Essai – Mazda 3 MPS

C’est bien beau de crier partout que la Renault Megane R.S. est merveilleuse, fantastique et jouissive… encore faut-il essayer aussi ce que la concurrence propose de la même manière que j’ai pu essayer quelques uns des modèles du créneau inférieur, celui des compactes sportives avoisinant les 200 canassons. Avec la Mazda 3 MPS, on est bien dans la catégorie supérieure avec un quatre cylindres de 2.3 L développant la bagatelle de 260 ch. Pas de doute non plus quant à la sportivité supposée du modèle alors qu’on découvre les courbes bodybuildées vêtues d’un rouge carnassier… La 3 MPS annonce la couleur.

Intérieurement, on est en revanche quelque peu en retrait mais il ne faut pas oublier que cet essai arrive tardivement dans la vie du véhicule, cette génération de Mazda 3 étant née il y a déjà 3 ans et vouée au remplacement dès l’année prochaine sur une base SkyActiv. L’ensemble n’est toutefois pas ridicule en terme de matières et d’ajustements même si certains plastiques noirs font grincer des dents, surtout après avoir découvert l’excellent Cx-5 qui préfigure ce que la marque sait désormais faire.

Côté équipements, il manque bien entendu ce qui est devenu monnaie courante dans les voitures du segment : BlueTooth ou écran tactile mais l’essentiel est là, le plaisir de rouler dans ce genre de voiture ne se limitant pour le coup pas à une simple liste d’équipements ! On note en s’installant que les baquets semblent offrir un bon maintien, ce qui se vérifiera par la suite, sans nuire au confort, ce qui s’est aussi vérifié, la Mazda 3 MPS ne cherchant pas à tout prix à vous tasser les vertèbres. Le levier de la boîte de vitesse augure lui aussi de jolies choses, à confirmer ! En clair, si la Mazda 3 MPS accuse un peu son âge, ce qui est normal, elle n’en est pas moins très vivable et confortable au quotidien.

Je reviens rapidement sur l’extérieur avec des retours extrêmement tranchés : les gens aiment ou détestent. Il en va de même pour sa concurrente française d’ailleurs. Le côté bodybuildé à outrance de ces machines laisse rarement indifférent et si les hanches de la Mazda 3 MPS ne sont pas si proéminentes, difficile d’en dire autant de l’énorme prise d’air du capot et du mufle noir et nervuré qui lui sert de calandre. La voiture donne l’impression de vouloir mordre ce qui l’entoure,bien assise sur ses jantes et surplombée par son aileron arrière. Un petit côté démesure dans le design qui m’a à la fois fait sourire et séduit. Ce n’était pas le cas de quelques autres, tant pis pour eux !

Allez, passons à ce qui nous intéresse vraiment : les performances de cette machine de guerre… Les premiers maniements de la boîte de vitesse confirme ce que l’on pressentait : elle est excellente, tout simplement. Débattements très courts, guidage au top et verrouillages francs, c’est un plaisir que d’enquiller les passages de vitesses, bien servis par un embrayage un poil pointu mais largement apprivoisable. Côté pédale d’accélérateur, j’ai en revanche remarqué un enfoncement un peu étrange en fond de course, comme s’il y avait une seconde course après la première… La montée en vitesse se fait en revanche dans un étrange « silence », le moteur n’exprimant pas beaucoup ses sentiments. Dommage, j’aurais aimé une voiture un peu plus communicative d’un point de vue auditif sans bien évidemment tomber dans le putassier.

En revanche, si le moteur ne s’exprime pas beaucoup, il souffle fort ! Sa cylindrée plus importante que la concurrence, soutenue par le turbo, génère un couple monstrueux. Le moteur vous colle tranquillement au siège de 3000 à 6000… J’ai vraiment aimé le côté performant et brut de décoffrage de ce moulin avec qui plus est une conso raisonnable, autour de 13L/100 pour les 600 km parcourus, mêlant autoroutes et belles balades en Normandie. Le freinage m’inquiétait au premier abord car la Mazda 3 MPS n’est pas équipée d’étriers fixes à l’avant, gages de mordant et de bonnes performances d’ordinaire sur ce genre de voitures. Si le mordant n’est pas aussi violent que sur d’autres véhicules, l’efficacité et la performances sont en revanche au rendez-vous et on peut enchaîner les grosses décélérations sans se faire peur. Étriers flottants : validés.

Reste enfin la partie directivité / motricité et le comportement du châssis quand on le sollicite car c’est là que le bât blesse parfois. Si le couple et la puissance passent globalement sans soucis d’adhérence, de gros retours de couples se font sentir au niveau de la direction dès qu’on remet franchement les gaz. Tenue ferme du volant obligatoire dans ces conditions. Ces vibrations et tirages sont gênants et même si j’ai connu pire, cela devient parfois pénible d’autant plus que la direction est précise et rend suffisamment d’informations sur l’état de la route au delà des phases à pleine charge. En revanche, gare aux remises de gaz avec les roues encore bien braquées ou lors d’entrées en courbe après un bon freinage. Les boudins collent au sol et la puissance passe d’un coup d’un seul. La voiture se retrouve alors jetée dans le virage en suivant l’angle initial des roues et les corrections de trajectoires deviennent vraiment ardus face à un train avant très motivé et totalement concentré sur le passage de la puissance. Monotâche, le petit. Disons que c’est un coup à prendre et qu’une fois cette particularité prise en compte et du moment que l’on insère précisément la voiture, tout se passe bien ! Autrement dit, le châssis de la Mazda 3 MPS sature devant les charges du moteur et il est donc important de bien doser ce que l’on veut faire et à quel moment… Pas toujours évident.

En conclusion, si elle m’a semblé moins équilibrée que la Mégane R.S. à laquelle j’étais bien décidé à la comparer (il faudra faire ça un jour d’ailleurs, mais je vous en reparle en septembre…), elle compense les quelques errances de son châssis par un moteur monstrueux et une boîte aux petits oignons. Et oui, certes, l’intérieur a un peu vieilli mais l’extérieur est séduisant et elle sait aussi bien vous emmener vite et fort que lentement et confortablement… Autrement dit c’est une voiture à fort caractère, passionnelle. Elle demande donc les mêmes attentions, tout simplement. Enfin, quand je vois cette voiture et que je pense à SkyActiv, je me dis que la prochaine génération de Mazda 3 MPS (ou de 6 MPS ?) va taper fort.