Loir-et-Cher – visite du Château de Cheverny

Après le Morvan où j’aurais finalement passé peu de temps, préférant me perdre en Auxois, direction la Sologne… ! Cette fois-ci, je compte bel et bien rester dans la région choisie pour le weekend et pour bien commencer, j’ai sélectionné l’un des plus célèbres châteaux de la région : Cheverny. Le petit village éponyme entour le domaine, qui inspira ni plus ni moins que Moulinsart, vous savez, Tintin… ? Depuis 600 ans et donc bien avant l’avènement de la BD belge, la famille Hurault possède ce domaine seigneurial et fut d’ailleurs l’une des premières à ouvrir un tel édifice au public, en 1922. Marquis et marquise de Vibraye habitent toujours ici, dans l’aile droite du château que l’on aborde avec une certaine humilité tant la façade, éclatante, en impose.

Les intérieurs sont du même acabit, tous plus superbes les uns que les autres. J’ai visité le château à l’époque de Pâques et une décoration temporaire envahissait toutes les salles. J’imagine qu’il en va de même à chaque saison et pour être clair : je trouve que c’est du gâchis. Le château est splendide en tant que tel, il se suffit à lui-même et ne devrait pas être dévoyé de la sorte. Les multiples lapins et autres figurines de Pâques présentes dans toutes les salles détournent le visiteur des réels trésors du château. S’il s’agit d’occuper les bambins, ce n’est même pas réussi car une fois la première ou la seconde salle passée, ils se désintéressent de l’ensemble alors que les adultes concernés voient leur champ de vision pollué par d’horribles décorations et figurines.

Il y a pourtant tant à admirer à Cheverny : la salle à manger avec ses splendides panneaux de bois traitant de Don Quichotte, son mobilier luxueux en chêne massif, sa cheminée incroyable ou encore les chenets. L’escalier d’honneur est également admirable, tandis qu’on finit par pénétrer dans les différentes pièces des appartements privés. Chambre des naissances, jolie petite pièce dite du Boudoir Rouge, chambre d’enfant aux superbes chevaux de bois ou encore salle à manger familiale et ses moules en cuivre, superbes. La grande salle d’armes en impose tout autant, avec sa tapisserie encore resplendissante de couleurs et ses multiples mobiliers remarquables.

La chambre du Roi finit de planter les banderilles dans l’extase du visiteur, qui n’en demandait pas tant. Ors et ombres prédominent dans cette pièce immense, destinée à l’illustre visiteur et aux hôtes de marque. Le plafond à caissons mériterait qu’on y passe une heure à détailler chacun d’entre eux, tandis que les lambris et tapisseries complètement l’ensemble, monumental. La petite chapelle carrée semble modeste en comparaison, tout en affichant une superbe élégance. Il reste pourtant des pièces pour s’ébaudir, avec notamment le superbe Grand Salon et sa harpe en parfait état, en compagnie de rares portraits. Une bibliothèque superbe plus loin, on découvre le salon des tapisseries pour finalement ressortir du château, la vue tout à fait saturée d’un ensemble de merveilles. Ah, s’il n’y avait pas eu tous ces lapins !!!

Les extérieurs du château de Cheverny sont tout aussi intéressant, bien qu’également peuplés d’une décoration de saison, décidément pénible pour moi. La façade nord est superbe, dans un style Louis XIII, donnant sur le joli jardin des apprentis, puis l’orangerie. On déambule ensuite dans le parc, passant sous des arbres absolument remarquables et faisant le tour du lac menant au jardin de l’amour, orné de monumentales sculptures s’intégrant parfaitement dans le paysage.  Il reste ensuite à découvrir le chenil, impressionnant, avec sa centaine de français tricolores, paisibles et portant le V de Vibraye. L’ancêtre des propriétaires, fin diplomate, réussit à sauver la famille et… c’est tant mieux quand on voit à quel point ce patrimoine est accessible, vivant et splendide. Reste à évacuer la tentation de le noyer dans une décoration pesante qui nuit finalement à sa qualité.