Prise en main – Citroën C4 Cactus et nouvelle Citroën C1

Depuis sa révélation il y a quelques mois, j’attendais avec une impatience non négligeable de prendre en main le nouveau Citroën C4 Cactus et le déplacement à Amsterdam de ce weekend m’en a justement fourni l’occasion, en compagnie de la nouvelle Citroën C1, version chevronnée du nouveau trio de citadines développé par Toyota. Pourquoi Amsterdam alors que ces essais auraient pu se dérouler n’importe où ailleurs me direz-vous ? La marque répond simplement que cette ville est en quelque sorte la synthèse du nouvel axe de positionnement produit en cours et à venir : du design, de la créativité et un certain respect de l’environnement. Car oui, Citroën et DS sont désormais deux marques bien séparées et si le travail de séparation / mise en place n’est pas encore totalement achevé, tout le monde agit comme tel. Si 50 millions de Citroën ont été fabriquées depuis la naissance de la marque, cela inclut encore bien les 500.000 DS produites depuis la sortie de DS3 mais les petites nouvelles devront faire leur bout de chemin avec leur identité propre et les objectifs de Citroën sont ambitieux les concernant.

Il faut avant de parler de cette prise en main des véhicules rappeler que Citroën semble vouloir revenir à ses origines de créativité et de réponses aux problématiques actuelles qui ont fait son histoire et ses succès. Pour cela, il va falloir oublier le passé récent où elle n’était parfois plus que l’ombre d’elle-même. Le rachat par Peugeot commence à dater mais les stigmates de l’écrasement sont effectivement restés présents bien longtemps, la marque ne pouvant s’exprimer pleinement que ce soit du côté original ou du côté premium. Les changements de gouvernance récents devraient aller dans le bon sens et une leçon essentielle (et évidente…) semble avoir été retenue : il faut que Citroën et Peugeot cessent de phagocyter leurs ventes au nom de l’uniformisation des plateformes et des silhouettes. Bien évidemment, la base technique est, restera et devra rester la même pour une raison évidente de coûts mais l’identité de chacun des véhicules et des marques devra être forte et unique. C’est une profession de foi et Citroën semble prendre les choses à cœur en présentant, après un C4 Picasso à la croisée des chemins, ces deux nouveaux modèles à l’identité forte : Citroën C4 Cactus et Citroën C1. La preuve en vidéo avec le film de lancement de Cactus, que j’avais totalement zappé !

https://www.youtube.com/watch?v=xe-GPiCb4O0

Commençons par Citroën C1, sur laquelle je ne vais pas forcément m’éterniser car n’ayant à l’origine pas prévu de l’essayer pendant cette journée d’essais. La tentation de faire un tour à son bord fut finalement la plus grande et je dois dire que je ne suis pas déçu de ce changement de programme. Là où l’ancienne génération, pourtant forte de 780.000 ventes, péchait par son style très consensuel et commun à ses deux sœurs jumelles, cette nouvelle C1 se distingue désormais par son regard unique et certaines libertés quant aux couleurs disponibles. Impossible de la confondre avec les deux autres puisque la voiture reprend certains des nouveaux codes de la marque. Regard double, face avant à la fois joviale et technique et chevrons bien visibles au centre du capot, la petiote a vraiment une belle bouille en ce qui me concerne. En revanche, ce design est clivant et saura à la fois conquérir ou repousser les potentiels clients. Il en va de même pour C4 Picasso et plus encore pour C4 Cactus. Il est terminé, le temps des Citroën fades comme la pluie et c’est tant mieux. La voiture est disponible en 3 ou 5 portes et pourra se voir dotée de Airscape, à savoir le toit ouvrant en toile. En clair : 3 portes + Airscape, vous avez une tueuse d’Opel Adam et c’est mignon à souhait avec le hayon de coffre intégralement en verre noir.

essai-nouvelle-citroen-c1-1

A l’intérieur, le constat est un peu plus triste. La chasse au coût fait un peu de mal aux plastiques noirs, dignes d’une voiture des années 80. Le prix demandé pour cette C1 ne saurait offrir mieux et il faudra par conséquent faire avec. En revanche, certains éléments et équipement sont dignes d’une voiture plus haut de gamme et c’est finalement là tout l’intérêt de la C1. Voiture jolie, voiture fonctionnelle et épurée certes, mais voiture bien équipée. On commence par les sièges, dotés d’un vrai confort et d’un très bon maintien ! Une bien agréable surprise pendant cet essai le long des canaux d’Amsterdam, de ses multiples dos d’ânes et franchissements de ligne de tram. Sous le soleil, le toit ouvert (800 x 760 mm d’ouverture) et sur un filet de gaz, c’est un régal. La direction est bien assistée sans être molle, tout comme la boîte, très correcte. En revanche, la jante du volant fait peine à voir même si elle est agréable à tenir : retour aux années 80 là aussi ! Dommage, cela aurait mérité mieux et surtout cela aurait permis d’adoucir la perception du reste des plastiques. Pour ce qui est du positif, on note donc la belle dotation en équipements : sièges chauffants, climatisation automatique, six airbags, capteur de sous-gonflage pneus, hill assist, indicateur de changement de rapport, feux automatiques, caméra de recul (!), régulateur de vitesse ou encore le fameux écran 7 » tactile Mirror Screen (AppinCar côté iPhone, MirrorLink pour les autres) capable de dupliquer l’écran et les applications principales de votre smartphone branché en USB ! Cette dernière fonction, malgré un certain manque de réactivité de l’écran (résistif et non pas capacitif – le coût une fois de plus) et quelques soucis de connexion du smartphone au début de l’essai, m’a bluffé par sa facilité d’utilisation (tout dépendra bien sûr des applications à venir et des développeurs !) et l’aspect sécurisant de la chose puisque c’est bien votre smartphone qui est dupliqué, sans passer par un kit Androïd ou iOS. Ce constat est d’autant plus valable que nous parlons ici d’une C1… ! Pour le reste, on peut bien évidemment streamer de l’audio en Bluetooth ou en USB,

 nouvelle-citroen-c1-press-14 essai-nouvelle-citroen-c1-20 essai-nouvelle-citroen-c1-21 essai-nouvelle-citroen-c1-23

nouvelle-citroen-c1-press-13

Du côté de la conduite, toute une batterie d’optimisations techniques ont été mises en place pour cette nouvelle trilogie. Nouvelle traverse, suspension et trains roulants revus, système de freinage remis au niveau (247×20 mm à l’avant, tambour 200 mm à l’arrière) pour un dynamisme augmenté sans trop prendre de poids. La nouvelle C1 commence ainsi à 840 kg, un joli score. Le poids passe à 865 kg à vide avec le moteur de notre essai, le PureTech 82, soit une petite tonne avec un conducteur et les 16 kg de plus liés au système Airscape. Les performances associées : 10.9s au 0-100, une vitesse maximale 170 km/h et une conso 4.3 l/100 km en mixte. Chiffres, chiffres, mais peut-on vraiment prendre la ville du bon côté avec cette C1 ?

La réponse est très globalement oui après ces quelques heures d’essai à son bord, dans les rues d’Amsterdam tout d’abord, puis sur les petites routes menant à Marken. Confortable, très agréable d’un point de vue direction et amortissement, Citroën C1 se faufile dans les rues pavées sans encombre. La boîte m’a semblé bien étagée mais c’est finalement le moteur, avec le poids plume, qui s’avère bien agréable et plein d’agrément. La plage des bas régimes est bien remplie et la sonorité si typique des 3 cylindres est plutôt agréable. En revanche, à haut régime, il s’avère creux et il ne sert définitivement à rien d’aller chercher le rupteur pour trouver la puissance. Côté freinage, rien à redire sur l’efficacité mais la course pédale m’a paru très longue avant de récupérer un bon toucher de pédale. Dommage car si je n’attends pas un mordant énorme dès les premiers millimètres de course, j’aurais préféré quelque chose d’un peu plus punchy et en ligne avec l’agrément moteur. Sur autoroute et petites routes, les mises en vitesse sont honorables et les vitesses limites sont atteintes sans encombre. Citroën C1 n’est pas un veau et se montre également agréable dans les quelques enchaînements de virages trouvés dans le plat pays ! Ce n’est pas une sportive mais la prise de roulis est correcte tandis que le comportement dans les enchaînements est sécurisant et les sièges offrent un très bon maintien comme je l’évoquais auparavant. Côté toit ouvrant, il faudra songer à le fermer au delà de 70/80 km/h, les remous et le bruit s’avérant pénalisants. A plus basse vitesse, c’est un régal. En clair et en synthèse : une bonne petite voiture qui ne souffre d’aucun défaut majeur ou rédhibitoire en terme d’agrément de conduite !

essai-nouvelle-citroen-c1-18

En conclusion de cette prise en main de Citroën C1, on peut clairement dire que cette nouvelle mouture est une réussite et n’est plus seulement une première petite voiture dénuée de charme et d’équipements ayant comme seul objectif le budget. Avec des tarifs allant de 9950€ à 15400€ et un niveau d’équipement global très bon, C1 se dévoile comme une très bonne synthèse confort / conduite / vie quotidienne sur ce segment des petites citadines polyvalentes.

essai-citroen-c4-cactus-53

Passons maintenant au Citroën C4 Cactus, celui pour lequel je me suis déplacé en priorité ! J’ai déjà dit beaucoup de choses au sujet de son design extérieur, aussi vais-je me contenter de répéter ce que je pense à titre strictement personnel : cette voiture est une réussite d’un strict point de vue design pratique / jeu de surfaces et de textures. Si certains assemblages couleur carrosserie / couleur bumpers ne sont pas particulièrement géniaux, d’autres sont à couper le souffle, comme ce jaune / noir ou le blanc / chocolat. Pour ce qui est de la livrée rouge et noire, c’est un peu plus compliqué mais cela change. On a enfin, en 2014, une voiture du segment B/C qui ne ressemble pas à n’importe quelle autre voiture. En clair : le C4 Cactus n’est pas une Volkswagen sans âme et son design clivant ne tolérera pas la demie-mesure : on aimera ou on détestera. Pendant cet essai aux Pays-Bas, j’ai vu plus de sourires que de grimaces, un premier bon indicateur qui j’espère pour Citroën se verra au niveau des ventes au global. Vous l’aurez compris : je suis d’ores et déjà conquis par son look global. Le double regard, le bloc noir à l’arrière avec le double chevron stylisé, les mêmes chevrons à l’avant (d’ailleurs, ça manque de cohérence de gamme entre C1 / C4 Cactus et C4 Picasso !!!), les jolies roues ou les multiples Airbumps sont une réussite à mes yeux. Pas de demie-mesure : j’achèterais ce véhicule simplement pour son design extérieur si d’aventure je cherchais à acheter sur ce segment / type de véhicule.

essai-citroen-c4-cactus-10 essai-citroen-c4-cactus-8 essai-citroen-c4-cactus-19 essai-citroen-c4-cactus-11

essai-citroen-c4-cactus-2

Quid de l’intérieur me direz-vous ? Il est un peu plus schizophrénique, osant autant que l’extérieur tout en devant évidemment composer avec la logique réduction des coûts. On retrouve ainsi nombre de composants standards PSA mais aussi un grand principe du Cactus : une vraie recherche de la simplicité. Cela passe par quelques innovations et fonctionnalités disponibles : les essuie-glace MagicWash avec buses intégrées au balai, de tous nouveaux sièges à l’excellent maintien, une caméra de recul, le park assist, le hill assist, deux écrans en guise de compteur et de système infotainment, celui-ci étant bien évidemment tactile et il n’y quasiment plus aucun bouton au centre de l’habitacle. Ce n’est pas tout : l’airbag passager est intégré au ciel de toit et on récupère une vraie boîte à gant, spacieuse, sur le tableau de bord. Typée bagagerie, elle se marie bien avec le reste de la planche de bord, très épurée et avec les poignées de porte. Le volant est quant à lui excellent : jante fine, bon toucher des coutures du cuir ; seuls les boutons en vilain plastique gâchent un peu le tableau. Dommage. Toutefois, au global, j’ai été séduit par cet habitacle qui s’avère agréable à vivre. Seuls petits défauts repérés au cours de ces quelques kilomètres : l’iPhone branché en USB, Spotify lancé, l’écran se met en mode iPod et s’il détecte bien la musique, il n’en affiche pas les informations. Autre chose : pas de compte-tour sur l’écran principal situé sous ses yeux ! Ce n’est certes pas l’intérêt de cette voiture mais un affichage type C1 aurait été un plus. Pour le reste, c’est plus qu’honnête : super sièges, bon volant, très bon écran tactile, intégration de Coyote en natif (Citroën Multicity Connect avec clé 3G en option) et une belle sensation de confort et d’espace à bord grâce à l’énorme toit vitré. Tout comme sur C1, je cherche encore le truc rédhibitoire à mes yeux, sans succès.

essai-citroen-c4-cactus-15

essai-citroen-c4-cactus-32 essai-citroen-c4-cactus-29 essai-citroen-c4-cactus-30 essai-citroen-c4-cactus-33

essai-citroen-c4-cactus-13 essai-citroen-c4-cactus-16 essai-citroen-c4-cactus-34 essai-citroen-c4-cactus-28

essai-citroen-c4-cactus-31 essai-citroen-c4-cactus-35 essai-citroen-c4-cactus-37 essai-citroen-c4-cactus-40

Passons désormais à la conduite ! Pas loin de 100 km parcourus à bord de ce nouveau C4 Cactus, version EB2DT / PureTech 110, à savoir le petit trois pattes turbocompressé de 110 ch et la boîte méca 5. J’ai sciemment évité la version à boîte automatique, préférant me la réserver pour un prochain essai plus complet, perplexe que je suis la concernant.Cette motorisation m’a véritablement conquis ! Coupleux à bas régime, péchu en moyens régimes, il s’exprime même à l’échappement avec une sonorité plutôt agréable à l’oreille et claque moins que la version atmosphérique équipant la C1. La boîte 5, standard PSA, m’a semblé meilleure que sur 208 ou ailleurs. Les verrouillages ont-ils été revus ? J’ai un doute car je n’ai pas retrouvé le côté ultra flottant et imprécis de cette boîte que je n’aime pas d’ordinaire. Un ensemble moteur / boîte / pédalier très agréable par conséquent, le freinage se permettant même d’être mordant avec cette version 266×22 à l’avant et 249×9 à l’arrière (qui sont les dimensions standard de BVH1, au contraire de ce que laisse penser Citroën en parlant des 283×26 et 268×12 de Citroën C4 – cf. paragraphe ci-dessous !).

  essai-citroen-c4-cactus-42

Le bilan confort est également bon, grâce à une suspension plutôt douce et des sièges vraiment ergonomiques (issus de EMP2, tiens !). Je me vois volontiers faire beaucoup de kilomètres dans cette voiture ! Même sentiment du côté de la direction qui filtre bien les imperfections de la route. Cette dernière est l’une des très bonnes surprises à mes yeux : précise et plutôt ferme, elle ne remonte pas trop d’informations au volant sans toutefois filtrer totalement ce qu’il se passe côté route. Une bonne synthèse qui va avec le sentiment global de confort et d’espace dans la voiture. Finalement, c’est la suspension, un rien trop souple et sensible au roulis, qui mériterait un peu plus de raideur quand on augmente le rythme. La voiture n’est pas vraiment conçue pour ça, aussi se comporte-t-elle très bien en conduite standard à standard plus !

essai-citroen-c4-cactus-57

Ce n’est pas vraiment une surprise car si Citroën annonce avoir gagné 200 kg par rapport à une C4, ce véhicule est en réalité basé sur une plateforme BVH1 et non pas BVH2 comme C4. Le miracle 200 kg n’a donc rien d’un miracle même si la marque a réellement travaillé sur son bilan masse sur ce véhicule qui reste en dessous de la tonne pour sa première version. Une vraie performance, même avec BVH1, servie notamment par les 25 kg gagnés via les nouveaux sièges, le capot en aluminium, le toit en verre sans occulteur, la suppression des vitres électriques à l’arrière, le MagicWash ou encore la banquette arrière monobloc. Tiens, dit en passant : vous descendez souvent vos vitre arrière vous ? Ou rabattez en 2/3 – 1/3 tous les jours ? Les cris d’orfraie de certains journalistes à ces sujets m’ont fait beaucoup rire quand on se dit que les voitures sont massivement utilisées avec un seul conducteur, éventuellement un passager en sus…

Quant aux Airbumps, je n’ai pas eu l’occasion de les tester mais je crois volontiers Citroën quant à l’annonce de protection de chocs dont la vitesse va jusqu’à 4 km/h. Il faut que l’on trouve un moyen fun de tester ça avec l’équipe du Garage des Blogs !

essai-citroen-c4-cactus-45

essai-citroen-c4-cactus-52 essai-citroen-c4-cactus-61

Conclusion ? Avec une tarification plutôt douce, un véritable caractère extérieur et intérieur, ce C4 Cactus est à mes yeux séduisant. Il représente effectivement le vrai renouveau de Citroën : des parti-pris de design, de technologie et de vie à bord. C’est à mon sens réussi à tous points de vue et si la voiture n’est évidemment pas parfaite, c’est au même titre que C1 une excellente synthèse confort / vie à bord / agrément de conduite qui je l’espère saura véritablement se démarquer en terme de ventes des falots mini SUV sortis ces dernières années, Captur et 2008 en tête, allemands derrière. Citroën se pose de nouveau comme une alternative automobile singulière, tant d’un point de vue design que d’un point de vue technologique. Serait-ce le retour d’un géant de l’ingénierie et des succès commerciaux au travers de cette nouvelle gamme C ? On peut commencer à s’en convaincre et souhaiter que ça dure !