Côte d’Or – visite de l’Abbaye de Fontenay

Il est des endroits dont on se demande par quel miracle ils sont encore là, quasiment intacts, dans un état de conservation absolument remarquable. L’abbaye de Fontenay, fondée en 1118 par saint Bernard, est de ces lieux. Avec Cîteaux, il s’agit d’une des plus anciennes abbayes cisterciennes, l’ordre lui-même ayant été fondé quelques décennies plus tôt, en 1098. Près de 1000 ans plus tard, les bâtiments sont toujours là, après avoir traversé leurs époques, de l’apogée jusqu’au XVème au déclin à compter du XVIème pour enfin survivre à la Révolution. Après cela, elle servit de papeterie, sous l’égide de la famille de Montgolfier ; pour enfin renaître de ses cendres et être restaurée, à partir de 1906, par Edouard Aynard. Elle est toujours dans la famille mais elle a depuis acquis un statut important, celui de patrimoine mondial de l’Unesco.

Lorsqu’on pénètre dans l’enceinte de l’abbaye de Fontenay, par la porterie, on découvre une immense esplanade au delà de laquelle trônent d’immenses bâtiments, tous plus imposants les uns que les autres. Tous ne se visitent pas mais tous s’admirent, à commencer par le pigeonnier et le chenil, que l’on longe pour rejoindre le départ de la visite à proprement parler. Son mur fait plus d’un mètre d’épaisseur et sa construction remonte au XIIIème siècle. Le premier bâtiment dans lequel on pénètre n’est autre que l’église abbatiale, consacrée en 1147 par le pape Eugène III. Sa façade et son intérieur sont dépouillés et ses dimensions sont impressionnantes, avec 66 mètres de longueur et quasiment 17 de hauteur. Le sanctuaire accueille diverses pierres tombales et un ancien retable, superbe bien qu’abîmé. Accessible depuis l’intérieur de l’église abbatiale, on monte ensuite dans le dortoir, avec sa charpente en chêne datant du XVème.

La vue sur le cloître est déjà bien appréciable, avant d’y descendre. On note à gauche de l’entrée du cloître l’emplacement de l’armoire où étaient rangés les livres. Le cloître a des dimensions assez monumentales également, quasiment 40 mètres de côté. Il est sobre, comme l’église, avec des motifs végétaux pour les chapiteaux. Le pavage est impressionnant, tout comme la double sortie de cheminées du chaufour, une petite pièce attenante où l’on découvre deux immenses cheminées et une petite porte qui menait au dortoir et servait à canaliser la chaleur ! La salle capitulaire et la salle des moines sont assez dénudées mais parfaitement restaurées, avec de superbes arches et voûtes.

On sort du corps principal de l’abbaye de Fontenay pour rejoindre l’ancien jardin des simples que borde l’infirmerie, construction plus récente. Le jardin est simple et offre de belles vues sur le dortoir et l’église abbatiale, tandis que le regard se tourne vers un autre grand bâtiment, partiellement masqué par les arbres : la forge. Immense, le bâtiment date du XIIème et bénéficie d’une dérivation de la rivière de Fontenay pour actionner ses martinets ! Les dimensions de la forge sont tout à fait impressionnante et la restauration, là-aussi, est superbe. Malheureusement, le reste des bâtiments, à savoir la jolie petite enfermerie, la galerie Seguin et le logement des abbés commendataires n’est pas ouvert à la visite.

La visite se termine en déambulant dans le parc, en admirant encore et encore la splendeur de ces bâtiments incroyables et en imaginant la vie de cette communauté à son apogée. L’abbaye de Fontenay est un endroit que l’on quitte à regrets, en hésitant à refaire un tour complet du lieu avant de sortir par la chapelle des étrangers et la boulangerie attenante. Je pourrais volontiers revenir, encore et encore, pour me reposer un peu ici, comme l’évêque Ebrard de Norwich qui vint trouver la paix après les persécutions anglaises.