Yonne – visite du Château de Saint-Fargeau

Né rendez-vous de chasse fortifié au Xème siècle, le château de Saint-Fargeau n’a cessé de grandir, de changer et de voir son histoire tourmentée par les âges. Devenu château fort pentagonal, il change de mains pour appartenir rapidement au fameux Jacques Coeur avant de se transformer au XVème en ce qu’il est aujourd’hui : une forteresse de brique, flanquée de tours massives aux charpentes incroyables. Il accueillera ensuite la Grande Mademoiselle au XVIIème siècle, en tant que château d’exil qu’elle transformera ensuite encore plus : toitures, lanternons, grand escalier magistral, accès au jardin… Après avoir brûlé une fois, puis deux, après avoir été la maison du « premier martyr de la liberté », Louis-Michel Lepeltier de Saint-Fargeau, le château appartient désormais à Michel Guyot, qui en a entrepris la maintenance mais aussi et surtout la restauration et l’animation.

Le château de Saint-Fargeau est en effet bien connu pour ses multiples formes de visites possibles : visite aux chandelles, ferme du château, gigantesque spectacle son et lumière ou encore diverses animations et promenades commentées sont possibles, selon la saison. Pour ma part, je choisis une visite libre, dépliant en mains et parcours plus ou moins bien fléché sous les yeux. C’est d’ailleurs bien le problème de cette visite, trop peu guidée dans un château qui, il faut bien le dire, est absolument immense !

Après avoir admiré la cour et gravi l’immense escalier du château, difficile de savoir s’il faut partir à gauche, à droite ou en haut ! Je commence à gauche avec une série de salles reconstituant les dernières heures de vie du fameux premier martyr, assassiné par un royaliste pour avoir voté la mort du roi Louis XVI. Les salles sont bien documentées mais les panneaux sont assez peu visibles et lisibles et c’est bien dommage. On découvre ensuite les anciennes cuisines, quelques vues sur le château ou encore la drôle de cour située dans l’une des tours à la charpente en ovale. L’ensemble est vraiment intéressant mais manque de lisibilité.

Retour au niveau de l’entrée de l’escalier pour admirer la délicate chapelle mais surtout passer à la suite de la visite avec les zones les plus habitées et habitables du château de Saint-Fargeau : les appartements meublés. La bibliothèque, tout en longueur, est superbe. Plus de 2000 volumes se laissent admirer dans les armoires grillagées avant que je ne puisse observer de loin la salle à manger, située dans l’une des tours, dont on voit par conséquent très bien l’épaisseur démentielle. Le Grand Salon qui s’ensuit est une joyeux bric à brac de mobilier divers et varié. Portraits variés, belle table ronde, piano Erard, tout est un peu entassé et difficile à observer. Tout ce mobilier et ces appartements datent du XIXème siècle, date de leur dernière restauration. On ressort du côté du hall de chasse avant de rebrousser chemin pour retrouver l’immense grand hall où une petite pancarte invite à monter dans les étages.

L’un des joyaux de Saint-Fargeau est en effet bien en hauteur, à la fois parfaitement visible et invisible : il s’agit de ses toitures et par conséquent de ses charpentes ! Après avoir grimpé dans ce qui semble être un ancien escalier de service, on fait tout simplement le tour complet du château sous les toits ! Il fait forcément assez sombre et un joli nombre de panneaux ont été installés à chaque point d’intérêt, expliquant tantôt les techniques utilisées, tantôt les formes bien spécifiques des charpentes, comme celles entremêlées des tours d’entrée, penchées l’une vers l’autre. Un incroyable tour de château, à dire vrai, que l’on conclut en descendant d’un étage pour admirer l’immense collection de jouets rassemblée dans une salle haute.

Ce n’est pas fini avec les escaliers puisque je dépasse une nouvelle fois la chapelle pour emprunter l’escalier monumental aperçu plus tôt alors que je rejoignais les premières salles. Un discret panneau invite en effet à rejoindre la « chambre d’hiver de la princesse », ni plus ni moins que la chambre de la Grande Mademoiselle, Mlle de Montpensier reconstituée ces dernières années grâce à une campagne de financement.

Il ne reste alors plus qu’à profiter des extérieurs du château, afin de continuer d’en admirer la drôle de forme pentagonale, les splendides tours et l’incroyable couleur brique surplombée des immenses lanternons ! Saint-Fargeau est un drôle de château dont la visite m’a laissé à la fois satisfait, le lieu étant incroyable et frustré, la qualité de la visite pouvant être très largement améliorée quand on regarde ce qu’il peut se faire en terme de muséographie dans d’autres châteaux, privés ou publics.