreuses. 850 mètres de murs, 11 jardins clos exceptionnels peuplés d’une multitude et dont il faut bien fermer les portes ! C’est inscrit : attention aux lapins. L’on se demande avant de pénétrer dans le premier jardin si ceux-ci sont à l’intérieur ou à l’extérieur mais une fois le pas de la porte franchi, le doute n’est plus possible. Fantastique.
C’est décidé, je veux des chartreuses dans mon jardin plus tard… Tout simplement. Le souvenir de cet endroit magique et apaisant ne m’a pas quitté alors que je quittais le domaine, passant presque sans sourciller devant un drôle de pigeonnier. Drôle ? Oui. Il faut dire qu’il fut coupé en deux pour favoriser la perspective du kiosque chinois. Presque sans sourciller aussi devant le château en train de se préparer à recevoir un mariage… et pourtant n’est-il pas beau ?
Mézidon-Canon m’a comblé, assurément. De la balade champêtre en passant par le château abandonné d’un romantisme à crever jusqu’au kiosque exotique, on en prend plein les yeux, le tout dominé par ce splendide petit château… Et si encore il n’y avait que ça, mais il y a aussi les exceptionnelles chartreuses qui mériteraient à elles seules qu’on s’arrête ici. J’ai bien envie d’y retourner…