En balade dans les Jardins du Pays d’Auge

Encore une balade, je ne m’en lasse pas. Je pourrais en fait passer mes semaines au volant de telle ou telle voiture, sautillant de lieu en lieu, de château en abbaye, d’un jardin remarquable à l’autre. Jardin remarquable, ces « Jardins du Pays d’Auge » le sont malgré leur jeune âge. Initialement prairie, transformés à partir de 1994 en une succession de tableaux tous plus beaux les uns que les autres, le site mérite une longue balade ensoleillée suivie d’une rapide dégustation à la crêperie qui jouxte l’endroit. Touristique ? Oui, mais bien fait. Alors pourquoi bouder son plaisir quand il s’agit de se régaler, entouré d’un vieux corps de ferme normand en parfait état.

L’allée qui accueille les visiteurs nous emmène tout d’abord en surplomb des jardins de la lune et du soleil mais il ne s’agit pas de s’y arrêter, les propriétaires ayant mis en place un itinéraire très bien fait… Quelques mètres plus loin, c’est le pigeonnier, splendide, et une masure abritant deux ânes un brin acariâtres que l’on contemple. Luxuriance des arbres, des fleurs et mariage parfait des couleurs des frondaisons. La visite ne fait que commencer mais on pourrait d’ores et déjà se poser là et rester une heure à profiter du soleil et du calme.

Un peu en contrebas, après avoir fait quelques photos de la balancelle perdue au milieu des arbres, on découvre un labyrinthe de buis sobrement taillés, entouré de haies et de vieilles pierres religieuses avant, enfin, de déboucher sur une évocation d’église. Vieilles poutres, clocher au ras du sol et fleurs en pagaille tandis qu’un chant résonne, donnant à cette zone un caractère un peu mystique et apaisant.

On retourne ensuite sur nos pas pour finalement découvrir les deux faces de cette vieille bâtisse dédiée qui au soleil, qui à la lune.

On continue avec un très joli puits planqué dans un enclos de verdure, suivi d’un nom moins joli jardins des senteurs où il faut laisser traîner ses mains sur les plantes pour finir chez les paons, absents, toujours est-il que leur logis est charmant et que le sous-bois qui borde cette nouvelle construction est un espace frais salvateur sous un soleil normand en pleine forme.

La fumée dégagée par le feu des branchages enveloppe un vieux lavoir et le baigne de cette odeur que j’aime tant. Les jardiniers en plein travail ont donné sans le vouloir une âme supplémentaire au lieu.

Enfin, on atteint ce qui est pour moi le plus beau tableau de ce jardin d’ambiances, intitulé Repos du Jardinier. Quelques carrés de plantes faussement laissées à l’abandon, une petite maison faisant face à un lac, des bancs disposés ici et là… Clairement, cet endroit est celui que je choisirais pour une après-midi de repos après un dur labeur. Régal des yeux.

L’espace suivant, peuplé de rosiers aux senteurs éclatantes, n’est pas en reste. Finalement, mon cœur balance quand je vois ce banc environné d’herbes et que mon nez se perd dans les pétales de telle ou telle beauté légèrement fanée relâchant avec ferveur son parfum.

S’enchaînent ensuite les jardins d’eau, de simples et enfin, des anges et du diable. Autant de petits tableaux complets, cohérents et délicats dans lesquels, à chaque fois, il est possible de faire une pause.

Enfin, on retrouve l’allée principale traversée alors qu’on se rendait dans le jardin des senteurs… Une sublime masure normande y trône, entourée d’une profusion de verdure. Un véritable tableau.

Dernier tableau avant la collation salvatrice, le jardin rouge et ses Aeonium Arboreum Schwarzkopf, plantes hallucinantes que je ne connaissais pas et que je verrais bien à la maison… Jugez plutôt !

Le parcours est terminé, la balade avec. J’aurais bien parcouru le circuit de nouveau mais l’appel de la crêpe fut trop fort. Celui du cocktail au poiré aussi… et puis il y avait une autre balade à faire. Quoiqu’il en soit, si vous passez du côté de Cambremer, n’hésitez pas à vous arrêter, ces Jardins du Pays d’Auge méritent bien leur appellation Jardin Remarquable.