Charente-Maritime – visite du Château de la Roche Courbon

Une fois n’est pas coutume, me voilà à vous conter le programme de mes derniers weekends sans aucune cohérence historique. J’écris d’ordinaire de façon chronologique mais j’ai accumulé un tel retard que j’ai décidé d’écrire dans le sens qui me vient le plus facilement… Cette fois-ci, ce weekend – celui de la Pentecôte – fut particulièrement calme et reposant, avec comme ambition certes de découvrir la région qui m’accueillait mais aussi le besoin de m’y (re)poser.

Alors voilà, trois jours, trois ambiances et autant de balades tranquilles, de lieux variés et accueillants, qui m’ont rappelé à quel point le département de la Charente-Maritime est riche et pluriel. Je n’y avais pas mis les pieds depuis un bail, les planètes n’étant pas alignées ces dernières années, le mal est désormais réparé.

Je commence par le château de la Roche Courbon, situé à quelques encablures de la ville de Saintes. Construit en tant que forteresse au XVème siècle, il devient rapidement inutile avec la fin quasiment synchrone de la guerre de Cent ans. Il faut ensuite attendre le XVIIème siècle pour qu’il soit remanié de fond en comble, perdant nombre de ses tours et prenant la forme qu’on lui connaît aujourd’hui.

Le site est remarquable, avec ses jolis pavillons qui accueillent les visiteurs. Il est possible en entrant à gauche de filer en pleine forêt, vers des grottes qui abritaient l’Homme durant la Préhistoire. Je n’ai pour ma part pas eu le temps d’aller profiter de ce parcours aménagé et je suis parti en attendant la visite faire le tour du jardin.

Conçu comme un jardin à la française et restauré en ce sens par Paul Chénereau lors de son acquisition en 1920. Industriel remarquable, l’homme engloutira une belle partie de sa fortune pour faire revivre le château et ses jardins. On admire l’ancien donjon, on dépasse les parterres fleuris tout en symétrie, on dépasse moulin et ferme pour rejoindre le belvédère.

De là, la vue est remarquable, le château est comme un écrin dominant le plan d’eau conquis sur les marais. Car c’est aussi ça, la Roche Courbon : une forteresse bâtie sur le roc mais entourée d’eau. Une partie du jardin à la française est ainsi plantée sur pilotis ! Des fûts massifs de plusieurs mètres de long ont été enfoncés dans le marais jusqu’au roc afin de supporter la promenade que l’on voit sur la droite, quand on est sur le balcon du château.

Remarquable travail de contournement de la nature qui assure la symétrie si chère au jardin français. Le petit tour s’achève sur cette note car je suis attendu pour la visite guidée, qui vaut d’être payée car si les jardins sont superbes, l’intérieur n’est pas en reste avec un mobilier choisi avec goût même s’il n’est pas d’origine. Toutes les pièces sont à dire vrai agréables à défaut d’être remarquables, avec à chaque fois une belle curiosité ou une pièce notable.

Le château fut fermé de longues années et préservé jusqu’à l’appel au secours de Pierre Loti en 1920 – il était amoureux de la forêt et de son château et venait passer ses étés à les parcourir avec sa soeur. Si les intérieurs sont ainsi très bien conservés avec quelques fresques murales sauvées du désastre, il y a aussi et surtout un remarquable cabinet tout en bois peints. Il date de 1662 et est tout à fait « dans son jus ». Point de photo malheureusement… mais foncez, cela en vaut très largement la peine !

En bref : le château de la Roche Courbon est une petite merveille, tant d’un point de vue architectural que paysager, sans oublier un intérieur superbe et une histoire tourmentée, complexe, passionnée, depuis Chénereau jusqu’aux propriétaires actuels, les Sébert-Badois, qui en prennent grand soin et le font vivre avec intelligence.