Après ma matinée de randonnée dans l’Alta Rocca, il restait encore pas mal de temps pour profiter de cette belle journée ensoleillée. C’était l’occasion d’aller faire un tour au sud du sud de la Corse, pour voir la légendaire Bonifacio. Si la météo plus que variable m’aura privé d’une escale aux Lavezzi ou d’un tour en bateau autour de Bonifacio, une rapide excursion restait possible.
Avant de m’engager dans la ville, j’ai d’abord pris le temps de marcher le long du port que domine la citadelle. La vue est déjà majestueuses et alors que je gravis les marches menant au Col Saint-Roch et à sa menue chapelle, je suis déjà ébahi. Rien ne me prépare toutefois à la fin depuis le parapet qui surplombe la mer. A gauche, des falaises de toute beauté. A droite aussi, mais surplombées par la ville qui semble suspendue au dessus du vide.
Le parcours de randonnée littoral qui part à l’assaut des falaises en direction du phare assez lointain permet de profiter largement de cette vue surréaliste et de bien prendre conscience du miracle que représente Bonifacio surplombant les flots depuis des siècles. Incroyable. Je ne vois pas quoi dire de plus. On a beau avoir vu des milliers de photos, Bonifacio est un miracle qu’on prend en plein visage.
J’avais prévu d’aller jusqu’au phare du Capu Pertusato et à sa petite plage, mais je m’arrêterai finalement aux anciennes batteries protégeant la côte, rassasié. Les randonnées littorales… n’est-ce pas ! Il y a un moment où on a finalement envie que ça s’arrête et la perspective de visiter la vieille ville de Bonifacio l’a largement emporté.
La Vieille Ville de Bonifacio est un régal hors-saison, je n’aimerais à dire vrai pas trop la visiter en pleine saison car là, hors-saison, il y a déjà clairement foule. Ou bien est-ce le covid et les dix jours passés en montagne qui biaisent mon ressenti ? Peut-être un peu, tout comme ces nez qui dépassent de plein de masques. Mais bref : allez-y hors saison, de ça je suis plutôt certain.
Il faut dire qu’il y a de nombreux arguments à cette présence massive de visiteurs car Bonifacio est également superbe de l’intérieur, que l’on parle de la rampe menant à la porte de Gênes, de la place du Marché dominant les flots ou encore des premières ruelles que l’on traverse le nez en l’air, en découvrant les systèmes de canalisation d’eau suspendus.
On découvre Sainte-Marie-Majeure, l’église principale de Bonifacio, avec son superbe clocher et sa halle couverte. La rue du Palais qui la longe permet aussi de voir la belle Maison du Podestat (photo ci-dessus) et de continuer l’exploration. Après quelques tours et détours, on découvre une autre petite chapelle, celle de St-Jean-Baptiste, avec ses sculptures en bois datant du XVIème.
J’avais ensuite prévu d’arpenter l’escalier du Roi d’Aragon mais c’était trop tard. Hors saison, covid et effectifs limités, les horaires l’étaient tout autant ! Ce sera donc pour une prochaine fois car je suis curieux de descendre et monter ses 187 marches jusqu’au ras des flots.
A la place, je pars toujours plus à l’ouest du promontoire qu’occupe Bonifacio. L’église gothique de Saint-Dominique (la seule de Corse) est malheureusement fermée mais cela n’empêche pas d’admirer son campanile datant du XIIIème siècle. Un tout petit peu plus loin, ne pas manquer les ruines des moulins à vent.
L’ultime étape de cette rapide découverte de la péninsule est le cimetière marin. On franchit pour cela une zone désaffectée auparavant occupée par la Légion étrangère et en cours de travaux et de constructions. Pas mal d’amiante à priori, je suis curieux de voir ce que deviendra ce coin… verra-t-on d’autres immeubles moches comme cet hôtel clairement construit dans les années 70 ?
Enfin bref : le cimetière marin. C’est l’un des plus anciens de Corse si je ne m’abuse et il est peuplé d’innombrables caveaux entre lesquels on déambule en silence, découvrant la richesse ou la modestie des uns et des autres, les incroyables décorations de certains ou encore le carré de sépultures modestes mais si joliment fleuries, devant des caveaux totalement à l’abandon. Ambiance sublime, à respecter…
Au bout, il y a le nez de Bonifacio, faisant face aux flots et plus loin, à la Sardaigne. Les fortifications se visitent mais je n’ai pas envie de redescendre sous terre, je reste là à me promener sur les anciens bunkers, le nez au vent et le soleil sur le visage. Quelle belle journée !
Il est temps de rebrousser chemin et de traverser une nouvelle fois la vieille ville pour rejoindre le parking du port. L’ambiance a changé, une partie des touristes a fui et les restaurants commencent à s’affairer tandis que certains démarrent l’apéro. L’ambiance est forcément un peu étrange, avec tous les masques partout.
Drôle de saison, drôle d’année. On est mieux en montagne pour éviter de se faire rappeler en permanence qu’on vit cette année. La porte de Gênes est totalement dans l’ombre et le soleil commence à se cacher, dorant avec délices les falaises alentours, y compris celles supportant la ville. Je ne sais finalement pas si je reviendrai. Peut-être. Bonifacio est un miracle, faut-il abuser des miracles côtiers ? Je préfère me perdre là-haut, au milieu des châtaigniers et des roches.