Yonne – autour de Colette à Saint-Sauveur-en-Puisaye

Après avoir découvert Vézelay, l’envie était grande de continuer la visite du département de l’Yonne, si proche de Paris et pourtant seulement traversé jusqu’alors ! Ce nouveau weekend commence à Saint-Sauveur-en-Puisaye, petit village surmonté d’un bien joli château et d’une tour sarrasine, l’un datant du XVIIème et l’autre, du XIème. Les rues sont charmantes, le village semble quelque peu endormi mais à dire vrai, on est surtout là pour Colette. Je commence ce tour mémoriel et culturel par le musée Colette, qui se situe tout simplement dans le château du village, accolé à la tour sarrasine.

Le château, appartenant à l’origine à un homme ayant échoué aux élections locales, a vu sa propriété éclatée entre de nombreuses villes entourant Saint-Sauveur-en-Puisaye ! Une drôle de vengeance qui a finalement pris fin au travers de la constitution de ce musée, voulu par la fille de Colette et supporté par la famille de Jouvenel, héritière de l’autrice. On découvre donc une part de la vie de Sidonie-Gabrielle Colette dans ce musée, où elle semble être présente dans chaque pièce. Au premier étage, une exposition temporaire faisant le lien entre Colette et la musique, qui ne cessera de l’accompagner. Ensuite, une incroyable multitude de portraits retrace la vie tourmentée et complexe de cette femme exceptionnelle et les multiples époques qu’elle a traversées. Son enfance, son premier mariage avec Willy, le music-hall, son second mariage avec le père de Bel-Gazou, son ultime mariage et enfin ses dernières années au Palais-Royal.

C’est d’ailleurs cette ultime partie de sa vie que l’on découvre ensuite, avec la reconstitution suite à donation des meubles du salon de son appartement au Palais-Royal, sa collection de drôle de petits jardins figés en verre ou celle de papillons avant de pénétrer, assez étrangement à dire vrai, dans sa chambre où, alitée pendant ses derniers temps, elle continua d’écrire, jusqu’au bout. Un enregistrement audio de Colette résonne dans la salle, grave, provocateur aussi, joyeux aussi. Emouvant. Au second étage, il ne faut pas manquer le film qui retrace une partie de l’histoire de Colette mais aussi et surtout la collection d’échanges postaux entre Colette et Colette de Jouvenel, sa fille. Emouvant, là-aussi.

Après cette première visite, je me promène un temps dans les rues de Saint-Sauveur-en-Puisaye, arpentant les rues que Colette et surtout Sido et le Capitaine ont eux-même arpentées. J’attends l’ouverture la Maison de Colette, une autre « maison des illustres » rachetée par une association privée, restaurée dans d’exquis détails et ouverte à des visites guidées (la mienne, quasiment privée, fut d’une immense qualité !). La visite commence dans le petit jardin appartenant à la maison, en face de sa grande façade bourgeoise. On y apprend la vie de Sido, avant le Capitaine ; l’arrivée de celui-ci, les amours cachés qui ne sont plus ensuite, la détestation du village qui perdura longtemps et perdure semble-t-il encore !

La visite de la maison est passionnante, tant pour la qualité des restaurations visant une fidélité maximale aux écrits de Colette que pour les différentes pièces de mobilier qui ont été retrouvées, données ou rachetées ici et là. La maison, vendue, fut dépouillée par de nombreux habitants, lors d’une vente aux enchères publique. Certains objets, retrouvés plusieurs dizaines d’années plus tard, étaient encore emballés… Hors de question de les utiliser, il fallait seulement humilier Sido et Jules Colette et leurs enfants. La petitesse humaine, la logique de village, comme souvent, rejaillit aussi sur les illustres. Colette aurait-elle été ce qu’elle fut sans cette enfance à la fois privilégiée (les Colette vivaient grand train et avaient une belle maison) et recluse (le village les haïssait) ?

Cette visite, qui dure pas loin d’une heure, était en tout cas un pur régal et c’est à dire vrai le parfait complément du musée Colette qui, lui, n’aborde pas tant que ça les détails de la vie et des origines de Colette. On comprend en tout cas beaucoup mieux certaines des photos vues ici et là au musée, qui ne s’en retrouve que plus intéressant à posteriori. Je n’imagine pas vous conseiller autre chose que de visiter ces deux droits endroits dédiés à une personne, que dis-je, une famille exceptionnelle.

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