Côte d’Or – visite du Château de Bussy-Rabutin

Difficile de passer après le château de Commarin et pourtant, le comte de Bussy-Rabutin s’en sort avec brio ! Il faut dire que le château de Bussy-Rabutin, ancienne maison forte joliment ceinturée de douves en eau, est un élégant ouvrage que l’on découvre petit à petit après avoir pénétré dans son enceinte. Les jolis communs avec le beau colombier introduisent le domaine, alors qu’apparaît la première aile du château avec une tour ronde en son bout. En progressant vers l’entrée du château, on découvre ensuite la cour d’honneur, ouverte au XVIème suite à l’abattement du quatrième mur de la maison forte. De belles galeries sont visibles de part et d’autre de la cour qui a continué d’évoluer jusqu’au milieu du XVIIème siècle, dates auxquelles le comte de Bussy-Rabutin était présent en sa demeure, exilé de la cour.

C’est l’intérieur du château, exceptionnel, qui raconte le mieux Bussy-Rabutin. Cousin de Mme de Sévigné, le fameux Roger de Rabutin était vraisemblablement ce qu’on appelle un « homme à femmes ». Je ne sais pas trop ce que cela pourrait signifier aujourd’hui mais toujours est-il qu’à l’époque, ayant plume et langue bien pendue, il écrivit une « Histoire amoureuse des Gaules » qui dévoilait les aventures galantes de la Cour du Roi de France. Louis XIV, quelque peu agacé, l’embastilla puis l’exila pendant 16 ans en son château… où il passa son temps à décorer la demeure familiale.

C’est ce témoignage cinglant, aigri, frustré mais aussi délicieux que l’on découvre dans les multiples pièces, toutes plus incroyables les unes que les autres. Le comte de Bussy-Rabutin était un homme du monde, il connaissait la cour mais aussi les diplomates étrangers et toutes celles et ceux comptant pour le monde à cet époque. Il voyageait également beaucoup et avait donc bonne connaissance de tous les châteaux et villes d’importance. On découvre d’abord la salle des Devises qui en plus de présenter le maître de la maison, représente dix-huit édifices, avec des devises adaptées par Bussy-Rabutin à sa condition de courtisan exilé. Avec quelques explications de texte, c’est tout à fait savoureux.

A l’étage, on découvre une belle antichambre et la salle des Hommes de guerre, à savoir 65 portraits de personnalités militaires d’importance choisies par le patron, y compris lui-même… ! On notera l’entrelacement des monogrammes du comte et de sa maîtresse, la marquise de Montglas avant de pénétrer dans la chambre de Bussy. Joli mobilier du XIXème siècle et portraits aux murs. Le cabinet de la Tour Dorée, inspirée de l’ancien salon des Dames de Versailles, est le clou du spectacle. Des portraits, envoyés par ses amies, de « belles dames de la cour » sont exposés là mais ce n’est pas tout : Bussy-Rabutin a rajouté un commentaire tantôt caustique, tantôt affectueux en dessous de chacun d’entre eux !

Enfin, la galerie des Rois (l’autre, tout comme les cuisines, n’était pas accessible à cause de travaux en cours) présente un ensemble de portraits royaux et familiaux retraçant la famille Rabutin d’un côté et les rois de France de l’autre, débouchant sur la tribune et l’oratoire surplombant la sobre et délicate chapelle. Quelle merveille que ce château, vous dis-je ! Il reste enfin à déambuler dans le très beau domaine où l’on découvre un labyrinthe, un grand bassin en contrebas des douves et un très beau parterre classique au nord. Exquis, avec les douves et la présence massive du château encore « fort » derrière. Difficile de trancher entre Commarin et Bussy-Rabutin… mais je crois bien que ce dernier, de part son histoire singulière et son personnage haut en couleurs, finit par l’emporter !